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Legend of Zu

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les avis de Cinemasie

15 critiques: 3.3/5

vos avis

90 critiques: 3.01/5



Yann K 4.25 Une tuerie visuelle qui écrase la concurrence par sa force poétique
Xavier Chanoine 1 Un consternant Tsui Hark
Sonatine 1 La laideur incarnée ...
Ordell Robbie 4.5 Après Time and Tide, un nouveau coup d'éclat pour Tsui Hark
MLF 5
Marc G. 0.5 Oh la belle démo incompréhensible pour game boy !
Junta 4.25 Certains plans sont totalement foirés mais d'autres sont tellement beaux !!
jeffy 4.5 un film d'une grande poesie
Ghost Dog 2 Ennui esthétique
François 4.75 Evasion garantie avec ce conte fantastique très (trop?) innovant
drélium 3.75 Fan inconditionnel de Zu mais déçu quand même
Astec 4.75 Mythique !
Arno Ching-wan 2.25 Je me sens aussi hérétique qu'hermétique sur çui-là !
Anel 3
Alain 4 Le plus beau et le plus abstrait des wu-xia-pan
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Un consternant Tsui Hark

Il paraît que Legend of Zu est révolutionnaire. Tsui Hark en était un aussi, de révolutionnaire, au début des années 80. Trilogie du chaos suivie d'un étonnant Zu, Les Guerriers de la montagne magique véritable révolution à elle seule, cette pièce maîtresse de la filmo de Tsui Hark avait le mérite de proposer un environnement totalement interactif où chaque personnage peut se déplacer où bon lui semble, sauter au plafond, voler, s'agripper à de majestueux tissus, dans une ambiance surréaliste. Du wu xia totalement revisité pour le coup, pas forcément inoubliable mais culotté comme jamais. 15 ans plus tard est né Legend of Zu, vraie/fausse suite tout aussi bluffante visuellement (dans le bon sens comme dans le mauvais) mais d'un sidérant ennuie.

Le problème est qu'il est difficile d'accrocher pleinement à Legend of Zu dans la mesure où Tsui Hark ne nous aide pas vraiment. Succession de scénettes dépassant toute attente dans le cadre purement stylistique, enchaînement de pirouettes en tout genre aussi énergiques que surréalistes, le tout teinté de dialogues dignes de Bioman. Les personnages s'envolent dans tous les sens à la manière de Superman ou des héros d'animes japonais, font jaillir leur pouvoir magique en un claquement de doigt, font apparaître des ailes d'acier et se battent entre eux par le biais de paroles qui tuent "Non! Je suis le grand maître de l'orbe machin chose, à moi le pouvoir de truc muche..." dans un cadre non moins surréaliste (nuages, montagnes...et re nuages!). Fatiguant.

De plus, si l'ensemble jouit d'une mise en scène typique de Tsui Hark (des héros qui courent partout, filmés au ras du sol ou cadrés en large), formellement intéressante, le scénario ne prête pas vraiment à l'intérêt, c'est tout juste si l'on ne suit pas l'histoire entre deux bâillements, repensant au dernier Wong Kar-Wai ou Suzuki que l'on a vu hier et qui nous a, forcément, bien plus passionné que cette avalanche pyrotechnico-cheap où les effets spéciaux (techniquement franchement ratés) s'enchaînent à vitesse grand V, sans véritable cohérence, et finissant même par être gerbants. Assurément laid et effrayant de nullité, on se consolera à peine avec un Sammo Hung carrément fun dans la peau du "Maître" et par la bande-son étonnante signée Ricky Ho. Ah, et en VF, Legend of Zu auraît même des faux airs de série Z.

Esthétique : 2/5 - Mise en scène géniale, mais SFX absolument gerbants. Musique : 4/5 - Musique non stop, symphonique et tout le grand jeu. Y'a bon. Interprétation : 3/5 - Les acteurs ont l'air d'y croire. Mais nous? Scénario : 1/5 - Subjectivement, je n'y ai trouvé aucun intérêt. Objectivement c'est pas terrible non plus...



11 septembre 2006
par Xavier Chanoine




un film d'une grande poesie

Encore plus fort que le premier volet car il ressort de ce film une grande poesie liée aux images magnifiques, peut-être une des plus belles photographies que j'ai vue (et pour 50% en image de synthèse). La performance des acteurs rend justice au merveilleux de l'histoire. Pour moi c'est un des meilleurs Tsui Hark donc un des meilleurs films que j'ai vu.

09 février 2003
par jeffy




Ennui esthétique

Esthétiquement, c’est sidérant : Tsui Hark utilise comme personne les technologies numériques à sa disposition en créant des plans et des images magnifiques, plein de couleurs et de mouvement, une vraie révolution de la saga fantastique et mythique que l’on peut qualifier de visionnaire sans trop d’hésitations. Seul problème pour moi, Legend of Zu ne m’a jamais intéressé une seule seconde ; j’ai eu beau admirer le travail visuel et imaginatif de Tsui et me forcer à suivre l’intrigue, rien à faire, mon attention décrochait toutes les 2 minutes comme si je regardais une bande-annonce interminable ou une démonstration de jeu vidéo à la jouabilité nulle. Dans ces conditions, difficile d’émettre un avis positif et objectif sur un tel film tant je me suis ennuyé, chose qui ne m’étais pourtant pas arrivé devant le premier Zu qui possédait un charme désuet et un peu fou que je n’ai pas retrouvé ici.

13 mai 2005
par Ghost Dog




Evasion garantie avec ce conte fantastique très (trop?) innovant

Enigma - Cecilia CheungTout comme voir encore plus que le premier film, Legend of Zu est une histoire faussement complexe, avec beaucoup de personnages et surtout un univers totalement nouveau dont les règles déconcertent. Mais c'est là toute la force du film. Contrairement à d'autres films du même genre (The Stormriders), l'exotisme est ici total, trop peut-être, les repères disparaissent. Souvent comparé au film d'Andrew Lau, le film de Tsui Hark en est pourtant bien loin. Stormriders reste une histoire classique, où les sentiments et les situations sont classiques (amour, haine, quête du pouvoir...). Legend of Zu c'est un autre univers, sous tous les aspects.

Premier aspect, le fond. Ici il faut apprendre à reconsidérer les règles. Nous ne sommes plus en présence d'humains qui ont des pouvoirs, mais d'immortels ayant d'autres considérations. Ici les sentiments sont dangereux. Dawn, Red, King Sky font tous face à la mort à cause de leurs sentiments. La notion d'homme et de femme existe encore, mais elle est minimal. Même le seul personnage humain important du film (interprété par Zhang Zi-Yi) n'a en fait aucune considération amoureuse, elle veut aussi devenir un chevalier. C'est une guerrière souhaitant atteindre la plénitude des guerriers de Zu. Bref, ici plus que dans le premier film, on est immergé dans un autre monde. Où chevalier et épée forment les vraies couples, et maître et élève les vraies relations parentales. Où le vrai pouvoir n'est pas de régner mais de découvrir les pouvoirs de l'univers (pouvoir de l'esprit, de la réincarnation...). Evidemment, avec une dizaine de personnage et peu d'explications, l'histoire est parfois confuse à suivre. C'est le prix à payer pour voir autre chose que le gentil aime la gentille et combat le méchant.

La Caverne de SangAu niveau de la forme, c'est également très novateur. Aidé par des effets spéciaux impressionnants même si pas toujours parfaits, Tsui Hark nous entraîne dans un univers visuel tout nouveau. Jusqu'à la couleur du ciel semble être d'un autre monde. Les décors sont étonnants (avec les cités volantes), les armes perdent même leur consistance physique pour devenir de pures objects de l'esprit, que les combattants peuvent faire apparaître à leur convenance. Les ennemis prennent des formes étonnantes, que ce soit Insomnia ou Amnesia. Les scènes de combat utilisent évidemment toutes les potentialités des armes. On y perd évidemment toutes performances martiales (sauf le temps d'un combat au sol), ce que certains vont regretter. Mais le but ici n'a jamais été de faire un Wu Xia Pian. Nous sommes dans un autre univers ici. L'originalité des armes et de la réalisation de Tsui Hark rattrape aisément le manque de combats classiques. Certains passages touchent au sublime et nécessite un arrêt sur image pour en admirer la beauté.

Les acteurs n'offrent pas de performances très remarquables. Il faut dire que les sentiments sont peu présents dans le film. Cela reste cependant correct, Ekin Cheng est à sa place avec un rôle très plat, Sammo retrouve son rôle d'il y a 20 ans avec la même présence, Cecilia Cheung rappelle Brigitte Lin en moins bien évidemment, Louis Koo s'en tire correctement. Il est évident qu'aucun de vole vraiment la vedette, c'est plus l'histoire et la réalisation qui les mettent en valeur.

Joy - Zhang Zi-YiAu niveau technique, Tsui Hark a su s'entourer: Andrew Lau pour la photo (plus à sa place que comme réalisateur), Marco Mak au montage, Yuen Woo-Ping aux chorégraphies. Ca a quand même pas mal de gueule sur le papier. Mis à part la scène de l'attaque des clones qui fait un peu palotte, la photo est très bonne (merci aussi aux ordinateurs). Le montage est très dynamique, et les chorégraphies étonnantes parfois, même si Woo Ping a fait bien meilleur. Quant à la musique, elle se révèle de très bonne qualité et soutient bien le film. Bref, c'est correct à tous les niveaux.

Au final, Tsui Hark prouve une nouvelle fois pourquoi c'est une figure marquante du cinéma moderne. Certes, le film est parfois difficile à suivre, certains feront une overdose d'effets spéciaux et réclameront de vrais combats. Mais on ne peut pas retirer au film son originalité et sa faculté à nous raconter quelque chose de différent, et à la raconter sous une forme assez virtuose. C'est rapide, c'est beau, parfois touchant (la fin de Dawn), c'est original. Bienvenue dans un autre monde, où les chevaliers recherchent l'harmonie du corps et de l'esprit pour mieux comprendre l'univers.



03 février 2002
par François




Fan inconditionnel de Zu mais déçu quand même

C'est du grand spectacle, ça, c'est certain, la touche Tsui Hark est bien là, la très mignonne Cecilia Cheung remplace au pied levé Brigitte Lin, un brin de charisme en moins, la musique est superbe, variée, épique et pourtant quasi constante. Legend of Zu n'hésite pas à balancer du fantastique débridé à mort pendant la totalité du métrage, une orgie d'action visuelle qui ne peut laisser insensible en offrant un charme assez unique. En bref, ce film est très bon pour tout son côté Zu revisité mais pêche malheureusement par son côté Stormriders, pas voulu mais pourtant bien là :

En premier lieu à cause d'Ekin Cheng qui est une catastrophe de froideur et de non-sentiment, il devrait s'appeler "iceman", décidemment il était mauvais dans stormriders et l'est tout autant dans legend of Zu (je déteste ce mec !).

L'ambiance "héros mélancoliques qui se prennent très au sérieux" n'est pas vraiment convaincante, en premier lieu parce que les personnages sont moulés dans leur concept rigide et ne s'autorisent aucune liberté. Deuxio, l'histoire, bien que fantastique et poêtique, est tout sauf passionante, ça manque de vie, d'une étincelle qui embraserait le tout et aucun rebondissement digne de ce nom ne vient vraiment scotcher au siège.

A part les combats avec les ghost troopers, superbe, entre red et king sky et celui de Ying et Joy, jamais les comédiens ne se touchent où n'intéragissent ensemble : Mais où est Yuen woo Ping ????? Tout le monde exécutent ses petits mouvements dans le vide et tout le reste est virtuel. Cette interaction était très bien rendue dans le premier Zu car tous les pouvoirs étaient représentés physiquement par une grande idée de rafistolage en tout genre et là était la magie. Aujourd'hui tout cette débauche d'effets, dynamiques oui d'accord, ne transmet pas assez d'émotion, peut-être parce qu'il n'y a aucun exploit (physique ?) à les réaliser alors que transformer un drap en démon virevoltant avec brio (cf Zu), là il y a du génie.

Pourrait s'ajouter aussi l'humour et la légèreté qui ont complètement disparu pour laisser place au ton grave voir même prétentieux de Stormriders : mais où sont Yuen Biao et les autres ?

Heureusement, le virtuel est sauvé par l'oeil de Tsui Hark qui remet beaucoup de dynamisme et d'idées à des scènes trop digitales pour toucher le coeur. Le travail pictural est superbe : merci Tsui de ne pas être tombé dans le syndrôme "synthétique à tout prix" et d'avoir en partie retranscrit la magie surréaliste de Zu au moins graphiquement. Et heureusement, cette sensation de débridage total est encore bien là tant la débauche d'attaques furieuses et de contrées imaginaires ne s'arrête pas du début à la fin.

Legend of Zu reste un film à part et assez unique en son genre, un pur concentré de concepts visuels et sonores presque souvent superbe et d'autres fois très à la bourre, autant technologiquement qu'au niveau sensoriel. En tout cas un spectacle visuel qui ne s'arrête pas une seconde et une bien belle immersion dans un monde unique tout de même. Presque le rêve pour un amateur de fantaisie.
Mais de l'autre côté, nous avons pas mal d'effets vraiment hideux, un récit fantastique désespérément froid, des personnages rigides et vaguement sculptés, un déferlement virtuel qui engloutit souvent tout le reste.

Au final, voici donc un film aussi incontournable que décevant, très concluant et novateur sur de nombreux aspects, qui parvient à nous bercer dans une ambiance tout à fait unique, incomparablement meilleur que "Stormriders" mais tout aussi incomparable à "Zu, Warriors of the magic mountain", unique dans sa frénésie totale et inimitable, duquel Legend of Zu délaisse la chaleur et le charme des personnages.

Tsui Hark sauve seul et de belle manière son bébé de la catastrophe ce qui démontre sa grandeur et son talent.



10 janvier 2003
par drélium




Mythique !

Dire que Legend of Zu était attendu avec impatience, aussi bien par les fans que par les détracteurs de Tsui Hark, relève de l’euphémisme. Cette relecture presque vingt ans après le premier Zu devenu aujourd’hui culte, possédait tous les atouts de la superproduction locale (co-production américano-hongkongaise, casting de stars, sfx à tous les étages) et marquait le retour de Tsui dans le genre qui avait fait sa renommée : les films en costumes. Mais Legend of Zu nous donne aussi l’occasion de mettre en perspective la trajectoire d’un Tsui Hark qui dans sa volonté certaine de renouer avec le succès populaire, n’en délaisse pas moins ses expérimentations cinématographiques, au risque de s’aliéner une partie de son public potentiel...

Echec sans appel au box office HK lors de son exploitation en salle, Legend of Zu est aussi un échec critique auprès de la presse asiatique: trop d’effets spéciaux, trop de personnages, scénario inconsistant... Tels sont, en substance, les reproches adressés au film. Il est amusant de noter que ce sont les mêmes reproches qui furent formulés, en leurs temps, à l’encontre du premier Zu. Une autre déception assez commune chez les détracteurs du film touche à l’absence (une seule scène) de combats purement martiaux. L’attente générée par Tigre et Dragon n’est pas bien loin et la présence au casting de Zhang Ziyi n’a rien fait pour l’atténuer. Pour ceux-là, le bilan ne pouvait être que négatif car il était évident, dès le départ, que Legend of Zu ne se rangerait pas dans la catégorie wu xia pian mais plutôt fantasy, tout comme son illustre prédécesseur de 83 qui ne brillait pas, déjà, par le nombre de ses combats martiaux (un seul, et encore...). Etablir une comparaison avec le film de Ang Lee n’a donc que peu de sens et contrairement à l’opinion générale qui attribue la présence de Zhang Ziyi dans Legend of Zu à sa prestation dans CTHD, c’est en réalité sur la base de son travail pour Zhang Yimou dans The Road House (1999) qu’elle fût contactée par Tsui Hark. En effet, bien que sortie en salle après CTHD, la production de Legend Of Zu s’engagea avant que A. Lee ne donne son premier tour de manivelle. La popularité internationale de la jeune actrice chinoise ayant crû de façon considérable entre-temps, c’est fort logiquement (commercialement parlant) que son nom a été mis en avant lors de la promotion du film de Tsui Hark, au risque de créer un décalage entre son rôle secondaire (une dizaine de minutes) et l’importance qui lui est donnée dans les bandes annonces...

Si comparaison il doit y avoir c’est plutôt avec Stormriders qu’il convient de l’effectuer. Et il faut avouer que l’exercice ne tourne pas vraiment à l’avantage du film d’Andrew Lau, au niveau technique comme artistique. Question effets spéciaux, Legend of Zu « se pose là » rien que par la quantité de ses plans retouchés (environ 1500), profondément retouchés. Sans démériter de ce côté-là, Stormriders accuse tout de même le coup, d’autant plus qu’il existe une notable différence d’envergure entres les deux univers : l’un est l’adaptation d’un manga à succès mineur (bof bof le dessin), tandis que l’autre celle d’un récit littéraire fantastique devenu classique. Et cette différence d’envergure nous la retrouvons également dans le profil des deux réalisateurs, avec un Andrew Lau honnête « faiseur » (dans ses bons moments) et un Tsui Hark (que l’on aime ou non) totalement « auteur ». En ce sens les effets spéciaux sur Stormriders sont uniquement présents dans une optique de « fun », à l’image de leur utilisation dans l’industrie des jeux vidéo à laquelle l’esthétique du film doit beaucoup (si ce n’est tout). Autant dire que sorti de ses « gimmicks » vidéo ludiques, le long métrage de Lau perd beaucoup de son « originalité » car tandis qu’il se contente de réutiliser une imagerie déjà établie, Legend of Zu est lui articulé autour d’une réelle vision esthétique au service de laquelle sont mis à contribution les effets numériques. De ce fait, si les références visuelles du monde de Zu empruntent à l’univers des jeux vidéo, elles doivent tout autant (si ce n’est plus) à celui de l’animation, de la bd et bien entendu à l’imagerie des mythologies orientales.

Fort de son goût pour le dessin et la peinture, Tsui Hark s’est fendu de nombreuses illustrations visualisant les montagnes de Zu, reprises ensuite comme base de travail par les artistes chargés de créer les décors en 3D. Le rendu à l’écran de ces derniers s’apparente ainsi, le plus souvent, à ce que peut nous offrir l’animation : couleurs vives et contrastées, textures « altérées », perspectives étirées... On serait presque tenté de parler de « graphismes » vu les nombreux plans se tenant à la lisière du live et de l’animation. Cette impression est renforcée par le travail particulier sur la photo, faisant la part belle à des teintes caractéristiques de la peinture classique chinoise. Le résultat final est effectivement éloigné des canons hollywoodiens, non seulement au niveau du design (après tout nous sommes en pleine culture orientale) mais surtout pour ce qui est de l’allure générale d’effets numériques ne cherchant pas à obtenir le sacro-saint « rendu photo réaliste ».Voilà probablement ce qui se cache derrière le reproche de « trop d’effets spéciaux », car après tout il n’y en a pas plus que dans un Star Wars et le genre de la fantasy, auquel appartient Legend of Zu, implique l’emploi intensif de tels effets. La place des sfx est donc cohérente avec le type du film et il est par conséquent sans objet d’en contester le rôle prépondérant. Il est dès lors bien plus tentant de voir dans cette posture critique un rejet de l’esthétique des sfx plutôt que de leur simple présence...

Il n’en fallait pas moins pour rendre justice à la dimension mythologique du récit: La stylisation extrême y est la règle, les poses sont héroïques à souhait, les personnages possèdent tous une dimension « wagnérienne » et les affrontements entre immortels feraient passer les chevaliers jedis pour de simples illusionnistes de foire. L’intrigue, construite autour de l’éternel combat du bien contre le mal version orientale, nous présente donc des êtres aux capacités surhumaines engagés dans la défense des montagnes de Zu, haut lieu où résident les écoles (ou sectes) de chevaliers immortels. Si l’univers de Legend of Zu reste le même que celui de Zu, Warriors from the Magic Mountain, le ton a résolument changé pour devenir plus grave, avec notamment la disparition de scènes d’humour comme nous en trouvions dans le premier film. Les personnages gagnent ainsi en solennité ce qu’ils perdent en cabotinage, conférant à leurs actions une ampleur épique qui sied bien mieux à l’approche plastique. La contrepartie étant que les spectateurs (en manque d’imagination ?) ayant des difficultés à accepter un univers si baroque n’auront plus la bouée de l’humour pour relativiser leurs impressions : ceux qui restaient naguère insensibles à la poésie des montagnes de Zu pouvaient toujours se rabattre sur les facéties d’un Yuen Biao pour raccrocher le « train » du film (« Comment t’as trouvé ? », « Rigolo ! »), alors qu’ils sont aujourd’hui condamnés à rester à quai faute d’inspiration. Ici aucune volonté de « crédibiliser » les pouvoirs des personnages, nulle intention de donner un semblant de « véracité » (réalisme) à ce monde peuplé de demi-dieux. Au contraire, Tsui Hark plonge allègrement au plus profond du caractère merveilleux, magique, de son matériau de base : on l’admet ou non, tout est affaire de réceptivité avant d’être une question de goût. C’est en cela que Legend of Zu peut être qualifiée d’œuvre sans concessions, car ne se permettant guère de largesses ou de facilités dans sa transposition, sur grand écran, des légendes chinoises.

Entreprise d’édification d’un mythe tout autant que conte philosophique, le film comporte son lot de scènes d’anthologies. De l’attaque des Phantom Troopers (où Cecilia Cheung se révèle flamboyante), digne des meilleurs mangas, à la destruction de Kun Lun et ses montagnes par Insomnia (une scène, les 3 pics détruits en « enfilade », qui sort tout droit de l’anime Histoires de Fantômes Chinois), tout contribue à faire du moindre affrontement un lutte homérique où les mortels n’ont plus vraiment leur place. A cet égard, rarement la transcription en « live » d’un humain doté de la capacité de voler n’aura été aussi bien représentée : entre une gestion de l’espace (le ciel) jouant allègrement de nos perceptions de ses vastes distances et les effets de zoom comme de rotation que permettent l’outil informatique, on a souvent l’impression que les personnages « transpercent » les cieux et l’idée d’accompagner leurs évolutions aériennes par un son « supersonique » s’en trouve encore plus justifiée. Cela ne signifie pas que tous les effets de Legend of Zu sont une réussite et quelques ratés se font bien évidemment sentir par moments. Si dans les plans larges, le dynamisme du vol est parfaitement capté, il en va autrement dans certains plans rapprochés pâtissant d’un statisme et d’une inertie flagrante (Red qui lance ses lames sur Insomnia, Eking Chang et Luis Koo se combattant dans la Blood Cave). Paradoxal quant on sait que Tsui Hark excelle dans les montages dynamiques et dans sa capacité à « étirer » le temps de l’action tout en préservant la sensation de mouvement. Mais ces quelques ratés n’entament jamais durablement l’homogénéité de l’expérience et au vu de la somme de travail fournie en termes techniques,cela reste bien en dessous du seuil critique.

Loin de se résumer en un simple feux d’artifices numériques, cette approche « littérale » d’un récit quasi divin (après tout les montagnes de Zu se présentent comme l’anti-chambre du paradis) n’est pas dénuée d’une valeur fortement métaphorique, traversée par des thématiques typiquement « harkiennes » : le regard critique sur le rôle des religions, le poids des traditions et tout ce qui concourt à un déterminisme social obligeant les individus à se définir en fonction d’idéaux non seulement abstraits, mais en opposition à toute idée d’épanouissement personnel. Le respect de la norme ou la satisfaction des penchants naturels (liberté, amour...) tel est le dilemme au centre duquel se débattent les personnages du film. Que ce soit les disciples de Kun Lun (King Sky et Dawn) et leur idylle condamnée, Red et ses élans d’indépendance doublement responsable de la pérennisation du mal, Hollow (Wu Gang) et sa faiblesse mortelle pour Enigma..., tous payent leurs écarts de conduite. Tiraillés entre des inclinaisons contraires, ces défenseurs d’un ordre « pur » accumulent les renoncements et frustrations à la source desquels se renforce le « mal », miroir inversé d’une société trop policé ? Insomnia ira ainsi puiser son pouvoir dans les propres fondations « magiques » de la montagne de Zu (la « Blood Cave », un nom évocateur quant à l’ambiguïté de la notion de pouvoir), source de la puissance des immortels et symbole du caractère pernicieux (par nature ?) de l’exercice du pouvoir. Pris dans la tenaille d’un dilemme dont les solutions apparaissent diamétralement symétriques (l’inhumanité du « bien » ou la fureur trop humaine du « mal ?») et par conséquent équivalentes, les personnages se trouvent dès lors condamnés à répéter inlassablement les mêmes schémas stériles : incapables de trouver une voie par delà le bien et le mal, enfermés dans leur volonté de puissance parée des atours de la droiture morale, les voilà contraint à demeurer les fantômes d’eux-mêmes (qui a parlé de réincarnation ?), dans un éternel recommencement...

Comme le signalait à juste titre la très bonne critique du Djigen au moment de la sortie du film, « Legend of Zu (est) très proche dans son discours du trop mésestimé Green Snake, dans lequel apparaissent une bonne partie des obsessions du cinéaste : la vacuité de l'ambition, l'impossibilité d'aimer librement, l'impuissance des religions, la corruption qu'engendre le pouvoir (...).En articulant son film autour de personnages dont l'humanité s'effrite (au sens propre comme au figuré), Tsui livre dès ces premières minutes la clé du film : Zu, avec ses montagnes magiques, ses grottes sanglantes et ses lieux de méditation est un labyrinthe où sont représentées symboliquement toutes les tentations (pouvoir, sexualité, indépendance) auxquelles vont être soumis des héros quasiment désincarnés par des années de combats et d'endoctrinement .» Dans Green Snake Tsui Hark abordait ces questions du point de vue d’un « mal » (les esprits serpent) voluptueusement incarné par Maggie Cheung et Joey Wong, aux antipodes de la « chaste » (mais juste) performance d’E. Cheng et de C. Cheung. Quand les « démons » de Green Snake s’humanisent à travers leur animalité (désir, plaisir, procréation), contre le dogmatisme social incarné par le moine hypocrite joué par Chiu Man Chiuk, les héros de Legend of Zu se fixent comme but d’éradiquer toutes ces contingences « bestiales » dans ce qui apparaît comme une entreprise de négation de leur propre part d’humanité. De ce point de vue, l’interprétation dans l’ensemble assez « glacée » à laquelle se livrent les acteurs (intentionnellement ou non) se fond complètement dans le sujet et la prestation plus « vivante » de Zhang Ziyi (après tout c’est le seul personnage mortel de premier plan) est là pour le souligner, en parfait contrepoint.

Œuvre crépusculaire et lyrique (tout comme sa superbe bande son) élaborée autour d’une série de plans qui sont autant de compositions picturales à la beauté fulgurante, Legend of Zu accomplit à sa façon, intuitive et empirique, une synthèse des pratiques artistiques « cousines » issues du cinéma live, de l’animation et des techniques numériques. Le film de Tsui Hark partage finalement quelque chose d’essentiel avec... Avalon, le dernier long métrage de Mamoru Oshii ! Et si la comparaison peut paraître osée c'est que ces deux films le sont… Malgré tout ce qui les éloigne, l’un comme l’autre ont non seulement en commun la thématique de l’aliénation mais surtout le mariage réussi, pour des résultats distincts, entre différents procédés de « mise en image » faisant des effets (spéciaux) -ou de l’effet- ainsi obtenus un vecteur essentiel de la narration. Si Oshii a inventé "la direction d'acteurs assistée par ordinateur", selon l'expression d'un journaliste de Mad Movies, Tsui Hark fait également office de pionnier en nous offrant sans doutes les premiers "truquages numériques poétiques". A ce titre les plans de "fragmentation" de C. Cheung constituent une ellipse narrative d'une puissance d'évocation qui va au-delà de la simple volonté "d'en mettre plein la vue", conférant à l'effet numérique une substance qui lui faisait jusqu'alors défaut dans le cinéma moderne. Avec Legend of Zu on ne dira plus uniquement d'un film à effets spéciaux qu'il est "bien fait" ou "impressionnant", mais aussi qu'il est "beau".



20 mars 2002
par Astec




Le plus beau et le plus abstrait des wu-xia-pan

On commence par le plus évident, à savoir l'esthétique du film qui tout simplement renversante: Le film s'ouvre magnifiquement sur les montagnes de Zu flottants dans l'univers et là y'a de quoi déjà être à genoux devant la beauté picturale de ce premier plan, la technologie actuelle permettant à Tsui Hark de réaliser ses visions les plus folles et les plus grandioses et la suite du film est ne déçoit pas par rapport aux premières impressions: c'est grandiose de bout en bout, on a l'impression d'être revenu au bon vieux temps des peintures sur verre, ce qui change de la froideur de la deuxième version d'"Empire strikes back" par exemple...

Au niveau du design des personnages et des armes, c'est tout aussi magnifique: Les ailes de Louis Koo composée d'une infinité d'épées, la fée Amnesia qui est miniscule et habillée de vêtements rouges du plus bel effet, Cecilia Cheung au début qui reprend le look de Brigitte Lin dans le 1er épisode, l'épée Moon Orb, les Heaven Strikes de Cecilia Cheung qui aparaissent telles des colonnes de fleurs blanches et roses particulièrement destructrices, les Phantom Troopers et leurs armes de type "organiques" qui se détachent en plusieurs morceau pour tuer leurs adversaires sur des distances longues, les disciples de l'école Omei qui volent de montagnes en montagnes tels des étoiles filantes dans le ciel et encore plein d'autres choses aussi bonnes...

Niveau musique, c'est aussi remarquable, car on a droit à un habile mélange de musique orchestrale traditionelle et de musique arabe, ce qui rend le film et son ambiance d'autant plus envoûtante. Et maintenant, la splendeur narrative du film...

...Parcqu'à l'instar de "chinese ghost story 1" et "swordsman 2", l'histoire du film est un émerveillement permanent car il distille sa magie dans chaque scène(d'action ou pas). Commence le premier plan qui est commenté par un monologue qui décrit l'univers de Zu et des ses immortels qui en peuplent les montagnes et qui ont des pouvoirs surhumains. Pas moins d'une minute après le générique, Cecilia Cheung se brise déjà en mille morceaux, effet augmentée par un savant découpage qui donne une ambiance incroyable(ah, le plan du visage qui s'effrite...). Et le déroulement narratif du film regorge d'une quantité incroyable de morceaux de bravoure dans ce genre: Les guerriers qui font des chutes de plusieurs milliers de kilomètres et qui s'enflamment vu la vitesse à laquelle ils tombent, les épées qui détiennent l'esprit de leur propiétaire mort et qu'on réincarne en une nouvelle personne, la possible histoire d'amour entre un guerrier et une fée pas plus grande que son pouce, un guerrier qui ressucite tel le Christ, une simple goutte de sang qui menace l'univers tout entier, et je pourrais continuer comme ça tellement chaque minute du film est traversée par la grâce suprême...

Pour conclure, le génie de Tsui Hark est enfin revenu après de trop longue années d'absence: presque 20 après son prédecesseur, Zu2 est un nouvel ovni dans le paysage cinématographique et peu de films arriveront à un tel niveau d'excellence.



28 octobre 2001
par Alain


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