Ordell Robbie | 0.5 | Hors BACHCHAN, grossier comme le pire Alan PARKER. |
Ghost Dog | 4.5 | Lumineux |
Black se démarque d’emblée du tout venant Bollywoodien, et tout d’abord sur la forme : pas de passages musicaux ici mais un film d’auteur « classique » à l’occidentale, ainsi qu’une durée inhabituelle de 2 heures au lieu des 3 heures standards du reste de la production. L’intrigue aborde quant à elle un sujet très difficile, se basant sur la véritable vie de l’américaine Helen Keller née sourde, aveugle et quasi muette… Rien que de s’imaginer à sa place pendant 10 secondes fait déjà froid dans le dos, et fait prendre conscience du parcours inouï de cette femme qui a, malgré ses handicaps lourds, très bien réussi sa carrière professionnelle, autant que du courage de ceux qui l’ont entouré pour lui faire découvrir la vie. Pour raconter cette histoire délicate sans tomber dans le pathos, Sanjay Leela Bhansali, l’auteur de Devdas, s’est entouré de 2 des plus grands acteurs indiens du moment pour des rôles à contre emploi : Amitabh Bachchan, monstre sacré du 7ème Art, incarne un professeur aux méthodes très particulières qui s’investit totalement dans la mission qui lui a été confiée, à savoir éduquer une petite fille sauvage car sans repères ; face à lui, une incroyable Rani Mukherjee émouvante à souhait, qui a remballé sa belle chevelure dans un petit chignon serré et qui porte constamment son regard dans le vide. Inutile de dire que ces deux-là trouvent sans doute le plus beau rôle de leur vie, tant il est complexe pour chacun d’entre eux.
Une histoire émouvante donc, avec un certain nombre de scènes chocs : prenant les choses en main, le professeur fait par exemple vider toute une pièce avant de s’enfermer plusieurs jours avec son élève pour la couper de sa mère, répondant à ses crises de colère avec fermeté voire violence. Plus tard, la compréhension du sens des mots par la petite fille au moment où l’on s’y attendait le moins est un grand moment d’humanisme. Citons encore cette scène où, quelques années plus tard, les rôles s’inversent, Michelle étant devenu une femme et le professeur un vieux grabataire…
Bhansali signe de son côté une mise en scène exemplaire, vive et imaginative, et soigne la photo, absolument magnifique comme pour ce plan aux tons bleus où il se met à neiger. Black est un film important, justement récompensé par une pléthore de prix aux Awards indiens 2006.