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Come Rain, Come Shine
les avis de Cinemasie
3 critiques: 2.5/5
vos avis
4 critiques: 2.88/5
Je t'aime, moi non plus
J'aime beaucoup ce que fait Yi Yun-ki, et son style posé qui s'attache aux petites choses du quotien qui en disent long sur les personnages. Cette sensibilité m'avait déjà conquis dans Ad-lib Night et My Dear Enemy, qui sont deux films qui semblent ne raconter pas grand-chose, mais qui m'ont parus aussi passionnants que s'ils racontaient des aventures extraordinaires. Les dialogues, et en particulier pour My Dear Enemy, restent pour moi un exemple dans le cadre du cinéma coréen. Si je parle de ces deux autres films, c'est qu'ils trouvent leur origine dans des nouvelles d'une romancière japonaise, Azuko Taira. Même si je n'en ai pas trouvé la confirmation, on peut penser que ce Come Rain, Come Shine s'inscrit dans la continuité des adaptations de cet auteur. Car en effet, il s'agit encore une fois de faire se retrouver, le temps d'une journée, et pour une raison toute rationnelle, des personnes à la relation brisée.
Un couple en rupture décidée ensemble, depuis quelque temps. Mais apparemment assez bien vécue par les deux anciens amants puisqu'ils ont continué à vivre dans la même maison, jusqu'à aujourd'hui. Par une morne journée pluvieuse, elle commence à faire le tour pour emballer ses affaires, ce qui entraine des discussions sur certains souvenirs de leur couple. Voila, c'est tout. Cette situation est d'abord installée par ce très long plan-séquence montrant les deux en train de traverser la ville en voiture, la caméra fixée sur le capot. Je reste encore impressionné par le rythme de cette séquence, et bien sûr l'ambiance que cela installe.
Par la suite, le temps semble bien plus distendu et moins bien géré. Et si, effectivement, on se prend à bailler, on peut au moins reconnaître que ça a le mérite de nous mettre exactement dans le même état flegmatique que les deux protagonistes... La restitution d'une journée aussi décisive dans la vie d'un couple me parait ainsi parfaitement retranscrite, même si peu captivante à l'écran. Le suspense se crée avec des éléments aussi triviaux que la table réservée pour le soir au restaurant, le chat du voisin qui s'est perdu dans la maison, ou encore la forte pluie qui coupe des routes. Les plus beaux moments surviennent lorsque quelques réflexes de leur vie de couple surviennent innocemment, comme lorsqu'ils préparent le repas ensemble, un plat qui est d'ailleurs pas choisi au hasard. Et quand ce sont les voisins qui s'invitent chez eux, c'est carrément de par leurs yeux d'étrangers qu'ils redeviennent, l'espace d'un instant, un couple marié.
Il y a moins de détails à apprécier que dans les précédents films, mais les belles images et l'atmosphère à la fois pesante et faussement anodine m'ont suffi à garder de l'intérêt jusqu'à la toute fin. Je me suis même surpris à regarder la pluie tomber par la fenêtre en même temps que les personnages, comme je le ferais moi-même depuis ma chambre.
J'aurais bien aimé un peu plus de consistance, plus d'éléments à découvrir sur eux, pour comprendre mieux leur situation. Et surtout, peut-être une fin plus marquante. Celle-ci est assez jolie dans sa symbolique, mais pas aussi marquante que celles des deux autres films que j'ai déjà cités, que je garde toujours en tête.
Tout ce qui brille, n'est pas d'or
J'aime beaucoup Yi Yoon-ki, un réalisateur, qui – selon moi – n'a cessé de s'améliorer tout au long de sa carrière, depuis le bancal "This charming girl" découvert il y a quelques années à Deauville (quand j'y allais encore…) jusqu'à l'éblouissant "My dear ennemy", génial plan-séquence d'une journée d'un ancien couple recomposé (malgré lui) le temps d'un jour. Mes attentes furent donc d'autant plus hautes pour son dernier, sélectionné – qui plus est !! – au dernier festival de Berlin, qui présageait que du bon.
Hélas, trois fois hélas, voici le premier vrai faux-pas du réalisateur.
Troisième adaptation d'une courte nouvelle nipponne (après "Ad-Lib" et "My dear ennemy"), le film n'est finalement rien d'autre: une rapide comédie de mœurs, qui aurait parfaitement tenu la route sur une vingtaine de minutes. Soit cinq fois moins, que la durée totale de ce métrage…
Pourtant, ça commençait relativement bien avec un excellent plan-séquence d'une dizaine de minutes de nos deux tourtereaux dans une voiture (ce qui n'est pas sans rappeler "My dear ennemy", justement), entre rires, larmes et grandes tensions. Par-fait.
Puis on passe rapidement au principal lieu d'action du film, une grande maison, à moitié vidée, prise dans une tempête sous d'impressionnantes trempes d'eau. Le couple se défait / s'est défait, le temps est à l'attente (insoutenable) aux souvenirs et aux non-dits. Il ne se passe rien, ou si peu, avec les deux personnages errant de pièce en pièce, emballant et déballant des affaires, se prenant un verre d'eau, se parlant ou se cachant…J'aime certaines attentes cinématographiques pour s'imprégner d'un lieu ou d'une scène, recréer certaines attentes et / ou pauses comme dans la vraie vie, mais trop, c'est trop – et ici c'est carrément au-delà du trop.
Il y a un sympathique rebondissement avec des vrais enjeux et une vraie belle exploration de ce sous-entendu implicite entre les personnages…après plus d'une heure de film, lorsqu'un couple voisin fait irruption dans la pièce. Chimère, qui ne dure guère et qui nous abandonne pour une autre demi-heure d'ennui profond devant la vacuité scénaristique et cinématographique.
On comprend bien l'intention du réalisateur à filmer le réel du plus près, de rechercher à se faufiler dans l'introspection de l'être humain…mais il ne le nourrit pas suffisamment pour passionner autre chose que lui-même (on a l'impression d'assister au dépouillement des rushes du film raté d'un copain vidéaste ou du passage en revue des photos de vacances non triées d'un membre de sa famille), ni ne peut s'appuyer sur un duo de vedettes suffisamment charismatique (Im Su-jeong est passablement mignonne; Hyeon Bin d'une fadeur…) pour se raccrocher à quoi que ce soit.
Bref, on dirait un film qui se voudrait celui d'un auteur, mais beaucoup trop prétentieux et nombriliste dans sa démarche pour captiver – ce qui est d'autant plus choquant de la part d'un VRAI cinéaste, qui avait su éviter ce piège facile depuis ses débuts. En espérant, qu'il s'en soit rendu compte et que cela lui serve de leçon pour affiner ses prochains longs…