L'exposition Tokyo-E (« Vers Tokyo » ou « Les images de Tokyo ») présente pour la première fois en Europe le travail de trois grandes figures de la photographie japonaise : Keizo Kitajima / Yukichi Watabe / Yutaka Takanashi
KEIZO KITAJIMA / 1975-1990
Le BAL présente, pour la première fois en Europe, le travail de Keizo Kitajima, né en 1954 à Suzaka (Nagano). Cinq séries réalisées entre 1975 à 1991, sont exposées.
Photographe précoce, son adolescence est marquée par la découverte des travaux précurseurs de Nobuyoshi Araki et de Daido Moriyama. Sensible à la forme narrative très cinématographique du premier et à la critique acerbe de la société contemporaine du second, il revendiquera ces deux filiations.
Privilégiant une vision fragmentée, totalement subjective, tendant vers la capture de l’expérience brute et vers « l’expression pure », l’écriture photographique devient alors fortement contrastée, floue, tremblée, se jouant des répétitions, des superpositions, des appropriations, des ratés.
Keizo Kitajima et Seiji Kurata inaugurent en 1979 avec Daido Moriyama une nouvelle galerie indépendante, l’Image Shop CAMP, au n° 2 Chome street, dans le quartier de Shinjuku, à Tokyo. La recherche individuelle par ces photographes d’un nouveau mode d’inscription dans le monde prend le pas sur un questionnement collectif.
Le travail de Keizo Kitakima a fait l’objet d’une importante rétrospective au Tokyo Metropolitan Museum : Critical Landscapes en 1993, accompagnée du livre JOY OF PORTRAITS (Edition Nabuhïko Kitamura).
YUTAKA TAKANASHI / Machi (1975)
Yutaka Takanashi est co-fondateur du légendaire magazine PROVOKE en 1968. Il publie en 1974 Toshi-e (« Vers la ville ») un des livres phares de ce mouvement de redéfinition du langage photographique au profit d’une expression plus brute et instinctive du réel.
Initiée un an après la publication de Toshi-e, la série Machi (Ville) présentée au BAL rompt radicalement avec le style flou, contrasté et expressionniste des années Provoke. Yutaka Takanashi se concentre désormais sur l’un des quartiers les plus anciens de Tokyo, Shitamachi, où le monde traditionnel est peu à peu envahi par les signes de la modernité.
Pour témoigner de cette disparition programmée, il réalise des portraits d’intérieurs et d’extérieurs, vides de toute présence humaine, en couleur, à la chambre 4x5 inch, (souvent avec un temps de pose de 20 minutes).
Photographier pour Yutaka Takanashi est le moyen de « marquer la fin, de conclure » : « Face à un paysage, le photographe se tient totalement libre : libre de s’y confronter, de s’y absorber, de le détruire, de le reconstruire et puis de le révéler ».
La série qui apparaitra partiellement dans le magazine Asahi Camera à partir de 1975, fera l’objet d’un livre « Machi » publié en 1977 par The Asahi Shinbun.
YUKICHI WATABE / A Criminal Investigation (1958)
Watabe Yukichi, né en 1924-1993) est un reporter photographe indépendant, il couvre la plupart des grands événements historiques et politiques se déroulant à Tokyo.
En 1958 il se voit accorder l’autorisation exceptionnelle de documenter l’enquête menée par la police municipale de Tokyo relative à « l’affaire du corps coupé » : Le 13 janvier 1958, un nez, deux phalanges et un pénis sont découverts dans un bac à huile à proximité du lac Sembako (préfecture d’Ibaraki). Le lendemain, la police trouve le corps d’un homme de l’autre côté du lac, grossièrement défiguré. Plusieurs doigts sont coupés et l’intégralité du corps est rongée à l’acide, dans le but évident de rendre impossible toute identification.
Il publie une sélection d’images dans le numéro de juin 1958 du magazine Nippon.
Cette série est exposée au au BAL et fait l'objet d'une exceptionnelle publication 'A Criminal Investigation', co-éditée par Les Editions Xavier Barral et LE BAL.
En partenariat avec le Cinéma des cinéastes, voisin du BAL (7, avenue de Clichy), LE BAL a invité Philippe Azoury, critique de cinéma, à imaginer un cycle inédit de films, qui prolonge l’expérience de l’exposition. 7 « ovnis », oeuvres majeures ou peu connues du cinéma japonais historique et contemporain : films documentaires, fictions, oeuvres expérimentales, films d’artistes…
Les séances ont lieu au Cinéma des cinéastes tous les samedis matin à 11h.
Billet séance : 6 euros
Billet séance + exposition au BAL : 8 euros
Shohei Immamura : L’histoire du Japon racontée par une hôtesse de bar, 1967, 105mn
Masao Adachi : Aka Serial Killer, 1969, 86 mn
Kazuo Hara : My private eros love song, 1974, 90 mn
Naomi Kawase : Kya Ka Ra Ba A, 2001, 49 mn
Wim Wenders : Tokyo-Ga 1985, 92 mn
Chris Marker : Le mystère Koumiko 1965, 54 mn
Shinji Aoyama : Roji –E, 2000, 2000, 64 mn