En cavale
Bunty aur Babli n’est autre qu’une relecture plus légère de la légende Bonnie and Clyde dans l’Inde moderne : 2 jeunes gens à la recherche d’un emploi sont contraints de quitter leur région natale pour partir à l’assaut de la grande ville et de ses innombrables possibilités, avant de basculer progressivement du mauvais côté de la ligne rouge en multipliant les arnaques et en se contentant d’une vie de bohème sans soucis. Une intrigue symbolique des changements vécus actuellement par ce grand pays : l’exode rural et le gonflement des mégalopoles, la tentation de l’argent facile, mais aussi et surtout l’évolution des mentalités vis-à-vis du couple. Ici, peu importe l’avis des parents et la sacro-sainte menace du mariage arrangé, on vit en concubinage de la façon la plus libre qui soit, sans même occulter le tabou du sexe en dehors de tout « cadre légitime », du moins celui de la société indienne traditionnelle.
Le couple formé par Rani et Abhishek est assez séduisant pour qu’il nous entraîne sans problème dans ses aventures : elle est plus délurée qu’à l’accoutumée (et on aime ça), tandis que lui – qui n’est pas un grand acteur contrairement à son papa – fait ce qu’il peut avec ses moyens propres en ayant toujours du mal à se lâcher complètement et à être vraiment expressif. Cette ballade à travers l’Inde, avec ce sens du rebondissement et surtout l’arrivée de l’irrésistible Amitabh en flic/père fouettard à la fin, font de ce Bunty aur Babli un divertissement à la fois rafraîchissant et convaincant.