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Kitchen
les avis de Cinemasie
1 critiques: 4.5/5
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3 critiques: 3.58/5
Une cuisine où l'on resterait volontiers
Formé à l'étranger (la London Film School pour être plus précis) et ayant travaillé à plusieurs postes à la TVB à la fin des années 70 et aux débuts des années 80, Yim Ho fait partie de ce qu'il est habituel d'appeler la "nouvelle vague" hong-kongaise, menée entres autres par Tsui Hark et Ann Hui. Mais Yim Ho n'aura pas autant de chances que ses camarades d'époque: malgré un Red Dust avec Brigitte Lin remarqué à l'époque, la suite de sa carrière s'avèrera plutôt obscure, voire même maudite si on en juge sa triste expérience avec Tsui Hark sur King Of Chess qui fût retourné et remonté dans son dos par le despote de la Film Workshop. La suite de sa carrière ne fera pas beaucoup de vagues jusqu'à ce qu'il s'attaque à l'oeuvre de Banana Yoshimoto. Alors âgée seulement de ving ans à l'époque, l'écrivaine japonaise Banana Yoshimoto fît l'objet d'un engouement international via la publication de ses premières nouvelles dont Kitchen (traduit et disponible en livre de poche) fait partie. L'univers de ces débuts littéraires tourne invariablement autour de la mort et de l'affliction qu'elle crée chez les proches: sujet vaste si il en est et c'est sans doute pour cela que Yim Ho s'est penché dessus vu les mille et une possibilités du traitement de ce thème, quitte à ne plus respecter la version initiale de l'écrivaine (ce qui est le cas et lui a valu des critiques à cet égard). Avant de rentrer dans le vif du sujet, je ferais une rapide parenthèse sur le rôle de Law Kar-Ying en tant que transsexuel, un aspect très casse-gueule à représenter à l'écran vu la façon dont est déjà traité l'homosexualité dans le cinéma mainstream hong-kongais: Yim Ho aborde cela intelligement en ne se focalisant jamais directement sur la spécificité de son personnage mais en la traitant par opposition avec le caractère et le look outrancier de Jordan Chan qui font de lui le vrai "phénomène" qui occupe l'écran tandis que Law Kar-Ying paraît bien effacé par effet de contraste. Sans compter quelques instants comiques où sont montrées les peurs et répulsions de Tomita Yasuko face à la différence de la transsexualité qui désamorcent de façon subtile et efficace une partie du récit qui aurait été trop hors-sujet dans le cas contraire.
Peu folichon et bien réthorique au premier abord, Kitchen aborde la mort de proches sous un angle définitivement romancé et désinhibé, dans le fond assez proche de l'état d'esprit qu'on peut avoir de la mort quand on a vingt ans comme Banana Yoshimoto à l'époque. Dans sa réalisation, Yim Ho se fait l'écho de cet état d'esprit en dilatant les sentiments à l'extrême, enrobant ses personnages d'une forte mélancolie qui donne toute son identité au film. Il se dégage de Kitchen un sentiment d'intimité incomparable créé par la large place qu'accorde Yim Ho aux ambiances typiquement nocturnes de son film: ses personnages ne se dévoilent systématiquement qu'une fois l'obscurité tombée, les confidences et les états d'âmes se transmettant de bouche à oreille par simples chuchotements, contribuant en cela à une proximité inégalée entre le spectateur et les acteurs bien loin du bruit produit par les standards des dialogues des films hong-kongais qui privilégient l'exubérance dans le phrasé. Cet aspect auditif est d'ailleurs très bien relayée par une musique s'inpirant directement de la grande époque de Brian Eno et de sa série Music For Films, cet aspect apaisant contraste fort bien avec l'ampleur des tourments intérieurs auxquels sont confrontés les personnages. Kitchen montre tout du long les réactions et évolutions de ses protagonistes face à la mort, choisissant la résignation et le silence comme bouée de secours provisoire dans un premier temps, la suite des événèments montrent leur lente reconstruction psychologique, l'acceptation de la disparition de l'autre mais là où Kitchen devient vraiment pertinent c'est par le jeu de miroir qu'il effectue entre sa première et deuxième heure, interchangeant radicalement les points de vue et posant un regard neuf à mi-parcours sur sa propre progression: la fatalité touchant Jordan Chan, ce sera à Tomita Yasuko de lui transmettre son expérience du deuil et d'effectuer son propre bilan personnel. Il est clair que le monde dépeint par Kitchen est fortement empreint de tristesse et de douleurs sourdes mais c'est là que le regard de Banana Yoshimoto s'avère salvateur car à toute cette dépression apparente, elle apporte sa fraîcheur juvénile et c'est ainsi que s'inscrit au fur et à mesure du film une pensée délibérement positive et optimiste qui au lieu d'éclater de façon extravagante, boucle le film sur un final simple et magnifique de par sa retenue faisant de Kitchen l'un des meilleurs films sur le deuil.
Un film qui mélange drame et comédie, avec un casting sympa, ça paraissait plutôt bien engagé (sans compter les excellentes critiques).
Malheureusement pour ma part je n'ai vraiment pas partagé cet enthousiasme. La première partie du film est tout de même correcte, rien de vraiment excitant mais bon vu le sujet.... Ensuite, à la mort d'un personnage, le film commence vraiment à plomber le spectateur, les plans sont trop longs, il ne se passe rien et on bascule dans la mièvrerie, bref l'ennui et le désintérêt s'installent jusqu'au bout du film.
Globalement le film est bien trop long et n'arrive pas à la hauteur de ses prétentions, à savoir une réflexion douce amère sur le deuil.
Ok ce n'est pas vraiment mon genre de film préféré mais malgré quelques qualités (pudeur, ambiance..), mais ce KITCHEN me donne l'impression de ne pas être assez travaillé au niveau scénario et script.
Dommage, pour une fois qu'à Hong kong on essaie de faire sobre et intelligent...