Ghost Dog | 2 | Un premier film encore maladroit |
Prix Jean Vigo en 1989, ce premier film franco-chinois très largement auto-biographique signé DAI Sijie aurait pu être plus généreux. C’est en effet le traitement abrupt et sec du sujet (un jeune chinois est envoyé dans un camp de rééducation pour avoir écouté de la musique « réactionnaire » par Mao – les Talibans ne sont pas loin…) qui saute aux yeux dès le départ. La plupart des scènes ont comme un goût d’inachevé : elles s’installent tranquillement en 2 ou 3 plans, puis brusquement Dai Sijie embraye sur la suivante. Ce procédé est particulièrement frappant pour la scène finale où l’on a vraiment l’impression que le générique arrive comme un cheveu sur la soupe. D’autre part, il ne laisse pas vraiment la place à l’attachement du spectateur aux personnages, puisque ce dernier ne suit leurs actions que par bribes.
La situation donnée et l’interprétation qu’en fait le réalisateur avaient pourtant beaucoup d’atouts, car au lieu de critiquer de façon virulente le régime de Mao à travers ce camp, il préfère en rire et montrer son absurdité et son non-sens. Il définit ainsi son personnage principal, sorte d’Harry Potter asiatique, comme un être assez philosophe qui multiplie les mauvaises blagues avec les autres prisonniers et profite donc de la vie qui lui est imposée malgré lui. C’est assez surprenant, mais tout aussi efficace. Les relations entre prisonniers sont bon enfant malgré certaines tâches difficiles (transport de matières fécales dans la montagne...), et même le directeur du camp est à leur écoute.
Nul doute qu’avec un peu plus de lyrisme, l’alchimie aurait fonctionné et cela aurait donné un très beau film. Dai Sijie a semble-t-il retenu la leçon puisque son 3ème film, Tang le Onzième, est bien plus agréable à suivre. On attendra Balzac et la petite tailleuse chinoise fin 2002 pour confirmer ce fléchissement.