La présence de James Yuen au générique d'une comédie romantique équivaut à celle d'un Ching Siu-Tung ou Yuen Woo-Ping pour un film d'action: ça ne garantit sûrement pas que ça sera un chef d'oeuvre, mais on peut s'attendre à un niveau minimum plutôt bon. My Wife is 18 ne déroge pas à la règle, car même si le film n'est évidemment pas un chef d'oeuvre, il se montre bien écrit et sympathique à suivre. Ouf, le sujet était pourtant casse gueule.
Il faut dire que je n'en attendais pas forcément grand chose, vu la pile de films romantiques bien niaiseux sortis cette année, avec en tête le très prétentieux Women From Mars, autre film qui tente de parler des relations amoureuses. Soyons clair, My Wife is 18 ne nous fera pas lever de votre siège en proférant "bon sang, mais c'est bien sûr", le scénario ne creusant pas son sujet à fond. Mais heureusement, il n'est jamais trop simpliste non plus, et on suit cette histoire avec la petite implication qui fait les bons films romantiques.
Le scénario est suffisament bien écrit (par le bon James en autres) pour ne pas laisser deviner la fin trop vite, et offre quelques scènes touchantes ou tout simplement crédibles. C'est déjà pas mal, on évite nombre de poncifs qu'un tel sujet peut entraîner. Afin de faire passer la pilule, il fallait également un couple crédible, et il est évident que les noms Charlene Choi/Ekin Cheng font un peu peur, comparé à un Leslie Cheung/Anita Yuen (pour prendre l'exemple d'une autre comédie romantique écrite par James Yuen). Finalement, Charlene se montre très convainquante dans un rôle il faut dire bien de son âge, et Ekin ne révolutionnera pas la profession avec son interprétation, mais se montre plutôt à son aise. Ouf, mais qui aurait dit que j'apprecierai Ekin Cheng+ 1/2 Twins il y a encore quelques mois...
Le style de réalisation ne dépaysera pas trop les fans de la UFO (studio pour lequel James Yuen a écrit beaucoup de scénarios), avec une utilisation assez typique de la musique, et un rythme suffisamment soutenu pour garder le spectateur accroché. Il n'y a pas vraiment de scène ennuyeuse dans le film, même si l'originalité n'est tout de même pas souvent de mise. On ne rit pas non plus aux éclats, le film ne cherchant pas vraiment à explorer le potentiel "comédie à quiproquos" de l'histoire. My Wife is 18 reste gentiment sérieux, parfois drôle, mais ne tourne jamais son sujet en dérision (en témoigne la petite scène gay fort sympathique). On peut également apprécier quelques passages fort bien réalisés pour un James Yuen, excellent scénariste, mais réalisateur plutôt commun. Le temps d'un danse sous la pluie notamment, il réussit à rendre le film beau à voir.
Au final, My Wife is 18 réussit à faire oublier nombre de râtages de cette année, et montre que le cinéma de HK possède encore quelques personnalités actives et capables de faire du bon cinéma, tout simplement.
Loin des bonnes grosses comédies et des daubes sidérales, ce film passe son chemin au milieu de la troupe d'autres comédies qui noyent le cinéma asiatiques en donnant un petite atmosphère légère et agréable sans être lourd ni plat. J'ai pu enfin voir Charlene Choi dans un rôle ou elle n'est pas agacante (enfin pas autant que d'habitude) et Ekin Cheun est toujours là pour le fun, dans sa petite comédie annuelle où il ne se prend pas la tête. Le film est certes téléphoné, mais on se divertit quand même très bien ; il y a quand même pas mal de gags assez imprévisibles qui viennent se raccrocher au film sans qu'on s'y attende (comme l'ami d'enfance qui arrive toujours quand on s'y attend pas) et les interprètes sont tous biens. Bon petit spectacle.
Ah les Twins…. Qu’on les adore ou qu’on les déteste, si on s’intéresse un tant soit peu au cinéma hong-kongais actuel, ce serait dur de passer à côté mais il faut bien constater qu’entre ces deux idoles, c’est Charlene qui arrive à se construire une filmographie plus intéressante que sa consoeur et ce My Wife Is 18 arrive à point nommé pour la rendre de plus en plus indispensable aux yeux du public. Cette comédie romantique joue allègrement avec l’image publique des deux stars qu’elle met en scène, la scène d’intro où Charlene fait des poses hilarantes pour sa carte d’identité la renforce dans son côté jeune fille immature et espiègle tandis qu’à la scène d’après, Ekin et l’image machiste qu’il a véhiculé pendant une bonne partie de sa carrière en prend pour son grade quand il se fait recaler à la présentation de sa thèse avec un bon « vous ne comprenez rien aux femmes » pour l’enfoncer. D’ailleurs, c’est assez chouette de voir qu’Ekin arrive à se renouveler et au lieu de sombrer dans l’oubli, il a gagné en décontraction naturelle et innée qui est en parfaite adéquation avec le cinéma actuel. Vu le genre du film, tout repose sur l’interaction entre ces deux fortes personnalités et c’est avec joie que dès les premières scènes mutuelles, il y’a une vraie alchimie qui se crée entre les deux acteurs et qui va évidemment bien au-delà du film en lui-même et ce serait agréable de retrouver cette entente hors-écran dans Twins Effect…
Maintenant, en ce qui concerne l’histoire en elle-même, c’est évidemment prévisible de bout en bout mais ça se laisse suivre gentiment, c’est d’ailleurs peut-être la seule lacune du film, c’est de ne pas oser sortir des sentiers battus. Mais bon, ce n’est pas pour ça que c’est synonyme de paresse et James Yuen arrive même à signer quelques belles scènes, notamment celle où Charlene se retrouve sous la pluie après une déception amoureuse. Et puis évidemment, la third-party jouée par la très jolie Bernice Liu remplit bien son rôle à coups de situations cocasses et l’énorme clin d’œil à In the Mood for Love est bien vu (j’en dis pas plus pour laisser la surprise). Tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes et après ça, on se dit qu’on a passé 100 minutes bien sympathiques à défaut d’être inoubliables. Ca ne vaut pas les productions et réalisations de Joe Ma mais c’est recommandable, alors pourquoi se priver de ce petit plaisir ?
Le seul argument de cette comédie sentimentale se trouve dans le titre : « ma femme a 18 ans ! ». Un argument aussi simple que léger, mais prétexte à une accumulation de gags d’une nullité insondable et surtout jamais drôles, ainsi qu’à des rebondissements téléphonés vus mille fois ailleurs (un mariage arrangé, une relation plate, des aventures extraconjugales avant une belle histoire d’amour…). Le couple central Ekin Cheng / Charlene Choi ne fonctionne jamais - faute à la médiocrité de leur interprétation, et James Yuen derrière la caméra multiplie les approximations. Quant aux clins d'yeux appuyés à In the mood for love, Amélie Poulain voire My Sassy gril, ils sont toujours tout à fait navrants. Bref, on s’ennuie ferme en se disant qu’on est à mille lieux du savoir faire hollywoodien et surtout bollywoodien en la matière…
Fugace instant navrant