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Les Anges Déchus

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les avis de Cinemasie

15 critiques: 4.22/5

vos avis

79 critiques: 4.13/5



Xavier Chanoine 4.5 Chef d'oeuvre absolu de modernité
Tenebres83 4
Sonatine 4 "Aprés Chungking Express : Fallen Angels"
Ryoga 4
Ordell Robbie 4 Anges de la Vengeance
MLF 5 un film émotion: à ressentir
Junta 4 Hypnotique.
jeffy 4.25 Superbe, déroutant, attachant...
Ikari Gendo 4 Un film à l’esthétique parfaite
Ghost Dog 5 La suite de Chungking Express, encore plus chaotique et tout aussi fascinante
François 4 Un film magnifique dans le style caractéristique de Wong Kar Wai : déroutant ma...
Flying Marmotte 3.5 Visuelement magnifique, mais un peu complexe
Elise 4
drélium 4 Un film à vivre avec le coeur... et avec les yeux.
Anel 5
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Chef d'oeuvre absolu de modernité

Fallen Angels est une grosse métaphore. Métaphore sur la solitude et l'amour impossible, sorte d'immense puzzle qui se construit au fur et à mesure et dont Wong Kar-Wai en est le principal artisan. Il faut bien dire qu'au-delà de ses qualités artistiques évidentes, cette suite de Chungking Express est un formidable forum de rencontres nocturnes toutes plus bizarres les unes que les autres, pas étonnant quand on sait qu'on fait souvent de drôles de rencontres dans Hong Kong, ville qui ne dort jamais. Ici, Wong Kar-Wai s'attarde à dresser le portrait de paumés et tueurs à gage, protagonistes qui à l'instar de Chungking Express (voir même de toutes les réalisations du cinéaste) finiront tous par se croiser par le plus grand des hasards. Des personnages aussi différents que finalement complémentaires.

Dans ce climat de chaos, on fait la rencontre de deux gangsters interprétés par Leon Lai et Michelle Reis. Introduction brute, gunfights pétaradants et artistiquement réussis. Le ton est donné, personne n'ira cueillir des fleurs ce soir au parc, préférant écumer les bars et les virées nocturnes en moto ou en camion glace. Présentation des deux personnages donc, à la fois heureux de leur travail sanguinaire et tristes de leur solitude. Leon Lai passe son temps dans le noir, projecteur sur son visage. Michelle Reis (troublante de beauté) elle, parait faire la pute dans des hôtels crades mais ce n'est que son image de fille paumée qui m'y fait penser. Elle préfère se masturber sur son lit et s'évader vers de belles contrées (elle en jouit) ou alors d'autres plus terribles (elle en pleure), métaphore remarquable sur la solitude et l'explosion de sentiments personnels. Ensuite on fait la rencontre -inoubliable- de deux personnages hilarants que sont Takeshi Kaneshiro (un muet He Zhiwu) et Charlie Young (appelée ici tout bêtement Charlie), opposés à la première approche (l'un ne parle pas, l'autre ne fait que brailler) mais finalement complémentaires dans leur solitude et leur manque d'affection. On découvre d'abord Kaneshiro dans un rôle de dégénéré, n'hésitant pas à racketter les clients de ses nombreux jobs. A propos de racket, quelques scènes s'avèrent purement incroyables comme lorsque Fai-Hung Chan se voit obliger d'être shampooiné et rasé, avant d'être forcé à s'engloutir des cornets de glace jusqu'à plus faim. Les feintes de ce dernier ne suffisent pas, Kaneshiro est plus rapide! Franchement sidérante, une scène très grasse mais qui reste largement plus subtile qu'on ne pense grâce à une mise en scène démentielle et une approche du burlesque loin d'être aussi facile que dans toute comédie grassouillette. La rencontre avec Charlie Young quant à elle, représente le summum du chaos qui règne à Hong Kong. Son monologue (sur près de 15 minutes!) reste le plus impressionnant qu'il m'ait été donné de voir chez elle, loin de la jeune fille aimable et roublarde de The Lovers ou de la très silencieuse de Les Cendres du temps. Sa virée nocturne avec Kaneshiro est le reflet du bordel ambiant de Hong Kong by night. Pour finir, on trouve deux personnages atypiques comme Blondie (interprétée par Karen Mok), sorte de tueuse Punkie et surtout gros clin d'oeil à sa jumelle de Chungking Express, jouée par Brigitte Lin. Les clins d'oeil à Chungking ne s'arrêtent pas qu'ici, mais nous y reviendrons plus tard. Enfin, les quelques moments passés avec le père de He Zhiwu représentent des séquences de bonheur en "famille", de pureté et de joie de vivre, à cent mille lieux du climax d'ensemble du long-métrage mettant l'accent sur la "déchéance" des personnages.

Fallen angels est donc un immense carrefour de rencontres hallucinantes, comme l'était à moindre mesure Chungking Express, peuplée de personnage tout de même moins destroy qu'ici même, ou en fin de compte moins déjantés. Il mettait l'accent sur l'amour possible/impossible entre Tony Leung et Faye Wong, alors que pour Fallen, l'issue est évidente, personne n'y trouvera son compte malgré les efforts de chacun. Si Michelle Reis est l'archétype même de la femme désolée et littéralement larguée, l'espoir émane de He Zhiwu même si sa potentielle relation avec Charlie prendra l'eau, le tueur interprété par Leon Lai finira quoiqu'il arrive avec une balle entre les deux yeux (métier de tueur à gage oblige), Blondie sombrera dans l'anonymat total malgré sa perruque blonde, etc, etc. Il n'a pas d'ange déchus qu'au niveau du titre, Wong Kar-Wai n'est pas un sombre blagueur. Ceci dit cela ne l'empêche pas de faire quelques clins d'oeil amusant à son Chungking Express, en le citant carrément (les innombrables snakes du même type, le père de Kaneshiro qui bossait à Chungking) ou en reprenant ses courbes esthétiques que ce soit au niveau du look des protagonistes (le personnage de Blondie) ou de la réalisation en générale. Une réalisation en tout point extraordinaire (rarement vu un tel résultat caméra sur épaule) filmant sans cesse juste malgré le chaos général ambiant. De plus, si la musique est moins marquante que celle de Chungking ou Nos Années Sauvages, son utilisation reste incroyablement maîtrisée. Un chef d'oeuvre absolu, quoi.

Esthétique : 4.75/5 - Du grand et beau travail. Aussi hallucinatoire que Hong Kong by night. Musique : 4.25/5 - Des chansons à mon sens moins percutantes, mais toujours parfaitement utilisées pour accompagner les images. Interprétation : 4.5/5 - Personnages ambigus et dépassés, monologue sidérant de Charlie Young, émotions de tous les instants... Scénario : 4/5 - Suite de Chungking, ou une autre descente aux enfers sous extas’.



07 novembre 2006
par Xavier Chanoine




"Aprés Chungking Express : Fallen Angels"

Un an après "Chungking Express", Wong Kar Wai décide de compléter sa magnifique fresque et signe ce non moins excellent "Fallen Angels". Là encore une brochette de stars : Takeshi Kaneshiro, Charlie Young, Michelle Reis, Leon Lai et Karen Mok, qui sous la direction de cet auteur, prennent une dimension unique et offrent des prestations remarquable. Deux histoires d’amour (dont un triangle romantique) permet à Wong Kar Wai de nous offrir une fois de plus, un film plein de nostalgie qui laissera rêveur de nombreux cinéphiles.

22 octobre 2000
par Sonatine




Anges de la Vengeance

Rien que parce qu'il est annonciateur du traitement que la Milkyway fera subir au polar made in HK, Fallen Angels fait date. A cette époque-là, le polar hongkongais était partagé entre deux écoles: d'un côté, l'héroïsation à coup de ralentis wooiens, de l'autre une tendance plus sèche, plus proches des séries B seventies signées Friedkin ou Siegel agrémentées des thèmes d'honneur et de fidélité du Hero Movie et incarnée par Ringo Lam et Kirk Wong. A ce moment-là, la Woo's touch commençait à être intégrée par Hollywood à sa grammaire du cinéma d'action. On me dira que Chung King Express avait déjà commencé cette relecture du monde des tueurs professionnels au travers du personnage de Brigitte Lin mais ce film ne se voulait pas un polar et surtout elle n'était pas une figure centrale de l'intrigue.

De ce point de vue, le film de Wong Kar Wai, même s'il est basé sur des histoires qui auraient pu finir dans Chung King Express, se rapproche un peu plus des Cendres du Temps. Dans les deux cas, on a des tueurs solitaires, des mercenaires qui travaillent sous contrat tout en étant obsédés par la magie de la rencontre amoureuse. Mais à la différence de ses chevaliers à la saleté léonienne, ses tueurs, s'ils ne portent pas d'uniformes melvilliens, ne sont pas dénués de glamour: ses héros urbains roulent des mécaniques commes de Dieux à coup de clopes; quand ils préparent l'exécution de leurs contrats, ils sortent leurs "deux précautions valent mieux qu'une" avec autant de cérémonial tapageur que les héros wooiens. Tant qu'on y est, la grande caractéristique de Fallen Angels, c'est sa surenchère de la Wong Kar Wai's touch: c'est son film où abondent le plus les grands angles, où les accélérations et les ralentis sont les plus soulignés.

Et s'il est un moment où cette surenchère fait merveille, ce sont lors des exécutions de contrats: chez Woo, lorsqu'on brandit deux flingues, on tombe dans la chorégraphie, la surenchère dramatique; ici, c'est plutôt le chaos dont la mise en scène se fait la traductrice, de cette vitesse désordonnée de la vie hongkongaise, ces moments-là ont une dimension de vrai vertige. Un peu comme Fukasaku créait une forme heurtée pour rendre compte des marchés noirs du Japon de l'immédiat après-guerre, Wong Kar Wai, expérimente, pousse à l'extrême son style pour rendre compte de la vitesse, de l'énergie d'une ville et de ses "quartiers chauds" à l'aube de la Rétrocession. Dans ces moments-là, Wong Kar Wai annonce le traitement heurté, série B, fait d'inventivité visuelle permanente qui caractérisera le style des polars Milkyway, notamment l'inaugural the Odd One Dies qui pourrait se voir comme un prolongement au niveau narratif et formel de l'univers de Fallen Angels. Et Wong Kar Wai réussit le tour de force de filmer des scènes de genre avec un montage frénétique mais juste assez pour ne pas sombrer dans l'épilepsie MTV (ce qui ne sera pas le cas des autres suiveurs que sont les Pang Brothers).

La limite du film, c'est que cette approche de mise en scène sans temps morts est aussi utilisée -certes de façon moins rapide- dans les moments creux et que la caméra se met alors toujours à tourner, à faire sa reine dans les moments de répit, de solitude et que Wong Kar Wai tombe alors dans le travers de ses suiveurs peu inspirés: la peur de faire ressentir les moments de calme, de faire une pause dans le rythme pour diffuser le sentiment de durée alors qu'un Chung King Express n'avait pas peur de ralentir par moments la cadence. On me répondra par le cas Tsui Hark et sa frénésie permanente sauf que les derniers Tsui Hark n'ont aucun temps mort dans leurs scénarios. En voulant continuer à jouer les virtuoses plutôt que d'épouser les sentiments de ses personnages, Wong Kar Wai finit par moments par s'autoparodier. Du coup, le film donne paradoxalement encore plus l'impression de tourner en rond dans ces moments-là. Il n'y a pas de mal à faire un film où le style serait moteur de la narration si le style permet de rendre compte la progression du sentiments des personnages, de raconter un vécu de l'émotion qui est au moins aussi fort que beaucoup de vécus dans l'action. De ce point de vue, la partie concernant Takeshi Kaneshiro ralentit la cadence mais reste trop dans la surenchère de stylisation pour emporter le morceau. Comme peut le faire le magnifique face à face apaisé des deux exécuteurs, face à face où le cinéaste se calme enfin et fait ressentir la durée. Et si la fin sombre dans la citation peu inspirée de Chung King Express, le dernier plan véritablement poignant permet de terminer le film sur une note positive.

Fallen Angels sombre parfois dans les effets de manche stylistiques. Sauf qu'on peut dire que c'est grâce aux impasses de Fallen Angels que Wong Kar Wai pourra réaliser avec Happy Together son idée d'un film capable de porter le spectateur par son seul style.



28 juillet 2003
par Ordell Robbie




un film émotion: à ressentir

c'est un film épuré de tout élément liant que nous offre Wong Kar Waï. Les personnages, à peine dessinés par quelques traits vestimentaires, sont porteurs d'une émotion innouie. Une analepse de 75mn introduit sobrement par la simple redondance du plan d'ouverture du film permet d'atteindre le fond du problème: Agent et Qiwu arriveront ils à se rencontrer, à appartenir à un même plan dans un même temps. Pour le dire autrement, le film semble être l'exposition de comment ils arrivent à se rencontrer dans le plan final marqué par le début d'un nouveau jour à la sortie du tunnel. Dis comme ça l'image peut sembler grossière, mais il faut dire qu'elle l'est.L'image est grossière, mais n'en est pas moins belle et finement amené. Chacun des deux personnages est prisonnier de son histoire où de sa façon de la raconter. Agent est prisonnière à l'intérieur même de l'image de sa relation avec Ming, au point d'en devenir le vecteur. Ming n'existe dans les plans que si ces derniers ont été introduit, ou sont supportés par Agent. Elle apparaît en un sens comme l'image nécessaire à l'existence de Ming. Elle est le cadre qui emprisonne Ming dans le premier plan et le condamne à ne pouvoir exister qu'à travers elle. Elle est le visage anamorphé qui enferme le couloir du premier meurtre, unique lieu d'existence de Ming. Qiwu est ce muet qui nous raconte son histoire en voix off, prisonnier de sa relation avec la caméra qu'il ne cesse de faire exister à l'intérieur de la fiction par de multiple interférence tel que ses regards caméra. C'est aussi ce personnage continuellement en relation avec des personnages extérieurs à la fiction comme Charlie Young interprétée par Charlie Young. Chacun des deux personnages (Agent et Qiwu) devront ainsi rompre avec une multitude d'éléments qui les empêchent d'intégrer pleinement la fiction et devenir des personnages à part entière. Ce n'est qu'une fois devenu personnage qu'ils pourront se rencontrer (alors qu'ils habitent tous les deux chez le père de Qiwu)et qui sait, peut être s'aimer. Le possible n'apparaît que dans la rupture, l'histoire à venir appartient au fantasme de chacun, comme ils le disent peut être est ce trop tard, comme l'image le montre peut être est ce possible... c'est à mon avis sans réponse, mais fait de Fallen Angels un tourbillon d'émotions qu'il faut ressentir.....

09 janvier 2002
par MLF




Superbe, déroutant, attachant...

WKF nous abreuve d'un film a l'esthetisme jusqu'au-boutiste, et ce qui pourrait passer pour une démonstration gratuite devient ici le support naturel de l'histoire au même titre que la musique. Si ce n'est pas le meilleur des WKF, ni le plus accessible, c'est peut-être le plus expérimental, une expérience envoutante et hypnotique. Absolument unique et indispensable.

03 octobre 2003
par jeffy




Un film à l’esthétique parfaite

Comment parler de ce film sans aborder en premier lieu son aspect visuel unique ? Inutile d’essayer de résumer toute l’étendue de la palette de Wong Kar Wai. Deux petits coups de cœur cependant : les scènes filmées au caméscope (qui expriment bien mieux que des mots l’attachement père-fils) et les scènes accélérées dans les rues de HK, symbole d’une vie qui nous échappe dans la jungle des villes.

Vient ensuite une narration tout à fait particulière, pouvant d’ailleurs quelque peu déconcerter au départ. Des histoires mêlées, de nombreux commentaires off, des personnages qui ne se rencontrent que peu ou qui ne se rencontrent que pour mieux se perdre, une grande importance donnée à la musique… Mais tout ceci, avec un virtuose derrière la caméra, donne à ce film un aspect unique et captivant ?

Quand au scénario, noir et désabusé, il nous permet de pénétrer quelque peu dans le cœur de personnages complexe et riches. Sentiments, communication, solitude, incompréhension, abandon… Ou comment finir seul au milieu de la foule. Des thèmes qui nous touchent tous même si ici ils sont abordés par le biais de personnages aux destins hors du commun (des tueurs à gages, j’en connais pas des masses :). A méditer.



10 avril 2001
par Ikari Gendo




La suite de Chungking Express, encore plus chaotique et tout aussi fascinante

Mister BangbangEncore une fois, Wong Kar-Wai signe un film d'une beauté visuelle époustouflante, d'un parti-pris esthétique jamais vu autre part (à part dans le film soviético-cubain Soy Cuba (1965) de Kalatozov) et d'une narration complexe car non linéaire. Ce qui est amusant ici, c'est que les 3 personnages principaux (jeunes et beaux, mais pourtant terriblement désabusés) ne soient pratiquement jamais filmés ensemble dans un même plan: Leon Lai et Michelle Reis, pourtant partenaires, ne font que se croiser de très loin (voir le plan extrèmement court où Michelle, assise dans le métro, essaye d'apercevoir Leon dans leur appartement commun), et Takeshi Kaneshiro, que l'on pense être en marge de ce couple improbable, rencontre finalement Michelle à la toute fin du film.

Les personnages sont donc seuls pendant toute la durée de Fallen Angels , livrés à eux-mêmes et plongés dans leurs monologues intérieurs ( les voix-off). La solitude est le thème récurrent que l'on retrouve presque à chaque plan, magnifié par les étonnantes scènes de masturbation - softs mais très troublantes - auxquelles se livre la jolie Michelle: après la première fois, elle sourit, contente d'avoir pris du plaisir. Mais la seconde fois, elle s'effrondre en larmes, consciente que cela ne remplacera jamais un véritable amant...

Chungking angels ???Et plus que dans tous ses autres films, la ville de Hong-Kong tient un rôle primordial dans ce qui arrive aux personnages, c'est elle qui leur impose son rythme de vie trépidant et épuisant par des hordes de métros ou bus filant à toute allure, par des hordes d'avions qui passent à quelques dizaines de mètres au dessus des toits. 2 plans sont particulièrement significatifs: ce sont 2 vues nocturnes de Hong-Kong qui la rendent sous un aspect quasi-futuriste; histoire de dire que le futur, on y est déjà, et qu'on ne s'en est même pas encore rendu compte... Inutile de préciser qu'aucun cinéaste de Hong-Kong n'avait réussi à parler de cette ville mieux que WKW.

Ici encore, des trouvailles inédites, des petits détails font aimer le film encore plus fort: des clins d'oeil à Chungking Express (la fausse blonde Punkie qui fait inévitablement penser à Brigitte Lin par exemple), l'apparition des cigarettes, métaphore de l'amour qui se consume, les plans vidéo du papa de Takeshi, franchement émouvants, ou encore Leon qui a filé 30 $ à une femme noire pour poser avec lui sur une photo et qui dit depuis que c'est sa femme...Sans oublier bien sûr la bande-son, toujours aussi merveilleuse, qui vous transporte bien au-delà de ce que vous pouvez imaginer.

Lors de la première vision, en ce qui me concerne, j'avais trouvé que Fallen Angels tournait un petit peu en rond et que le personnage incarné par Takeshi était vraiment énervant. Maintenant que je l'ai vu près de 10 fois, je peux vous affirmer que chaque nouvelle vision m'apporte toujours de nouveaux éléments qui m'avaient échappé les fois précédentes, et que Takeshi, je l'aime bien! Voici un film d'une richesse peu comparable à tous les niveaux, qu'il faut s'empresser de regarder encore et encore. Un film très pessimiste contrairement aux apparences de la dernière scène (regardez bien la dernière image), tourné dans un climat de craintes quelques jours avant la rétrocession de la colonie à la Chine.



22 octobre 2000
par Ghost Dog




Un film magnifique dans le style caractéristique de Wong Kar Wai : déroutant mais envoûtant

Are we still partners ?Wong Kar-Wai nous livre ici un film assez typique de son style: plusieurs histoires mêlées, personnages qui se croisent le temps d'un plan, aspect visuel ultra stylisé, interprétation tout en liberté et en naturel, musique omniprésente...

Au final, le résultat est magnifique, notamment l'histoire de Takeshi Kaneshiro. Son interprétation est tout bonnement fabuleuse, et ses commentaires en voix off un pur bijou. La relation qu'il a avec son père nous fournit quelques uns des plus beaux moments du film, notamment les scènes filmées au caméscope, qui font tellement plus vraies que toutes les autres scènes filmées plus classiquement. A ses côtés, Charlie Young est elle aussi très attachante, et ce couple si bizarre avec lui ne parlant jamais et elle parlant pour deux captive immédiatemment. Accompagnées par les commentaires de Takeshi en voix off, leurs scènes restent parmi mes préférés dans les films de Wong Kar-Wai.

RainD'un autre côté, nous avons Michelle Reis, Karen Mok, et le beau Leon Lai dans une histoire de tueur à gages tiraillé entre sa partenaire et la fille du McDo. Leur histoire est moins attendrissante car plus adulte, surtout Michelle et Leon, qui ne sont pas vraiment loquaces. Si au niveau dialogues cette partie est moins intéressante, en contre-partie quelques plans sur le visage de Michelle Reis ou les fusillades avec Leon lui donnent un aspect visuel très original.

Comme d'habitude avec Wong Kar-Wai, la musique joue un rôle primordial dans le film. Elle sert de message entre le tueur et sa commanditaire et rythme toute la partie relative à leur histoire. On peut aussi s'amuser à chercher les références à d'autres films de WKW, notamment les quelques plans dans le restaurant de Chungking Express, où l'habit de Charlie Yeung nous rappelle étrangement celui de Faye Wong à la fin du film.

A l'instar de celui-ci, Fallen Angels est plein des joies, des petits tracas et surtout des tristesses de la vie de tous les jours, même si les personnages présentés ici sont un peu plus originaux que ceux de Chungking. On retrouve les problèmes de communication sentimentale chers à Wong Kar-Wai, attachés à la ville de Hong-Kong et à sa culture occidentalo-chinoise. Pour moi Wong Kar-Wai n'est pas tant le cinéaste du malaise sentimental des habitants des villes que de cette ville, où la culture rend le phénomène encore plus compliqué.



22 octobre 2000
par François




Un film à vivre avec le coeur... et avec les yeux.

Un bonheur visuel de tous les instants, ambiance sublime, touchante et encore plus immersive grâce notamment à l'objectif de WKW qui tend vers le "fisheye" 180°. Il en résulte une vision déséquilibrée, flottante, distordue, sans barrière, comme dans un rêve. Ambiance des lieux, lumière, photo, graphisme, cadrage, montage, musique..... merveille !

Ensuite l'histoire est ce que l'on veut en voir et en tirer. Ce genre de scénario ouvert et avare en dialogues est assez rarement efficace et pourtant, Wong kar Wai oblige, le film se transcende ici par des personnages charismatiques campés par des acteurs époustouflants de présence, tous trois différents et même opposés, mais animés d'une étincelle de vie simplement magnifique. Chapeau bas, Master WONG.

18 avril 2003
par drélium


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