Expecter toujours un bon film 20 ans plus tard
[MAJ janvier 2021] David Mamet doit méchamment le jalouser celui-là. A la fois smart - scénario formidable - et teigneux - scènes d'action réussies - Expect The Unexpected surprend en effet sans pour autant sacrifier ses personnages sur l'autel du génie de son auteur. Qui sont plusieurs, donc. On a là du travail collectif total - Milkyway, bonjour - autour d'un projet parfaitement défini... et casse-gueule, parce que déjouer les attentes du public peut souvent le décevoir. Là, non, grâce aux acteurs, aux idées - globales ou ponctuelles - et de tout un tas de trucs qui font que ça marche encore tout ça, que c'est toujours aussi frais, voire plus passée la rétrocession. Le film ne raconte d'abord que l'histoire d'une femme qui nettoie la vitrine de sa boutique, "quand soudain..." patatras.
L'édition de Spectrum est un miracle de pertinence bienvenue. J'avais peur d'être déçu à la revoyure (t'es bien sûr qu'il était aussi cool que ça, ce score ? Et la photo, elle était pas un peu trop crade genre
poliziotteschi foireux finalement ? Et le cadrage, pas trop serré, non ?). Ben non. J'ai pris une claque sur tous les plans. La musique alterne mélodies aériennes pour les mélos et thèmes efficaces quasi carpentiens pour l'action. La mise en scène sait faire monter la sauce quand il faut, puis faire parler la poudre, mais elle sait aussi se poser sans bouger quand Lau Ching-wan et Lam Suet font le show le temps d'une scène de bouffe mémorable en salle d'interrogatoire. Il en est une autre, à l'hôpital, quand Ruby Wong force Raymond Wong a s'empiffrer de raisins pour qu'il arrête de dire des bêtises sur les femmes. "J"ai dû faire plusieurs fois la scène, j'en ai bouffé du raisin !" dira-t-il à la première du film, dont on voit un extrait dans les bonus du support. Parfait, excepté sa jaquette. Mais bon, "except the unexcepted", hein !
Qu'ajouter... j'ai perçu cette fois un écho évident d'avec le final du Salaire de la peur, lorsque nos flics se marrent dans leurs bagnoles avant le climax (de cinglé, encore aujourd'hui). Sinon, quoi d'autre... je kiffe toujours le pull à col roulé de LCW ainsi que sa veste en cuir, voilà. Avec son jeu d'une coolitude incroyable, il vole la vedette à Simon Yam - pourtant excellent - tel un Steve McQueen astiquant Yul Brynner dans Les sept mercenaires. La classe, ce film. Et Spectrum fait bien de comparer son final à
Drug War qui en est clairement son frère post-rétrocession.
Polar original et bien fait à tous les points de vue. Attendez vous à du bon et à l'incroyable !
Avec un titre pareil, et également avec la réputation assez flatteuse qui le précède, Expect the Unexpected a tout de même la tâche difficile. Quand on attend d'un film qu'il nous supprenne, on est souvent déçu car on en attendait trop. Et bien ici il est à mon avis difficile d'être déçu.
Impossible en effet de vraiment prévoir ce qui va se passer car d'entrée de jeu le film est hésitant. Hésitant entre polar violent, réaliste et cruel d'un côté et comédie romantique. La partie polar est très réaliste et dure, avec d'excellentes scènes d'action qui confrontent le groupe de policier aux criminels. A chaque fois les fusillades sont de bonne qualité, pas dans un style spectaculaire mais plutôt réaliste. Et la partie chasse à l'homme est aussi très rude, soulignant que les trois fugitifs ne rigolent pas vraiment. Plusieurs pistes se succèdent, vraies ou fausses. Le film n'est pas un chef d'oeuvre de suspense, mais sait garder le spectateur captivé. Cependant, ne vous attendant pas non plus à un film d'action mené à 100 à l'heure. C'est un polar, et pas vraiment nerveux. Il joue plus sur l'attente et les fausses pistes.
D'un autre côté, les relations entre les personnages sont développés sur un ton plus décontracté et romantique. Les possibles histoires d'amour ne sont jamais évidentes mais reste dans le domaine du peut-être. Rien n'est jamais vraiment dit, et tout comme pour la partie policière, le spectateur est dans l'expectative. Que va-t-il se passer ? Impossible à dire. Qui aime qui ? Impossible à dire. Le film ne se concentre pas vraiment sur un personnage en particulier, mais amène le spectateur à les connaître un peu tous au travers de petites scènes. Cela conduit bien sûr le film à avoir un rythme assez lent, mais l'installation des personnages est importante.
Le casting fait vraiment un excellent travail ici, avec Simon Yam en boss très dévoué (Simon la classe dans ce film et pas Simon Category III comme parfois), Ruby Wong en fliquette de service, Raymond Wong en bleu de service, plus bien sûr le vieux briscard (je ne connais pas le nom de l'acteur). Terminons avec un formidable Lau Ching-Wan. Oui je sais, je dis toujours que Lau Ching-Wan est excellent. Ce n'est pas un acteur que j'appréciais démesurement au début, mais force est de constater qu'il peut TOUT jouer. Il est à nouveau formidable ici, dans un nouveau genre que je ne lui avais pas encore vu. Il est humain et très sympathique, et la principale force comique du film. Quand on l'a vu dans The Victim, Too Many Ways to be Number One et The Longest Nite, il y a de quoi être une nouvelle fois surpris et émerveillé par son talent. On trouve aussi bien sûr un autre rôle féminin, interprétée par Yo Yo Mong qui commence à faire parler d'elle. Elle joue le pion perturbateur entre Simon Yam et Lau Ching-Wan. Interprétation correcte, mais elle ne peut pas faire grand chose face à Ching-Wan, mise à part exposer son physique ravageur auprès des messieurs. Ce sont tout de même des débuts très encourageants.
Quant à la réalisation de Patrick Yau, elle joue très bien au chat et à la souris en balandant le spectateur d'un genre à l'autre jusqu'à cette fin inattendue. Bien sûr je ne peux en dire plus, mais je peux tout de même dire que le film vous laissera sur votre petit derrière, pour rester poli. Attendez-vous à ce que vous voulez, je ne pense pas que vous serez déçu. Ce n'est pas tant que la conclusion est extraordinaire ou illogique, mais elle est difficile à prévoir vu ce qui s'est passé avant.
Patrick Yau fait une nouvelle fois preuve de beaucoup de talent à la réalisation et sait diriger ses acteurs. En témoignent quelques scènes franchement sympathiques, comme le long plan séquence où Lam Suet dévore un repas devant Lau Ching-Wan. Il est évident que le bon Patrick a l'avenir devant lui, ses réalisations sont toutes solides et au-dessus de la moyenne. De plus il est très loin de la jeune génération des réalisateurs-clippeurs qui ne savent faire que du montage MTV sans queue ni tête. Pas de poudre aux yeux dans ses films, le rythme est maîtrisé, on glisse tranquillement d'une scène à l'autre. Moi qui pourtant aime bien les réalisations musclés, ici le rythme calme m'envoûte totalement. De plus Patrick Yau utilise également très bien l'excellente musique de Raymond Wong. Celle-ci est bâtie comme le film sur plusieurs thèmes et voyage d'un à l'autre.
Donc où sont les défauts de ce film ? Le mélange hésitant des genres manque peut-être de rythme ou d'originalité comparé aux autres films de Patrick Yau (les merveilleux The Odd One Dies et The Longest Nite, deux des plus grands polars jamais réalisés à Hong-Kong). Expect the unexpected est donc moins brillant pour son développement, mais reste excellent et le casting et le final font le reste. Une nouvelle merveille dans la filmographie de Patrick Yau (quand son prochain film ???) et de Milkyway Image.
Une fin peu banale dans les films, mais classique dans la vie...
Passons sur la double intrigue policière très relativement intéressante et prétexte à quelques gun-fight mais dans l'ensemble plutôt lente et pas toujours passionnante, ainsi que sur les déboires sentimentaux des protagonistes eu aussi très loin de casser trois pattes à un canard, pour arriver à la fin de ce film, fin qui le différencie quelque peu des classiques du genre. Sans tout dévoiler (enfin bon, si vous n'avez pas vu le film mieux vaut peut être ne pas lire ce qui suit :) disons que la conclusion de ce film est peu banale dans le sens ou l'on est plus habitué à voir le héros partir sur fond de soleil couchant en enlaçant tendrement sa belle que de le voir disparaître sur fond de gyrophares tendrement enlacé dans un linceul... Malgré tout cette fin nous propose un classique de la condition humaine : le trop plein de confiance et la déconcentration lorsque l'on doit rencontrer un adversaire théoriquement inférieur. Ce problème, éprouvé depuis des générations par les sportifs et en particulier les footballeurs (sans que ceux-ci ne parviennent à y trouver une réponse), trouve ici une nouvelle application avec cette équipe de flic...
Ah, si, ce film ne brille pas que par une fin inattendue et hors normes, mais aussi par la présence de Yoyo Mong qui est définitivement magnifique ;-) Mais comment l'inspecteur fait-il pour résister à ses charmes ???
un film bon des le debut
sans vouloir epiloguer, ce n'est pas sa fin inattendue et presque grangignolesque qui me fais aimer ce film. La mise en image de Patrick Tau y est efficace des les premieres scenes, il y a une certaine virtuosite dans ses changements de plan et il sait utiliser a merveille la bande son pour ses transitions. C'est vrai qu'on a parfois l'impression d'une certaine maladresse qui est peut etre plus feinte que reelle. Le film passant facilement d'un registre a l'autre, jouant parfois sur le second degre, on n'est pas pris aux tripes en permanence d'où le choc final particulierment bien amene. Mention bien aussi pour les acteurs.
Sans etre du niveau de the odd one dies ou de longuest nite, melange des genres oblige, expect the unexpected est un film a voir et a revoir.
Un film mi-polar mi-romance très réussi, même si un peu déséquilibré
Dès le début du film, le rythme est rapide et l'action spectaculaire (explosions
en tout genre et gunfight en pleine rue), on pense alors que la suite va être
du même acabit.
En fait il n'en est rien, l'histoire ralentit rapidement pour se recentrer
sur le quotidien d'une équipe de flics qui est rythmé à la fois par les enquêtes
policières en cours (la recherche des deux groupes de gangsters), mais surtout
par les déboires sentimentaux de chacun de ses membres.
Ainsi Simon Yam et Lau Ching Wan
vont se disputer la belle Yo Yo Mung (on les comprends d'ailleurs), Raymond
Wong va s'avérer être un véritable bourreau des coeurs, et Ruby Wong va chercher
à attirer l'attention de celui qu'elle aime (et qui n'est pas celui que l'on
croit).
Cependant cet aspect du film est à première vue moyennement réussi, on peut
lui reprocher par moment un certain manque de rythme ainsi que l'impression
de tourner un peu en rond.
Malgré cela Patrick Yau se sert habilement de cette partie plus calme pour
mettre en place peu à peu tout les éléments de son histoire, afin de mieux
nous surprendre au dernier moment en concluant son film par une scène finale
inattendu et surprenante qui fait ressortir le côté imprévisible et fragile
de l'existence. Au niveau de l'interprétation rien à dire, Lau Ching Wan est
comme d'habitude excellent (d'ailleurs à force de toujours le répéter, il
serait peut être plus simple pour aller plus vite de faire une liste des films
ou il n'est pas bon, si cela existe). Face à lui Simon Yam s'en sort très
bien, de même que Yo Yo Mong qui tournait alors son premier film.
Expect the Unexpected est donc un bon film même s'il reste quand même
en dessous des deux premières réalisations de Patrick Yau notamment à cause
du manque d'équilibre entre la partie romance et la partie action. Cela dit
je dois aussi avouer qu'en revoyant le film, je l'ai beaucoup plus apprécié,
car une fois que l'on connaît la fin on appréhende différemment les liens
qui se créent entre les divers personnages, ce qui redonne un intérêt supplémentaire
à l'ensemble.
Une dernière petite chose au niveau du VCD, je ferais la même remarque que
François pour The Longest Nite, le format scope est respecté, mais les sous
titres sont difficilement lisibles car vraiment trop petits, ce qui finit
par être énervant. Mieux vaut donc conseiller le DVD.
22 octobre 2000
par
Ryoga
Malgré ses baisses de rythme et un scénario d'enquête policière (juste correcte) plus ou moins prétexte, me semble-t-il, à comédie romantique et vie de groupe au sein d'une équipe (mieux gérée), "Expect the Unexpected" reste un solide petit film.
Assez attachant sans jamais verser dans la pitrerie ennuyeuse, il est même parfois assez amusant.
Simon Yam des plus sobre et Lau Ching-Wan au charisme gouailleur ainsi que le reste du casting tiennent néanmoins le film sur leurs épaules.
Le final est également un des points fort du récit.
Le transfert hd du combo Spectrum films est probant. Les bonus sont, chose rare chez l'éditeur, au rapport qualité/quantité sensiblement fluctuant.
La présentation et le focus sur le studio "Milkyway" d'Arnaud Lanuque sont, comme d'habitude, passionnants et très riche en informations.
La seconde partie de la discution avec Yannick Dahan est également captivante.
Par contre, l'introduction reste trop courte/redondante avec le premier supplément cité plus haut, les très courts ng footage" (rush sans son) n'apporte rien au même titre que la "première show" d'époque (trop promotionnelle).
10 janvier 2021
par
A-b-a
Peut mieux faire
Après un "the longest nite" d'une classe et d'un nihilisme absolu, cette intrigue policière mêlée à de la romance sympathique mais qui casse bien trop le rythme a un peu plus de mal à passer.
Cela faisait longtemps que j'attendais de voir ce film à la réputation si élogieuse et au casting de haute volée. C'est un grand plaisir de voir Hui siu Hung jouer autre chose que le flic raté et idiot, et Lam suet livre une prestation très intense, même s'il commence par jouer les boulets. Simon Yam, tout en retenu, assure bien et Lau ching Wan est toujours aussi charismatique, alors que les dames jouent un peu les pot de fleurs, et n'ont d'autre but que de servir le côté romantique. Les acteurs livrent des prestations très agréables, mais dans l'ensemble, on les a vus plus en forme.
Le scénario est sans génie et va d'un point A à un point B, en ménageant 1 ou 2 surprises destinées à brouiller les pistes, sans réellement sortir des senties battus. On a beaucoup parlé de la fin de ce film, mais aldrich et Reynolds avaent déjà fait exactement la même chose 20 ans plus tôt dans "hustle". Même si cette conclusion est aussi perturbante que malsaine, on a beaucoup de mal à croire à son déroulement. les comportements des protagonistes sont tout sauf crédibles, ce qui en diminue trop l'impact.
Sans cette scène, la plus réussie du film, on ne sortirait jamais de l'aspect tv film d'une réalisation paresseuse, à mille lieues de l'inventivité de "the longest nite". J'avais vraiment envie d'adorer ce film, mais il n'atteint qu'à moitié son objectif et la fin en rajoute trop pour être aussi puissante qu'elle auraît pu l'être.
UN BON POLAR QUI VA SURPRENDRE
le cocktail prend bien. C'est un polar au dessus de la moyenne avec des acteurs charismatiques, un soupçon de romantisme sur fond d'enquète policière. C'est un film à voir...Rien que pour le dénouement.
dernier film en date d'un réalisateur prometteur
Pas le film du siecle mais un bon polar avec une fin inattendue et puissante.
On est quand meme loin de beyond hypothermia, qui, lui, est excelent.
Un polar surprenant
Encore un excellent film de la
Milkyway Image, avec à la fois un style tout à fait reconnaissable (c'est fou comme le style de Patrick Yau ressemble à celui de Johnnie To... il faudra quand même essayer d'élucider cette question un jour) avec ces mouvements de caméras super élégants, cette photo classieuse, cette bande son à la fois kitsch, en toc mais géniale et indispensable (caractéristique des premiers Milkyways seulement, vu que par la suite To s'est trouvé un compositeur plus traditionnel), et pourtant encore un polar surprenant, innatendu et qui ne ressemble à rien de connu. Lau Ching Wan est génial, Simon Yam toujours aussi cool et Lam Suet mange encore dans une scène (le pauvre). A voir et sans doute à revoir vu la complexité de l'ensemble.
14 novembre 2008
par
Hotsu
bonnes interprétations, film inégal
les acteurs sont tops (simon la classe, lau chin wan est superbe) mais le film n'est pas parvenu a me faire avancer sur la pointe de mon siege, on tourne trop en rond et cette romance qui n'en finit pas , ca devient un peu long tout ca, mais bon ca fait partie du film , que patrick yau réalise fort bien d'ailleurs. j'ai pas accroché, ce qui veux pas dire que le film est pas bon, d'ailleurs il y a beaucoup de critiques positives. le final totalement innatendu reste quand meme un des points forts. film disons inégal.
HKPD Blue
Il est une tradition à la Milkyway Image que le titre du film soit la parfaite synthèse du film dont il est question. Ainsi, The Mission nous montrait pendant 90 minutes une mission, Running out of time était une lutte contre la montre, ou encore les héros de A hero never dies était des durs à cuir mortels mais légendaires. Expect the unexpected du disciple Patrick Yau, qui la même année réalisa le brillant The longest nite avec Tony Leung, n'échappe pas à cette règle. Il en est même presque la figure concept. Expect the unexpected, ou "s'attendre à l'inattendu". Le film porte encore bien son nom, il va le suivre au pied de la lettre.
L'inattendu, c'est la scène suivante, le plan d'après, celui auquel on ne s'attendait pas. The unexpected, c'est l'astuce de scénario qui consiste à faire anticiper le spectateur puis de le prendre à contre pied. Lui donner des éléments que sa cinéphilie cognitive croira digérer, afin d'établir lui-même le montage de la scène suivante. Alors qu'en réalité, derrière lui il y a Patrick Yau et ses scénaristes, plus malins, qui ont bien décidé de nous brouiller toutes les pistes. Décidés à tout nous laisser interpréter, du plus décisif au plus anodin, pour perpétuellement remettre en question notre regard. Dans Expect the unexpected, il ne faut pas croire à ce qu'on nous raconte.
Après une magistrale séquence d'ouverture de près d'un quart d'heure, où d'emblée le concept est posé, ainsi que tous les éléments déterminants à toute la structure du film, l'on pénètre dans la vie d'un commissariat façon NYPD Blue, la série. On y découvre Sam, interprété par l'élégant Simon Yam, et Ken alias Lau Ching Wan, un habitué de la Milkyway, immense star à Hong Kong, un acteur à la présence inouï, que la simple figure dans un plan donne à l'image un caractère d'une profonde intensité. Ils sont deux flics, deux caractères, travaillant sur la même affaire, celle qui ouvre le film, et concernant deux affaires arrivées au même moment, sur le même lieu. Détail crucial bien évidemment. Dans cette affaire, un témoin …, jouée par Yo Yo Ming qui là interprète son premier rôle avant de devenir, elle aussi maintenant, une habituée de la Milkyway. Une femme, deux hommes, la concurrence, quoi qu'amicale, s'installe rapidement. Autour deux il y a leurs partenaires, des personnages qui amèneront au film un aspect choral, visant à situer diverses formes d'enjeux et d'attentes en rapport de leurs sentiments mutuels.
Expect the unexpected a de nombreux points communs avec NYPD Blue. Le film paraît même s'en inspirer ouvertement. D'abord, sa structure narrative s'apparente beaucoup à celle de la série. Le film fonctionne sur des mécanismes similaires. Outre la scène d'ouverture, le film s'axe principalement sur le schéma: scène où l'on découvre de nouvelles preuves sur le lieu d'un crime, permettant au récit d'avancer tout en gardant l'ennemi hors de portée. Puis, retour au commissariat, où les rapports entre les personnages s'étoffent, où l'on discute de l'affaire. Et enfin, scènes d'extérieurs, permettant d'approfondir le caractère de chaques personnages dans un registre plus intime. Ponctuées de scènes d'actions, où la confrontation avec les tueurs permet au film de trouver un rythme au film qui installe son équilibre. L'autre écho avec NYPD Blue s'apparente aux partis pris de mise en scène de la série, dont on reconnaît quelques tics dans Expect the unexpected. Caméra bougée, faux raccords, rapides coups de zoom, dont ont trouvent la trace la plus flagrante dans les scènes où les personnages arrivent sur les lieux du crime. Mimétisme d'autant plus troublant, que lors de ces scènes, la musique qui les accompagnent ressemble étrangement à celle de NYPD Blue, ponctuant le même type de scènes. L'inspiration semble plus qu'évidente, elle est immédiate. Mais elle s'arrête là. Car, NYPD Blue fonctionnant sur le principe d'une série, où, même si de manière générale chaque épisode à son intrigue centrale, les relations entre les personnages se développent au fil de la série, tentant par-là de coller au plus près au temps et à la vie d'un commissariat. Dans Expect the unexpected ce genre ne chose n'a pas le temps d'être exposé ainsi. Il faut ce concentrer, aller vite, nous avons que 90 minutes, faire comme si ce film était le dernier, qu'il n'y en aurait jamais d'autres, pas de suite possible. Par-là donc aussi tenter de prendre un contre pied absolu de ce que peux représenter une série. Au cinéma, comme à la télévision. Encore une fois, on découvre que le film décline son titre jusqu'au bout.
A l'instar de The longest nite, Expect the unexpected est parcouru de découvertes inavouables. Quelques détails crus, violent, épouvantables Une scène de torture orchestré sauvagement par Tony Leung dans The longest nite, la découverte de cadavres atrocement assassinés tel qu'un bébé passé à la machine à laver dans Expect The unexpected. Ces pointes d'horreur, distillées savamment en évitant une confrontation directe au cadre (sauf dans The longest nite dans la scène dont il est question), puisqu'elles sont la découverte des policiers sur les lieux de crime perpétrés par les malfrats que les personnages recherchent, et que l'on a découvert en introduction, laissent au spectateur cette impression prégnante d'une violence sourde et soudaine, prête à surgir dans un hors champ qui pourrait tout à fait être une métaphore de la lecture d'un fait divers. Ces bords du cadre à la crudité impitoyable, dont la découverte est proposée au diapason de celles des personnages, donnent au film cette dimension docudrama, qu'encore une fois la série NYPD Blue tend à trouver. Même si ce procédé fut maintes fois utilisées comme code du film noir, dont on trouve les traces dans de nombreux films de serial killer tel que Seven ou le Silence des agneaux, son mécanisme prend ici une nouvelle dimension dans sa recontextualisation urbaine. La proximité de la violence, mêlant le sexe au meurtre, atteint ainsi une force de jonction d'autant plus stimulée qu'elle est toujours située hors champ, dans une géographie plus commune. L'autre point étant aussi que les criminels soient plusieurs, et qu'ils investissent pendant un temps donné, jours, semaines, les lieux du crime. Laissant de la sorte la porte grande ouverte à une violation forcenée de l'intime de soi et de ce qui l'entoure, son habitat. Eclatant de cette manière la potentialité du crime non plus jusqu'à soi mais à toute la famille, et toujours par l’intrusion de plusieurs individus.
Tout aussi saisissante et blessante est la manière que Patrick Yau à de filmer les scènes d'action. Le film en compte quatre. Une en ouverture, la seconde au tiers du film, et les deux dernières, relativement jointes, pour clôturer. Outre le fait que Yau sait parfaitement les doser dans son récit pour donner au film un rythme à la partition idéale, il sait aussi brillamment avoir retenu quelques leçons de mise en scène. Toujours dans un certain esprit de mise en contexte lié à la géographie, ainsi qu'à celui de sa représentation documentaire, et tout en voulant garder toute la puissance narrative de la dramatisation liée à la survie des personnages, il sait ou placer son objectif. Ainsi, l'action s'alterne autant par une représentation d'un conflit, d'une fusillade, empruntant directement au reportage télévisuel, qu'a celle purement cinématographique, permettant ainsi l'insert par exemple de plan à proximité des personnages sujets de l'action. Ce dosage, que Yau n'est pas le premier à vouloir conjuguer, se révèle être d'une puissance éblouissante principalement dans la deuxième scène, au tiers, où, alors que l'immeuble est envahi par la police, les criminels débarquent inopinément d'un ascenseur face à Simon Yam, lui déchargeant à bout portant une salve de fusil à pompe. Ainsi que dans la dernière scène, où l'équipe s'oblige à prendre en chasse les deux derniers criminels sur lesquels l'équipe tombe dessus par hasard. La façon dont Yau sait parfaitement se situer dans l'action est déterminante. L'alternance de plan d'ensemble, donnant à la fusillade le point de vue quasi spectatoriel du passant témoin, permet au regard de se perdre, et ainsi de provoquer le doute. D'où sont tirés les coups de feu, où est partie la balle, qui est touché ? Un homme s'effondre là-bas au loin dans le cadre, de qui il s'agit, est-il blessé mortellement, où l'a atteint la balle ? Un tel positionnement du champ permet à Yau d'immédiatement instaurer un très fort sentiment de panique. Nous faisant ainsi redouter d'une manière d'autant plus cruelle pour la vie des personnages. Ces plans, montés en parallèle avec d'autres plus serrés sur les personnages, donnent à l'action, principalement dans la deuxième scène, une très forte dramatisation. Plusieurs raccords sur Lau Ching Wan étendu sur le sol, soufflé et étourdi par la salve de fusil à pompe qu'il a reçu et que son gilet par balle a encaissé, alors qu'autour la fusillade bat son plein, donnent immédiatement une pure sensation d'affolement. Que ce passe-t-il s'il se relève, va-t-il prendre une balle perdue, va-t-il se relever trop tard ? Yau donne à son montage la parfaite synthèse du principe selon lequel une fusillade dépend totalement de facteurs imprévisibles. Donc de l'inattendu. Qu'on ne peut pas s'empêcher de prolonger jusqu'à la scène finale (j'invite ici le lecteur n'ayant point vu ce film à éventuellement passer au paragraphe suivant).
Jusqu'au boutiste, Yau semble croire de manière déterminée à l'achèvement de ses récits. Ses films ont un schéma narratif qui pourrait s'apparenter à une boucle. Une boucle définitivement implacable, dont le retour à l'initial, clôturant le film, serait une conjoncture établie par un plan machiavélique dans The Longest nite, et déterminer par le hasard, ainsi qu'une certaine idée de fatalité dans Expect the unexpected. Par-là, dépassant le simple caractère du film à chute, celle de Expect the unexpected rejoint l'idée d'un présupposé de concept scénaristique et de mise en scène de pure exigence. Qui dès lors écarte la facture facile de la prose un peu trop habile, et donne à la scène finale une ampleur à la hauteur de son événement et de la manière dont Yau se positionne et la situe. Ainsi, lorsque Lau Ching Wan prend une balle dans son bras tendu en avant pour inviter les deux cambrioleurs de la bijouterie à arrêter leur véhicule, l'explosion de son membre, la giclée de sang qui éclabousse, paraît si soudaine, sourde, violente, qu'une brutale émotion de stupeur arrache littéralement notre regard de l'image. Et ce choc n'interroge non pas ce que nous aurions pu déduire de l'habileté d'un scénario à chute, le film ne nous a pas anticipé, il donne simplement au spectateur la conscience immédiate d'une fracture réelle liée à l'événement en soi. Quand le bras de Lau Ching Wan explose sous l'impact de la balle, en plus que l'instant soi totalement inattendu,, il nous fait prendre conscience avec une stupeur relative à notre ignorance, le trajet catastrophique d'une balle percutant un corps. Un état de choc qui ne cesse de se perpétrer tout au long de la scène. Quand les deux cambrioleurs commence à éliminer un à un les personnages que le film entier a construit pour nous les rendre attachant sous leurs divers caractères, la scène paraît tellement improbable qu'elle nous rappelle cruellement et amèrement son rapport au réel. L'absence des gilets par balles soudainement manquant du fait de la situation où l'équipe pris en chasse les cambrioleurs avant d'aller boire un verre pour fêter le bouclage de l'autre affaire, rend au corps des personnages toute leur vulnérabilité. Les figures plastique si cinégénique et héroïque de Lau Ching Wan et Simon Yam deviennent soudainement perméable au facteur humain de leur représentation. Yau rendant au passage le matériel d'identification beaucoup plus dense et ambigu par sa volonté d'une certaine possibilité d'introduction formelle et narrative du documentaire. Désamorçant définitivement la figure classique du film à chute.
Outre ce principe de boucle implacable dans la narration des films de Yau, il est un autre aspect récurrent de ses films. L'intervention de la musique. Ceux qui ont vu The longest nite se souviennent de l'inoubliable utilisation de The Chase ( B.O de Midnight Express d'Alan Parker) de Giorgio Moroder accompagnant chaque apparition à l'image de Tony Leung. Que Tsui Hark avait déjà réutiliser dans son nihiliste L'enfer des armes. Ici le film est toujours parcouru de quelques ritournelles de synthétiseur nostalgique des golden 80's, à la mélodie entraînante et donnant parfois au film un léger ton décaler de la production classique (de Hong Kong aux U.S.A). Elle donne une touche personnelle, renvoyant aux souvenirs floues d'œuvres des époques en question que nous ne sommes même pas sur ni d'avoir vu ni même s'il elles existe. Leurs participations donnent un caractère antidaté, comme pour peut-être mieux forger l'œuvre dans une certaine idée de classicisme. Elles donnent une patine au film lui assignant sa propre originalité derrière la toile de toutes ses références.
En marge de ces plages nostalgiques, le film associe toujours l'intervention de musique récurrente, propre aux personnages. Chaque apparition à l'image de Lau Ching Wan est englobée par la même partition un peu nonchalante, symbolisant parfaitement le caractère du personnage et la figure du comédien. Idem lorsque l'équipe arrive sur les scènes des meurtres perpétrés par les tueurs. Celle ressemblant étrangement à NYPD Blue. A la différence qu'ici Yau opère une sorte de curieux changement dans la continuité. En effet, la répétition de ce morceau, presque un jingle, subit au fil du récit des mutations croissantes tendant à ce que son écoute développe l'aspect dramatique des situations. La mélodie se faisant de plus en plus grave. Utilisation de la musique d'autant plus subtile que Yau tente des superpositions, des fondus, d'une musique à une autre. Ainsi les accords de celle de Lau ching wan se perd dans celle des lieux du crime. Signifiant par-là, un peu comme chez Wong Kar Wai, que la musique n'est pas une simple coordonnée illustratrice, une vulgaire valeur ajoutée, mais bien un élément diégétique insécable des personnages. La musique étant donc un vecteur narratif adjacent à la représentation du personnage auquel elle s'associe. Que Yau prolonge par la fonction des superpositions, ajoutant à la place de la musique chez WKW celle d'une certaine idée de porosité des mondes, où la dramaturgie est intrinsèquement et dramatiquement lié du singulier au pluriel.
Enfin, Expect the unexpected, vrai film de Patrick Yau, est aussi tout à la fois faux vrai film du tandem Johnnie To/Wai Kai Fai, producteurs, scénariste et réalisateurs à la Milkyway image. Dont ils sont les créateurs. Malgré la touche hautement identifiable de Yau, on sent, et on sait pour peu que l'on soit un habitué des productions Milkyway, qu'Expect the unexpected à de nombreuses marques de fabrique maison. Le genre, le polar, où s'affrontent toujours deux hommes, qu'ils soient "brother in crime" ou "brother in law". Le casting, où excepter Lau Ching Wan, Yo-yo Ming, on retrouve toujours dans les seconds rôles quelques visages familier tel que Lam Suiet, le sympathique James de The Mission. Où bien encore la photo d'une qualité irréprochable. Cependant nuancé dans les films de Yau, car celle-ci paraît très influencé par le travail de Chris Doyle, chef opérateur attitré de WKW. Dont la preuve la plus éclatante de cette référence était ultra visible dans The Odd One Dies, premier film de Yau, un hommage souverain à Fallen Angels, avec Takeshi Kaneshiro dans un rôle quasi identique à celui de son personnage muet qu'il tenait dans le film de WKW.
Bien au-delà de ces références et de la recette à la Milkyway, Expect the unexpected brille comme une pierre précieuse du néo-polar. Avec un panache et une étoffe ébouriffante, il est une pièce majeure du genre à Hong Kong post 1997. Vivace, inventif, créatif, intelligent, il parcourt le cinéma avec tout son bagage sans jamais le vulgarisé ou le plagié naïvement. Ont reconnaît là certes l'une des caractéristiques propre à Johnnie To, mais bien dans ce quelle a de plus subtil. Et Yau, chef d'orchestre iconoclaste, se dévoile comme le meilleur élève que l'on voudrait voir dépasser les maîtres. Quelqu'un qui, en trois films, conjugue et transfigure vingt ans de cinéma de Hong Kong aux USA, sans jamais échouer dans la triste contre façon bas de gamme, que pourtant Hong Kong sait si bien étendre à tous les échelons.
Polar tour à tour sombre (la mère et la fille séquestrées et violées par les criminels), drôle ( la scène du repas, l'espièglerie du personnage de Lau Ching Wan) et surprenant; voilà un petit film qui marque les esprits, d'une part par les jeux impeccables de tout les acteurs/actrices, et d'autre part par son rythme soutenu et ses scènes d'actions réalistes et violentes.
Un polar assez efficace bien que très codé HK.
Au delà du système classique narratif propre aux films du genre à HK, "Expect the Unexpected" amène tout de même sa petite originalité qui le fait se placer au-dessus de la masse. En effet, il possède un bon scénario avec de nombreux rebondissements, et je lui trouve aussi un petit côté CATIII caché (des femmes violées et torturées, un nourisson dans une machine à laver).
Ainsi, malgré le cul-cul ambiant de l'histoire d'amour secondaire et de l'amitié si prononcée entre les policiers (le thème bateau des polars made in HK), le film bénéficie de sa touche de nouveautés en plus des atouts communs au genre (gros casting, action et gunfights qui donnent beaucoup de rythme, musique décalée à la "Milkyway"). A voir à l'occasion donc...
A noter que le film est produit par Johnnie TO et WAI Ka-Fai, tiens donc ;)
Des vertus du ratage.
Ce qui fait de Expect the Unexpected un film réussi, c'est sans doute qu'il est totalement raté. Filmé comme un téléfilm bis, dépourvu d'histoire autrement que comme prétexte à faire un (non-)film, sous-interprété à l'infini, ce plantage monstrueux et systématique pose la question suivante : dès lors qu'il s'agit de polar, de genre surcodé et historiquement calculé, n'y a-t-il pas quelque cohérence à en rassembler analytiquement les traits dans leur plus grande raideur, c'est-à-dire celui du cliché. Car, du polar, c'est toute la dimension roman de gare, papier mâché, et écrivain paumé qui, dans le film, se fraie un chemin purement signifiant entre des images qui voudraient bien disparaître. Exercice de code et de décodage, tout le reste répond à l'arbitraire de celui-ci et de la nécessité du film. Paradoxe : dans Expect the Unexpected, le film est en supplément d'une volonté de faire sens. Projet intellectuel, donc, ce n'est qu'une fausse piste.
Ah ben tiens !!!!
Une comédie policière sentimentale avec quelques excès de violence, c'est assez surprenant, et pas vraiment commercial... On se demande pour qui a été fait ce film... jusqu'à son final.
Suffisament incroyable pour être vu. Mais une fois suffit.
Cela dit, il faut saluer la performance de Lau chin Wan et de toute l'équipe: ils sont bons (sauf lui, qui est parfait).
La sauce ne prend pas !
Que diriez vous d'un petit polar sentimental, assez mou, avec des acteurs charismatiques qui ne font pas tellement d'effort, mais doté d'un dénouement innatendu ?
Comme moi : un petit film mou avec une fin innatendue. Certains crieront peut être au génie, moi pas !
Pas mauvais quand même.
Une construction inattendue et un grand film au final.
Expect the unexpected est un film surprenant de par le déroulé des scènes, le but semblant de vous conduire malgré vous à une conclusion finale plutôt déroutante.
Pour autant, pas de surprises ou de révélations finales tels que Hollywood croit nécessaire d'en produire sur le moindre thriller. Pas d'identité de l'assasin à découvrir, pas de machiavélique second rôle tirant les ficelles depuis le début à l'insu du spectateur. Non, ici tout est beaucoup plus fin et à la limite même des codes du film policier.
Au final, la construction rappelle davantage celle du Cercle rouge de Melville ou de 72 fragments de Haneke : les scènes sont un collage pour conduire jusqu'à la fin, et c'est à la lumière de cette dernière scène que tout le reste prend du sens.
Reste que la morale de l'histoire laisse un goût bien amer.