1h10 de poncifs en tout genre pour 20 minutes correctes
Mis à part le principe des lunettes 3D qui a le mérite d'apporter un minimum d'originalité au film, la première heure est d'une rare indigence. La 3D n'intervient que très rarement, et pour un résultat pas vraiment bluffant en raison d'une technologie limitée. Cela occupe cependant un minimum, car le "spectacle" n'a rien d'enthousiasmant. Introduction des personnages maladroites, copie sans originalité des classiques du genre (un peu de Ring, une louche de de Ju-On, un soupçon de Blair Witch...), c'est fort indigeste même pour un faiseur comme Andrew Lau. Quand nous épargneront-ils des enfants dans les films d'épouvante?
On voit bien qu'il s'agit d'une pure commande pour Halloween, avec son casting de beaux mecs et de belles filles, les meurtres successifs (toujours se séparer quand on visite un lieu hanté la nuit), les effets de frousse très téléphonés. Bref, ça roupille grave, et on ne voit pas qui à part les ados amoureux de Tiffany Lee ou d'un des beaux mecs pourrait y trouver du plaisir. C'est dommage ne serait-ce que pour le budget qui est loin d'être minable, en témoigne le décor du parc et les effets spéciaux qui sont tout à fait décents. Mais la pauvreté du scénario qui s'évertue à allonger 30 minutes d'histoire sur 1h30 est impossible à rattraper.
Reste quelques passages plus sympathiques sur la fin, où enfin le film arrête de repomper les classiques du genre pour exploiter un minimum sa propre culture, certes assez mince en terme d'épouvante, mais pas nulle. L'arrivée de Kara Hui apporte résolument du sang neuf et un peu de maturité au film, de même que l'arrivée du gardien du parc. On abandonne alors les cris de ados et les figures Ringesque pour parler de réincarnation et lancer des sorts "à la Lam Ching-Ying", mais avec plus d'effets spéciaux. La conclusion se permet même d'être assez émouvante, sauf qu'elle est évidemment gâché par un ultime twist qui semble obligatoire depuis quelques années.
Bref, c'est un beau gachis, en travaillant plus le scénario et ses attaches à la culture locale, on aurait pu tenir un film techniquement et dramatiquement correct. Ce n'est hélas pas trop le cas, et le gadget 3D amuse cinq minutes tout au plus. Ce n'est décidément pas avec
The Park que le cinéma de Hong-Kong se créera une vraie identité cinématographique en matière de film d'épouvante.
Love Death
Le procédé de la 3D dans un film "live" est rarement de bonne augure: "Freddy", "Les dents de la mer" et autres "Vendredi 13" n'ont pas forcément marqué les esprits – ou peut-être pour avoir causé des carabinés maux de tête lors de leur découverte sur grand écran. Personnellement, ces ridicules lunettes me font loucher et causent un sérieux nœud dans la rétine optique, plutôt que de me transporte "à l'intérieur" du film. Il n'y a guère, que certaines productions IMAX ou attractions du parc du futuroscope, qui ont su me convaincre du bien-fondé de cette invention. A voir, comment certains producteurs vont gérer les avancées en la matière, la 3D étant l'une des ces technologies secrètement développées pour tenter de ramener l'audience en salles.
"The Park" était non seulement annoncée comme le renouveau du film d'horreur par l'homme derrière le renouveau du wu xia pian (sisi, avec "Storm Riders") et du polar ("Infernal Affairs"), mais également comme le tout premier film HK digital en 3D. Autant le dire totu de suite: cette fois, Lau n'aura absolument rien révolutionné.
"The Park" est un ramassis des clichés du genre du slasher pour préados; une vague resucée de la série des "Destination finale" en un peu moins gore pour ne pas effrayer les jeunes spectateurs prépubères auquel ce film s'adresse. On aura donc droit à plus de gel dans les cheveux du casting définitivement dans le vent, que du faux sang sur leurs mains. L'histoire est bidonne (qu'est-ce que la petite fille vient finalement faire là-dedans?) et met trois plombes à se mettre en route, l'intrigue totalement incohérente (euhhh…pourquoi oser éclairer l'entier parc d'attractions, après avoir attendu la tombée de la nuit pour échapper à la vigilance du gardien? La pause pipi en pleine course pour échapper aux fantômes est toujours la bienvenue – et ne jamais oublier la règle numéro 1 de la parfaite victime: se SEPARER de ses collègues pour être sûr de se faire arracher la tête en bonne et due forme), le jeu des comédiens pitoyables (on s'amuse pour tenter de retrouver un disparu; on déconne, puis on joue à la sainte-nitouche, incapable de tenir un seul et même registre) et le tout d'un ennui mortel.
Malheureusement l'unique talent de l'actrice fétiche de Liu Chia-liang est totalement sacrifiée; jusque dans un kick mou du genou pour d'autant plus cruellement rappeler ses réels talents de star martiale et réelle comédienne.
Une once d'originalité ou de note positive? Dans le genre, il y a eu beaucoup plus pire, la production bénéficiant d'un certain savoir-faire de son réalisateur (quoique à regarder de vraiment près, sa mise en scène est totalement nulle) et d'un budget conséquent (quelques effets spéciaux, les effets 3D et un décor potable).
Les frères Pang auront su démontrer qu'avec un décor de fête foraine, on pouvait flanquer une frousse bien plus efficace dans leur "Recycle" et quitte à repomper l'idée de l'appareil photo du jeu vidéo "Project Zero", il aurait été mieux venu d'étudier la réelle atmosphère poisseuse et inquiétante du jeu original, plutôt que de mollement reprendre le principe sans aucune autre implication.