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Kilimanjaro
les avis de Cinemasie
2 critiques: 2.75/5
vos avis
7 critiques: 3.32/5
Neige (trop) Kitanienne
Si son incursion dans le film noir fait preuve de moins d'originalité qu'un Kim Ki Duk ou qu'un Lee Chang Dong, Oh Seung Wuk -ancien assistant-réalisateur du second- trousse un polar correct.
Le gros point fort de Kilimanjaro est tout d'abord son ambiance crée par une mise en scène comportant très peu d'effets: quelques moments où les mouvements de caméra sont dynamiques, une scène dont le jeu sur les reflets évoque le thème de la géméllité dans le film, l'utilisation de la focale qui rend flou un arrière-plan mobile et fait dès lors de cette partie le centre d'attraction du cadre, la caméra qui se déplace lors du suicide du début pour nous dire qu'il est trop horrible pour etre montré et enfin s'attarder sur un cadre représentant des gangsters insouciants comportant une goutte de sang pour souligner un destin tragique. La réalisation s'efface de façon assez bienvenue devant un univers assez désespéré en lui-meme pour ne pas avoir besoin que cet aspect soit surligné. Le score sonne parfois de façon hisaishienne mais est très entetant. Il offre également des solos de guitare années 80 nostalgiques, un travail sur les bruits sourds. Tout cela contribue à faire de Kilimanjaro un film qui pue la mort la plupart du temps et réussit à faire ressentir au spectateur le nihilisme de son sujet: c'est un peu un rip off de ce versant du Kitano des débuts sans la richesse du commentaire social mais on y sent malgré tout une tristesse dans le regard de cinéaste d'Oh Seung Wuk sur le destin de ses "héros". Spoilers Noirceur qui culminera dans une scène de roulette russe en huis clos suivie d'un canardage à la Reservoir Dogs et dans une fin noire sous la neige. Fin Spoilers Rythmiquement, le film est bien construit et fait bien ressentir la mort à l'oeuvre ici. Une des autres bonnes surprises du film pour un film coréen est sa direction d'acteurs: alors que les jeux surexpressifs sonnaient assez souvent faux dans le cinéma coréen récent et n'arrivaient pas de ce point de vue à la cheville de HK, les acteurs sont ici très convaincants dans ce registre avec un Anh Sung Ki égal à lui-meme c'est à dire impérial. L'idée de gémellité est également bien exploitée thématiquement et narrativement et le spectateur est très ému de voir le "héros" se mettre littéralement dans les pas de son double jusqu'à épouser son destin tragique.
Pour ce qui est des défauts du film, on a le coté un peu abracadabrantesque du ressort narratif de la gémellité qui ressemble à un artifice scénaristique -genant parce qu'on est dans un film à la tonalité réaliste, pas dans Face/off- mais ce défaut s'oublie une fois la seconde partie enclenchée. Sinon, le film a du mal à ne pas faire penser à Kitano -ce qui reste toujours mieux que de faire penser à un blockbuster us-: les digressions comiques à la Sonatine, les multiples plans de bord de mer et de neige, le coté polar fondé plus sur l'attente que sur les scènes à faire, les gouttes de piano hisaishiennes mentionnées plus haut. Mais heureusement la musique réussit par les tonalités mortuaires ou nostalgiques prises par moments à faire en partie oublier l'impression de déjà vu en mieux qui risquerait de se dégager de ces scènes. Et ce manque de personnalité est également compensé par l'ambiance pesante du film. Kilimanjaro ne vaut donc que par son ambiance mais l'ambiance compte pour une grande part dès qu'il s'agit de film noir.
Vu les mauvaises kitaneries vues ici et là en Corée et au Japon, ce "à la manière de" bien fait se laisse voir. Mais c'est ce point qui fait aussi sa limite...
La beauté du noir
Il y'a de ces films qui vous skotchent à votre siège dès la première image et Killimanjaro en fait assurément partie. Le film s'ouvre sur le visage de Park Shin-Yang cloué au sol et là, deux coups de feu surpuissants font sursauter le spectateur qui ne s''atend pas à une telle entrée en matière. Le sang coule, on croit que c'est celui de Park Shin-Yang mais cette supposition est bien vite balayée lorsque l'instant d'après, on découvre que c'est le sang de deux enfants ligotés et la scène ne s'arrête pas là et montre leur père(frère jumeau du héros) se faire sauter à son tour la cervelle. Une scène choc et puissante qui laisse sans voix et à le mérite de clairement annoncer la tonalité sombre du film. Mais attention, sombre ne veut pas dire étalage de scènes chocs et violentes car plutôt que de choisir cette facilité, le film va surtout s'appliquer à développer ses personnages et évidemment dans un premeir lieu, celui de Park Shin-Yang, un flic violent, antipathique et pourri jusqu'à la moëlle au côté duquel son frère gangster et défunt fait figure d'humanité. Suspendu de ses fonctions, Park Shin-Yang part donc sur les traces de son frère et dans son village maritime d'origine.A cause de sa ressemblance, il sera donc appeler à intégrer une petite bande de "vieux" gangsters menés par Ahn Sung-Ki. A ce niveau-ci de l'histoire, on pourrait s'attendre à une banale histoire de flic undercover à la City on Fire mille fois vue mais c'est là que Killimanjaro prend une direction beaucoup moins attendue car par dépit et sans but, il reprendra la vie qu'a laissé son frère.
A vrai dire, on doute pendant tout le film que la petite bande d'Ahn Sung-Ki soit réellement issue du crime. Le film nous les présente plutôt sous un angle kitanesque où il passe plus de temps ensemble à baigner dans une sorte d'insouciance(les moments sur la plage, la partie de foot,etc...), à vivre dans leur propre monde. Mais évidemment, ils font déjà partie de la "vieille" génération et c'est ce qu'un petit caïd local leur fera comprendre. A ce point-ci de l'histoire, on pourra très facilement faire des rapprochements avec Green Fish tant on retrouve ici cette thématique du changement inéluctable au fil des générations et dans un sens, le personnage d'Ahn Sung-Ki est identique à celui de Moon Seung-Kun à la fin de Green Fish et le côté "usé" que transporte Ahn Sung-Ki de films en films donne un réel plus à son jeu comme d'habitude irréprochable. De même que cette condition de changement semble être immuable, on accordera aussi une certaine importance à une phrase en apparence anodine de la part de l'évangéliste du groupe qui pointe le fait que le Mal est quelque chose d'inévitable et qu'il faut se plier à cette "loi de Dieu": cette phrase est parfaitement illustrée lorsque sa femme se fait battre et son restaurant saccagé, Ahn Sung-Ki reste dans cette position de renoncement, de fatalité. Et c'est avec cette logique implacable qui fait le charme et l'intensité des films noirs qu'un simple acte de trop entraînera tous les personnages vers le point de non-retour et la folie, ce qui donne droit à une scène à la longueur quasi maladive tant tout devient possible et qu'il en devient impossible de prédire qui en sortira vivant. Une deuxième scène choc qui fait écho à la première et achève d'entraîner le film dans le bourbier de l'humanité, un lieu déplaisant à voir mais que le film nous montre quand même pour finalement aboutir à une conclusion logique et pessimiste au possible.
Réalisé quasiment sans effets de style(hormis quelques fondus au noir à la fin) et de façon lente et réaliste (et qui plus est, doté d'une musique discrète mais parfaitement dans le ton du film), Killimanjaro est vraiment le genre de films auquel on ne s'attend pas et qui devient au fur et à mesure du temps l'un de ces excellents petits films qui vous trottent dans la tête longtemps après leur vision.
Artificiel, artificiel...
Le cinéma coréen semble ne pas avoir d'identité propre. Il ne cesse de se réfugier dans des références, et il tente de s'approprier les acquis d'autres cinématographies.
Symbole d'un manque d'inspiration latent ? Révérence de l'hommage ? Copiage sauvage ?
Autant de questionnements qui semblent se confirmer à la vue de ce Kilimanjaro, film intéressant, mais sans personnalité.
Le réalisateur enferme son cinéma dans l'espace étroit de sa méthodique science du copiage. Méthodique, car malignement amené, donc pas très honnête finalement, tant tout est agencé de manière à berner le spectateur.
Du début à la fin se film tourne en rond, ne sait où se positionner, la mise en scène utilise tout un tas d'artifices, comme cette violence séche et sans concession qui débute et clôt le déroulement. Des images choc et un peu chic tellement inutiles et opportunistes qui cachent un profond manque de personnalité.
Les références ne manquent pas, Kitano, Harada, Ishii, tapant du côté du pays du soleil levant, celui du matin calme en perd la moindre once de sincérité.
Malgré tous ces défauts, ce film reste tout de même une oeuvre forte et maîtrisée.
A voir donc, en prenant en compte ces paramètres indéniables qui peuvent gêner, mais qui en aucun cas n'entrave la marche en avant de ce cinéma du spectacle. Qui vivra verra.
Du noir social, crasseux, humain et sans concession, sa violence viscérale à peine lavée par la neige du décor, élément principal. Bien foutu sur toute la ligne, porté par deux acteurs excellents (dont un Ahn Sung-Ki monumental), l'intérêt du film est un peu entamé par une complaisance dans la noirceur un poil artificiel étant donné la thématique du point de départ. Des inspirations kitaniennes un peu flagrantes, il est vrai... mais un très bon film au demeurant.
Un inspecteur de police efficace et antipathique assite impuissant au suicide de son frère jumeau. Suspendu jusqu’à l’issue de l’affaire, il décide alors de retourner là où son frère a habité pendant une longue péroide obscure de sa vie, un village quelque part dans le nord, là où la neige lave tout mais où l’homme n’oublie rien…
« Kilimanjaro » est un film brutal. Il démarre brutalement, s’étire brutalement, se clôt brutalement. Le spectateur à l’âme sensible lui préférera quelque chose de plus linéaire et inoffensif ; l’autre, volontaire, se pliera aux règles de ce polar sans concessions, illustrant avec pas mal de talents le talent naturel pour la violence du cinéma coréen. Le voyage vaut-il le prix du billet ? Oui. Car à l’instar du chef d’œuvre « Sympathy For Mister Vengeance », le film de Oh Seung-Wuk, plus mineur cependant, fait partie de ces films qui laissent un goût désagréable dans la bouche, tant la joie et l’optimisme sont cruellement absents, et tant la chose est montrée avec talent.
Parce que si la réalisation ne prend pas trop de risques (il n’y a pour ainsi dire aucun effet de style), elle a le mérite de filmer ce qu’il faut, là où ça fait mal ; proche d’un cadrage à la Kitano, posée, distante, elle confère au drame de l’histoire tout le réalisme absurde qu’il lui faut. A ce titre, le film est une sorte de pendant sadique et plus linéaire au cinéma de Kitano (rapports humains autistes, jeux de plages, gangsters stupides). Linéaire parce que la trame, si sa froideur (c’est le mot) la démarque du lot, suit la construction narrative habituelle ; sadique parce que… parce que.
Il faut pour le savoir « vivre » « Kilimanjaro », dont les acteurs sont les piliers dramatiques indestructibles : Ahn Sung-Ki est décidément un acteur formidable (chaleureux, naturel, paternel presque, il épouse chaque rôle avec une dégaine différente et le même aura qui fait les grands), et Park Shin-Yang (« White Valentine », « Indian Summer »), d’habitude assez transparent, est ici spectaculairement inhumain, en phase totale avec le film, achevant de faire de « Kilimanjaro » un film fort et intelligent, bref à voir.