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Dragon Head

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Astec 1.75 Dragon Head : sans queue ni tête
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Dragon Head : sans queue ni tête

Gros blockbuster maison de l’année passée, l’adaptation live du manga culte de Minetaro Mochizuki s’est proprement vautrée en regard de ses ambitions lors de son exploitation en salles au Japon avec à peine dix millions de dollars de recettes pour un budget de près de quinze millions. Le buzz autours de son tournage en Ouzbékistan, de son plateau « pharaonique » (un truc plus balèze que le Tokyo Dôme) reconstituant des pans de la ville de Tokyo dévastée, 200 mètres de la gare de Shibuya et le petit bureau de la dame pipi du coin (ah non, les chiottes de la gare étaient aussi dévastés) et les tonnes de poudre de pierre à chaux pour simuler la cendre recouvrant un paysage « volcano » post-apocalyptique, n’auront donc pas suffi à convaincre le public japonais de se précipiter dans les salles. Un point pour le public japonais.

Toute cette débauche de moyens ne garantissant aucunement une bonne adaptation du manga de Mochizuki (auteur très vendeur au Japon, son Dragon Head ayant tiré à plus de 6 millions d’exemplaires par exemple) le fan du manga aura au moins le bénéfice de « reconnaître » les lieux reproduits sans l’once d’un doute. Donc pari technique réussi. Pour le reste on pourrait dire que le film de Lida, réalisateur au CV pas très glorieux, synthétise on ne peut mieux toute la problématique de l’adaptation en images de ce qui existe déjà en images ; ou comment foirer une transposition en collant de trop près au matériau de base - par manque d’ambitions artistique ? - sans avoir réfléchi à ce qui faisait sa force.

Le manga de Mochizuki invitait le lecteur à un véritable voyage au cœur même de la notion de peur et de désespoir à travers une histoire aux accents de survival post-apocalyptique. Incidemment il se voulait (et se veut, il est toujours trouvable dans toutes les bonnes librairies franchouillardes) une amorce de réflexion sur ce qui fait l’humanité de l’Humanité en créant une situation où toutes les valeurs de la civilisation se trouvent remises en cause par un phénomène d’effondrement, à la façon d’une étoile (la lumière) se transformant en trou noir (les ténèbres). Pour cela l’auteur part d’une mystérieuse catastrophe dont l’énigme de sa nature constitue « la condition aux limites » indépassable de l’univers du manga, un horizon vers lequel tendent les personnages de la fiction tout comme les lecteurs, un horizon « fuyant » comme n'importe quel horizon. L’errance des deux adolescents, personnages principaux, vers la capitale devenait ainsi au long des dix tomes une plongée dans le désespoir d’une société ayant perdue tout repère, un voyage entre fantastique et horreur psychologique qui à chaque étape tuait encore plus un toute raison de croire en un « happy end » salvateur. Ce qu’on peut nommer « un chef d’œuvre du genre » sans un aucune hésitation.

Retour sur le film. En réalisateur timoré trop confiant dans le potentiel intrinsèque du manga pour trouver le succès, Lida et son scénariste font le pari de suivre linéairement l’intrigue du manga en coupant de ci, de là, pour faire rentrer les milliers de planches dans les deux heures vingt du film. Histoire d’optimiser ses chances le réalisateur choisi la fille d’une pop star elle-même jeune « idol » et un acteur en vue pour incarner les personnages principaux en oubliant de vérifier leur capacité « d’acting ». Enfin il concentre une bonne partie de son budget dans la réalisation de sfx en vue d’une séquence finale gargantuesque eut égard aux standards japonais. Là le mec doit se dire qu’il ne peut pas se planter et il a tout faux, bien entendu. Incapable de restituer les tensions qui devraient habiter leurs personnages les premiers rôles prêtent plus à sourire qu’à créer le malaise, la galerie de seconds couteaux se résume à une succession de « freaks » porteurs d’aucun sens et, plus que tout, le personnage de Nobuo, pièce centrale cristallisant la peur de la peur, même si présent que dans le premier tiers du manga, est traité par-dessus la jambe car vidé de toute fonction dramatique : sa figure revient dans le film comme un cheveux dans la soupe à tel point que si on n’est pas lecteur du manga doit inévitablement se poser la question de son utilité. Et pourtant physiquement le personnage est plus que ressemblant. Dommage...

L’autre force du récit d’origine reposait également sur un traitement graphique portant en grande partie sur la restitution du noir, de l’ombre et de l’obscurité en tant que matérialisation de la notion de peur. Lida et son photographe on vraisemblablement oublié cet aspect en nous proposant un travail tout ce qu’il y a de plus propre sur soi et fonctionnel : il fait sombre le soir et un peu plus clair le reste du temps alors que les exigences de l’intrigue - une nuit permanente en raison d’un nuage de cendre masquant la lumière solaire comme lunaire – impliquaient une approche plus expressionniste, une prise de risque minimum. Dans la même veine de « détails » qui font tiquer, les personnages du film jamais ne transpirent là ou ceux du manga le font du début à la fin pour cause d’effet de serre (et autant pour la soif permanente qui les habite), la sueur étant alors autant un signe de la catastrophe qu’une manifestation tangible persistante de la tension ambiante : une ellipse non elliptique en quelque sorte. Et si seul le lecteur du manga est à même de pointer ces « fautes » d’adaptation, le spectateur lambda qui ne connaît rien à l’œuvre d’origine n’est pas pour autant à l’abri des conséquences : tout ça est bien trop lisse et propre sur soi pour susciter le moindre malaise.

Alors récapitulons : une intrigue qui respecte le développement narratif du récit d’origine mais dilue, pour cause de format plus limité, de ce fait la quantité d’évènements qui tissaient une trame de fond crédible et « naturelle » dans son déploiement, des acteurs pas convaincants, une identité visuelle trop lisse, un personnage important à la fonction dramatique non cernée, des « détails » visuels mésestimés (la sueur) et même, de grossières erreurs qui tuent le peu de crédibilité qu’on pourrait accorder à l’intrigue : le personnage de Ako, la jeune fille, blessée à la jambe boîte dans un plan pour perdre toute claudication (et son bandage) dans le plan suivant... Inutile de dire que dans le manga ce détail donne lieu à tout une sous intrigue pleine de sens... Et en cœur spectateurs lambdas comme otakus du manga de se demander : mais pourquoi l’avoir fait boiter alors ? Il est triste de se dire que c’est bien là la seule question valable qui perdurera après la vision du film.



22 juin 2004
par Astec


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