Combat sans concessions
La Chine est-elle la nouvelle patrie du western ? Après notamment un Blind Shaft décrivant un monde dominé uniquement par les intérêts de l’argent au mépris de la vie humaine, Mountain Patrol s’avère être un réel choc, tant son histoire est belle, tant l’environnement qu’il donne à voir est sauvage et cru mais d’une authenticité qui laisse abasourdi. Cet environnement, c’est le Kekexili, une région de hauts plateaux du Tibet culminant à 5 000 mètres d’altitude, dont les conditions extrêmes (vent glacial, manque d’oxygène, sables mouvants,…) n’empêchent pas les hommes de tenter d’y survivre. Et pour cela, tous les moyens sont bons, y compris l’extermination des antilopes pour la vente lucrative de leurs peaux, une pratique condamnable qui pousse des mercenaires écolos, fiers de leur culture, de leurs traditions, et conscients de devoir laisser à leurs successeurs leur terre comme ils l’ont trouvée, à les pourchasser au péril de leur vie. A leur tête, le très charismatique Ri Tai, un véritable leader capable de prendre des décisions dures mais justes de manière instantanée, un magnifique personnage qui n’hésite pas à dire par exemple à un vieux braconnier « Je ne peux pas continuer à t’emmener, je n’ai plus de nourriture ni d’essence. Tu as 300 km à parcourir à pied pour rejoindre la vallée. Si tu n’y arrives pas, c’est que c’était ton destin… ». Une vision de la mort encore plus radicale que le fameux « Tranche-toi les veines, ça ira plus vite - et bon Voyage ! » d'Apocalypto.
Traque passionnante de bout en bout, parfois hypnotique, parsemé d’images marquantes, Mountain Patrol fait parfois penser au Vampires de John Carpenter, mais avec une dimension spirituelle et même politique (résistance du Tibet contre le totalitarisme chinois ?) qui en fait une des plus belles surprises du cinéma asiatique en 2004. Vivement conseillé.
Born to be wild
A 5000 m d'altitude, quelques hommes luttent contre le trafique de fourrure qui décime les antilopes tibétaines. Présenté comme ça, cela ne donne pas forcément très envie de voir le film. Heureusement le scénario n'est pas tombé dans les mains d'un producteur hollywoodien, ici pas d'ode à la nature qu'il faut préserver, pas de grand méchant vénal ou de justicier héroïque. Si l'histoire racontée est vraie, c'est l'authenticité dans l'abord du sujet qui convainc. L'âpreté des images rend hommage à la vraie vedette du film: la nature. Et face à elle, le destin des hommes semblerait dérisoire si justement ils n'étaient pas eux aussi partie intégrante de cette représentation. C'est cela que le film rend le mieux, ce lien naturel qui lie ces hommes à leur terre, et nous nous retrouvons plonger dans ce qui est peut-être un des derniers bastions naturels de notre planète. Kekexili est d'ailleurs assez proche du documentaire, mais n'ayez pas peur vous vous laisserez prendre par ce film comme on peut se laisser emporter par une belle histoire.
08 décembre 2004
par
jeffy
Intéréssant mais trop inégal.
Kekexili - La Patrouille Sauvage fait en partie penser à HAWKS dans sa façon de suivre un groupe d'hommes en mission en n'hésitant pas à prenre le temps de s'attarder sur les moments de détente, de bavardage, le hors action. L'utilisation du format Scope pour faire du (grand) espace tibétain un véritable personnage du film renvoie elle au western. En contrepoint de ces vélléités de western tibétain, l'usage épisodique de la caméra à l'épaule semble renvoyer à une intention plus documentaire. Ce potentiel est pourtant en partie gâché. LU Chuan se montre moins convaincant dans le filmage caméra à l'épaule que dans l'usage du panoramique. Surtout, les scènes hors action sont d'une réussite inégale, rendant le film trop long alors que sa durée est celle d'une bonne série B. Dommage.
Beau et dur à la fois, comme le Kekexili d'ailleurs.
J'ai vraiment bien aimé ce film, beau et dur à la fois. Comme l'endroit où il a été tourné d'ailleurs. J'ai lu dans une interview de Lu Chuan, que la quasi-totalité de l'équipe a subi le phénomène "AMS" (une maladie dû au manque d'oxygène en haute altitude qui, peut parfois devenir mortel.
Au début, je n'avais pas l'intention d'aller le voir. À cause de l'affiche je crois, ça me faisait trop penser à un truc de la défense de la nature... Puis, j'ai lu un petit feuillet, qui parlait du film, des péripéties. C'est le côté poursuite entre la patrouille et les braconniers qui m'a décidé, je ne l'ai pas regretté : de bons acteurs, une bonne réalisation, une photographie magnifique, et une histoire très dur (inspirée de fait réel).
Film choc
Dur à encaisser, une telle férocité, malgré le silence et le vide, reste impressionnante, le film apparait juste jusqu'au bout et évite les exces. Heureusement, le générique de fin apporte un peu de réconfort, histoire de ne pas sombrer completement.
Créatures féroces
Une magnifique fable écologique et une date à marquer dans l'Histoire du cinéma chinois, car premier film à être autorisé malgré la représentation assez dure de la société chinoise ET l'autorisation accordée à un tournage au Tibet.
Si le film ne verse certes pas dans le pouvoir dénonciateur d'un "Blind Shaft", cette reconstitution historique de la véritable patrouille ayant circulé de 1993 à 1996 reste pourtant d'une force revendicative suffisante et de surprenants moments de violence entre personnes. Les patrouilleurs ne sont certes pas de tendres face à des braconniers, qui n'ont rien à perdre et ne veulent surtout pas croupir dans les prisons chinoises; d'où de violents affrontements au milieu de nulle part - ou plutôt au milieu de paysages tout simplement somptueuses.
Film d'aventures rempli à craquer de maintes aventures, la Nature est finalement bien plus redoutable encore que le caractère imprévisible des méchants de l'histoire et réserve de nombreuses aventures aux protagonistes. Personne n'est épargné d'une soudaine mort inattendue et le film regorge de retournements de situations totalement inattendus.
Film à voir impérativement sur grand écran pour se laisser envoûter par les somptueux paysages, ce puissant film d'aventures étonne par la reconstitution des faits véridiques d'un autre pan inconnu de la vaste histoire chinoise.
magnifique
un tel film n'est en soi pas un grand film cinématographiquement parlant, mais il est intéressant à plus d'un titre: d'abord parce qu'il est basé sur des faits réels s'étant déroulés de 93 à 98, ensuite parce qu'il se passe au Tibet actuel d'ou il ne sort quasiment aucun film. ici le propos n'est pas le fait que le Tibet soit une région chinoise ou un pays colonisé, ce n'est pas le sujet, il s'agit de la lutte à mort entre les braconniers (chinois et tibétains en sous main) et une patrouille combattant ces massacreurs d'antilope liés à la mafia.
le film n'est pas trépidant cependant on ne s'ennuie pas car c'est bien prenant, les acteurs tibétains et chinois assurent ce qu'il faut et la photo est bien rendue, malgré le peu de moyens (filmé en dv?).
un beau film dur, réaliste, documentaire bref à voir si vous vous intéressez à c ce pays.
ps: evitez l'edition GUANGDAONG FACE video, avec logo toute les 5 minutes , méga lourd
le souffle court mais suffisant
Ce n'est pas un excellent film, ce n'est pas un film defendant je ne sais quelle cause ecologiste, ce n'est pas pas ce film si engagé auquel je m'attendais ... mais je l'aime d'autant plus qu'il parle de de la conviction jusqu'au boutiste d'une poignée d'hommes...il est apre jusqu'à froler parfois l'image. pas toujours. quelque fois celle -ci est un peu trop belle. C'est un film qui bavarde de temps en temps à coup de vide un peu comme cette cause. l'hesitation incessante entre la fiction et le documentaire ne devient franchement lourde que dans le texte de fin .
mais tout ces petits defauts en font aussi les qualités. un film un peu brute(dans tout les sens du terme...)
Beau et dur, certes, mais inabouti
Bon, devant les critiques dithyrambiques qui commencent à pleuvoir sur ce film et avant sa prochaine sortie en grand dans les salles françaises, je pense qu'il devient nécessaire de calmer un peu le jeu sans quoi certains risquent de se retrouver bien déçus...
Premièrement, le fait que la photographie magnifie de manière impressionnante la nature sauvage de cette partie du plateau tibétain ne suffit pas à faire de Kekexili un film sauvage et beau en lui même. Ensuite, présenter cette histoire réelle sur un ton de semi-documentaire, montrer la vie et la mission terriblement dure de ces gardes-chasse du bout du monde est certes louable mais ne suffit pas non plus à en faire un film fort. Le sujet est grave et les situations proposées critiques mais un film se doit de réserver d'avantage qu'un fond dur et un amoncellement de situations tragiques pour le soutenir. Il doit proposer une histoire, à minima un récit organisé. Et c'est principalement là que l'aventure aura pèché selon moi, Lu Chuan n'ayant pas vraiment su faire la part entre le faux documentaire et la vraie fiction. Pour ma part, j'aurais préféré voir un film traité comme un pur documentaire (même interprété) et ne tentant pas de lorgner vers la fiction par de vaines digressions qui ne font que briser l'ambiance. Entre autres, que vient donc faire cette pseudo histoire romantique à deux yuan au beau milieu de l'aventure ? Pourquoi donc vouloir "construire" des personnages avec une histoire et tout l'tintouin comme dans un "vrai" film ? Autre point génant, la vision peu claire de l'histoire qui nous est donnée par la caméra. Il aurait là aussi fallu opter résolument entre le documentaire en vision quasi suggestive (celle du caméraman de l'équipe de reportage) et la présentation totalement extérieure aux personnages que l'on retrouve dans une fiction. Cela aurait permis de donner un plus grand impact que cette recherche non aboutie.
Tout ça pour dire à quel point ce film ne m'a pas autant emballé que je l'espérais. OK, c'est beau le Tibet vu par Lu Chuan et l'histoire elle est achtement dure et que c'est vraiment trop bien d'en avoir parler. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas à faire un bon film. En l'occurrence, je pense qu'on a juste ici un film de festival un peu bancal mais qui pourra faire sensation avec son sujet "mode", ses images magnifiques et ses quelques scènes fortes. Si seulement le récit en avait été travaillé avec moins de maladresse et présenté avec plus de modestie, je suis persuadé qu'il aurait pu atteindre à l'universalité d'un
"State of Dogs".
Dernier petit point que je souhaite soulever car il risque de faire débat : Kekexili n'est pas un film militant. Pas essentiellement, du moins. C'est un film tout à fait officiel et ayant bénéficié d'un appui médiatique non négligeable en Chine pendant toute son élaboration tels que présentations et interviews diverses sur quelques sites nationaux autorisés (ce qui n'est pas le cas de tous). Laissons donc tomber nos vieilles images sur les relations et l'histoire sino-tibétaine modernes car, qu'on se le dise dans les salons occidentaux bien-pensants, la Chine n'est plus ce qu'elle était (le Tibet non plus, d'ailleurs...). En particulier, sa propagande a depuis quelques temps pris elle aussi le tournant de la modernité en affichant l'ouverture (suivant le principe du "ce qu'on ne peut contraindre, développons-le à notre manière") et n'hésitant pas à se montrer comme ici "utilement" (mais sans implication sérieuse) auto-critique afin de mieux diriger l'attention extérieure.
Bref, si la démarche initiale laisse transparaitre une évolution louable, tout cela est à relativiser dans un sens comme dans l'autre (point trop d'entousiasme dans l'espoir comme dans la critique). De mon coté, je conserve l'idée que ce n'est pas la nature qui aura eut ici le dernier mot... ^___^