Le 9 décembre 2008, à 19h au Forum des Images à Paris, la compagnie Ribac-Schwabe et la fanfare le SNOB feront revivre une dizaine de court-métrages d'animation muets japonais et un allemand, produits entre les années 20 et 40.
Un ciné-concert où les films projetés seront également accompagnés par une "benshi" (narratrice), en la personne d'Eva Schwabe, à l'image de ce qui se pratiquait à l'époque au Japon. Extraits du communiqué et détails des projections :
Les films :
- The Flying Koffer (Der fliegende Koffer),
de Lotte Reiniger (1922/8'31)
- Harvest Festival (Mura Matsuri),
de Noburo Ofuji (1930/2'33)
- A Day in the Life of Chameko (Chameko no ichinichi),
de Kiyoji Nishikura (1931/6'54)
- Spring Song (Haru no Uta),
de Noburo Ofuji (1931/3'06)
- The snatched-off Lump (Kobu-tori),
de Yasuji Murata (1929/10'29)
- Black Cat's Meow (Kuronyago),
de Noburo Ofuji (1929/3'02)
- Whale (Kujira),
de Noburo Ofuji (1952/8')
- Rhythm,
de Shigeji Ogino (1935/2'40)
- Madame Butterfly's Fantasy (Ochofujin no genso),
de Kazugoro Arai & Nakaya Tobiishi (1940/12'04)
LA MÉLODIE DE L’OMBRE
Le cinéma muet n'a jamais existé ! Il y a toujours eu des musiciens et des narrateurs qui jouaient, papotaient et chantaient pendant les projections et se produisaient partout où les films étaient présentés, dans les foires, les théâtres, les chapiteaux... Ces narrateurs lisaient les intertitres, chantaient des chansons ou encore présentaient au public les acteurs, le tout accompagné par des orchestres. Dans le Japon des années vingt, les conteurs (euses) de cinéma s'appelaient les benshis. Leur art était si populaire que l'on conçut des films à leur intention. Sur certains de ces films, les paroles de chansons à la mode défilaient afin que les benshis et le public puissent chanter en même temps... Rien de moins qu'un karaoké ! C'est de cette tradition dont s'inspire La mélodie de l'ombre. La Compagnie Ribac-Schwabe et la fanfare le SNOB ont imaginé un spectacle où une benshi moderne (Eva Schwabe) et un orchestre de onze instrumentistes dialoguent avec des courts métrages d'animation de maîtres allemands et japonais de la première moitié du vingtième siècle, dont certains furent précisément réalisés pour être accompagnés par des benshis et des orchestres. Pour dialoguer avec l'univers enchanteur de Reiniger, la fantaisie d'Ofuji ou les jeux de lumières d'Ogino, l'équipe de La mélodie de l'ombre alterne le chant et le commentaire et varie les registres musicaux : le rock saturé, la pop ouvragée, le bastringue, le chatoiements des cuivres et du banjo. Et peut-être même qu'à un moment, l'atmosphère des foires fera irruption dans ce ciné concert...
La musique traditionnelle japonaise. Le fameux syncrétisme japonais nous tente au plus haut point. Une des façons de le rendre patent consistera à faire coexister des références explicites à l’art oratoire du benshi et à la musique traditionnelle japonaise avec le vocabulaire musical de François Ribac, fait d’emprunts à la pop anglaise et à l’univers du théâtre musical allemand des années vingt. Pour ce faire, le compositeur se référera à des usages du répertoire japonais –par exemple celui du silence- ou aux mélismatiques des voix et des instruments à cordes pincés- pour colorer sa partition et les transposera dans sa partition.