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Carnet de notes sur vêtements et villes

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1 critiques: 4.25/5

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Ghost Dog 4.25 Conceptuel
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Conceptuel

Au premier abord, Carnet de notes… ne donne pas spécialement envie qu'on s'y intéresse : un documentaire sur un styliste japonais n'habillant ses modèles que de noir commenté par la voix off monotone et triste d'un Wenders francophone, et on s'imagine 90 minutes plutôt pénibles. On aurait tort : au final, Carnet de notes… s'avère être un des docus les plus passionnants sur le Cinéma, son rôle, sa conception. En effet, Wenders n'est pas spécialement fasciné par le monde de la mode, mais il voit en ce styliste, Yamamoto Yohji, un parfait alter-ego artistique avec lequel il peut échanger des points de vue enrichissants sur la création et l'art. Lorsque Yohji s'étonne qu'on lui demande parfois si ses vêtements ont une nationalité à représenter alors qu'ils ont pour lui une vocation universelle, difficile de ne pas se poser la même question pour un film ; un film possède-t-il une nationalité, au-delà des aspects financiers ? Question intéressante qui semble ne pas pouvoir s'appliquer à ceux de Wenders, tant il a su s'ouvrir au monde à travers son travail. De même, lorsque Wenders s'interroge sur ce qu'est réellement un " auteur ", il donne cette belle définition qui paraît s'appliquer à tous les arts : " quelqu'un qui a quelque chose à dire, qui sait le dire dans sa propre écriture avec une certaine impertinence, qui est le gardien de cette prison sans être son prisonnier ". La dernière scène ne donne plus à douter : Yamamoto et Wenders ne sont qu'une seule et même personne, tous deux entourés d'assistants passionnés dont la mission est de respecter au mieux un travail d'auteur dans un milieu industriel.

Ainsi donc, Wenders se filme lui-même à travers un autre. Egocentrique mais fascinant, il fait entrer progressivement son spectateur dans un univers particulier, rendu réel grâce à une formidable composition des plans et de leurs enchaînements : la plupart des réflexions transmises à la caméra par Yamamoto ne sont par exemple pas diffusées en live, mais en différé dans un petit moniteur tenu dans la main de Wenders, une sorte de miroir en somme, qui fait prendre bien plus de valeur aux paroles puisqu'elles sont vues avec du recul. Dans une autre scène superbe, Wenders ose le split-screen en 3 morceaux : dans la partie supérieure, le défilé de mode bat son plein avec la déambulation des modèles tout de noir vêtus - c'est le présent, la conséquence - ; dans le coin inférieur gauche, on voit le travail effectué en coulisses pour parvenir à ce résultat - c'est le passé, le " comment " - ; enfin, dans le coin inférieur droit, on entend Yamamoto s'expliquer sur ce qu'il a voulu créer - c'est le " pourquoi ", l'universalité de la création -. Soutenu par des intermèdes musicaux aussi bien électroniques que traditionnels qui restent longtemps dans l'esprit, Carnet de notes… vaut franchement le détour, histoire de découvrir un autre facette de ce Godard germanique toujours novateur.



13 juillet 2004
par Ghost Dog


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