Inégal certes, mais c'est fait exprès non ?
Je ne comprends pas vraiment qu'on puisse critiquer ce recueil de courts-métrage sur le fait que ce soit inégal ; c'est sur, tous les courts sont complètement différents, chacun ayant son genre propre, mais n'est-ce pas là le but ? Faire découvrir différents genres du cinéma japonais. Il est certes vrai que la série souffre de l'abscence d'un fil conducteur ; j'ai moi-meme été décu au début de ce manque, mais à vrai dire, je pense que c'est un bon point quand meme. Je pense que les producteurs de cette série ont choisi de faire ce recueil afin de montrer aux étrangers ce que savent faire les japonais en matière de cinéma. Et de ce point de vue, il n'y a vraiment rien à jeter ; chaque court métrage est empli d'un esprit japonais vraiment très fort et a la patte de son réalisateur propre. J'admets en outre qu'on puisse critiquer les films sur le fond et la forme, et meme il faut, mais chaque réalisateur a mis dans son film son talent et sa vision du cinéma et du point de vue "découverte du cinéma japonais contemporain", le pari est complètement gagné. Par ailleurs je ne trouve pas vraiment intéressant pour ma part de faire une revue compète de chaque film et d'en sortir des notes pour chaque ; meme s'il sont différents, ils sont quand meme réunis dans un but assez précis, et c'est ainsi qu'il faut les voir.
14 janvier 2005
par
Elise
Décousu et bien trop inégal
Projet regroupant sept réalisateurs japonais faisant chacun un court métrage d'à peu près un quart d'heure, Jam Films peine pourtant à convaincre. Outre qu'il souffre déjà de l'écueil de beaucoup de films à sketches, à savoir d'etre très inégal, le projet souffre de ne pas avoir eu de fil conducteur qui lui aurait donné sa cohérence, le faisant ressembler à une série de courts mis bout à bout. Petite revue des forces en présence.
The Messenger de Kitamura Ryuhei: Un court qui confirme l'absence de talent du réalisateur de Versus ou comment faire du travail sur le son et la durée de façon poseuse pour donner un cachet sensoriel tape à l'oeil, faire du joli décor et de la jolie photographie au service d'un vide qu'on aurait aimé assumé plutot que camouflé derrière un discours pesudo-philosophique sur la frontière vie/mort qui ferait pour le coup de Kitamura un cousin japonais de la prétention matrixienne pour enfin devenir clippesque lors des rares scènes d'action. 0/5
Ken Tama de Shinohara Tetsuo
Un court platement mis en scène se voulant comique mais ratant sa cible, la faute à un dispositif répétitif et à des gags ratés.1.5/5
Cold Sleep de George Iida
Un court au pitch de comédie de science fiction avec une tonne de coups de théatre à deux euros, un humour lourdingue sombrant vite dans une sorte de version à la sauce humour débile du clip d'Ashes to Ashes. 0.5/5
Pandora - Hong Kong Leg de Mochizuki Rokuro
Réalisateur d'un Onibi le Démon assez remarqué en France lors de sa présentation dans le cadre de la Rétrospective Gangsters du Soleil Levant, ce sketche est le plus réussi du lot, un mélange de comédie légère et d'un délicieux érotisme -comment guérir une femme en lui faisant littéralement prendre son pied- mis en scène avec un regard plein d'ironie. Plaisant. 3.25/5
Hijiki de Tsutsumi Yukihiko
Pas inintéréssant dans son principe, ce huis clos/comédie noire est assez bien monté et mis en scène (peut etre le meilleur du lot si l'on s'en tient à ce strict point de vue, ce qu'il ne signifie pas que ce soit renversant) mais il peine à faire décrocher ne serait-ce qu'un sourire. 2.5/5
Justice de Yukisada Isao
Malgré de sporadiques effets clippeux, un court correctement réalisé sur le thème d'un cours de lycée sur la déclaration de Postdam ennuyant les élèves préfèrant faire autre chose, notamment regarder les filles qui font du sport bien mises en valeur par leur tenue. Si son long métrage Go était très inégal, la dimension de satire y était aussi moins lourde (le professeur blanc qui lit en anglais son cours, les plans insistants sur des mots comme justice contrebalancés par ceux sur les écritures de table relatives au sport, pas vraiment subtil...) et l'humour rate sa cible. 2/5
Arita de Iwai Shunji
S'il est un peu plus contemplatif que ses autres films, cet Iwai en possède en revanche le style de photographie ainsi que les thématiques adolescentes et a le mérite d'etre assez touchant alors que son pitch de départ est tout sauf attrayant -le Arita du titre est un personnage imaginaire dessiné par une jeune fille- et que ce pitch comportait un fort potentiel de mièvrerie. On retrouve sur la fin le Iwai plus stylisé que l'on connait lorsque le personnage d'Arita se met à exister ailleurs que sur des dessins. Néanmoins, outre qu'il n'apporte rien de plus à la filmographie du cinéaste, ce court demeure plutot mineur comparé à ses meilleurs films. 3/5
Si l'on voulait faire de ce film à sketches une sorte d'état des lieux du jeune cinéma japonais actuel hors auteurs de festival, on y noterait la confirmation de l'absence de talent d'un Iida et d'un Kitamura et des limites actuelles d'un Yukisada, le fait que le cinéma de Hong Kong actuel n'a pas le monopole des faiseurs de comédies/coups d'épées dans l'eau (Shinohara), quelques cinéastes prometteurs (Mochizuki et dans une bien moindre mesure Tsutsumi dont on découvrira les longs avec une certaine curiosité), un cinéaste ayant donné des preuves de son talent mais qu'on aimerait voir plus souvent sur format long (Iwai). Pas de quoi pavoiser mais pas de quoi faire non plus dans le catastrophisme.
L'inévitable issue
Critique se résumant simplement au segment de Kitamura (pour l'instant):
"Messenger" est un autre morceau du puzzle de la recherche de soi-même de Kitamura.
Profitant de l'occasion qui lui est donné de réaliser un court-métrage, le cinéaste va avant tout rassembler ses éléments de prédilection: un univers futuriste au décor, costumes et personnages originaux, le tout saupoudré d'une réflexion personnelle un brin pompeuse.
Le budget restreint ne réussit à imiter la superbe d'un "Alive" et apparente l'ensemble à une production Albert Pyun. Le scénario n'est pas suffisamment folichon pour emballer le spectateur peu familier de l'univers de Kitamura; mais il n'en reste pas moins que tout Kitamura se retrouve dans cette petite quinzaine de minutes: univers, réflexion personnelle de la condition humaine et sa sempiternelle recherche de réussir à approfondir son propre cinéma (qui serait d'insuffler une profondeur psychologique à ses personnages).
Un réalisateur à suivre.
critique de the messenger
Dès les premières images, "the messenger" laisse une impression envoutante. La musique, la photographie, la photographie, le montage, tout cela se mêle harmonieusement pour nous offrir un récit à mi chemin entre le rêve et la réalité.
Atmosphère irréelle et lourde, décors classieux mais malsains, acteurs poseurs, vides mais paradoxalement si expressifs. Techniquement, on sent que Kitamura est de plus en plus à l'aise. On est davantage dans le style "alive" que "versus". Le rythme est d'ailleurs aussi lent que dans "alive". Les clés ne nous sont données que petit à petit et la résolution finale est aussi simple qu'excellente.
Cette révélation permet de revoir le film en se posant d'autres questions, en y apportant une autre analyse, et fonctionne parfaitement.
Petit film très beau, simple mais réellement efficace, du pur Kitamura.
personnellement j'ai trouvé ce recueil de courts inégal, jamais excellent mais souvent plaisant, je ne chroniquerai pas les films séparément mais à part KITAMURA qui reste vain en démo technique/esbrouffe/tape à l'oeil qui n'a rien à faire ici, les autres courts offrent d'agréables moments. petite déception pour Shunji IWAI, pas mauvais mais j'en attendais beaucoup plus.
un tout correct, JAM FILMS 2 va sortir.
jam session
Soyons premier degré pour une fois, prenons les films dans l'ordre :
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The Messenger : assez classique et à la narration trop statique, mais putain d'ambiance, des jolis cadres et une photo très belle. Et comme tout ce que fait
Kitamura (oué, je suis fan) c'est hyper classe.
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Kendama : absurde et rigolo, assez annecdotique finalement mais proprement réalisé.
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Cold Sleep : idem (on commence à se demander si l'absurdité sans concéquence va être le fil rouge de l'omnibus, on prie pour que non).
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Pandora : là on attaque le sérieux. La narration, entre flash-back/forward et belles ellipse, est astucieuse et économe, et la mise en scène soignée. Et plus que tout, l'étrangeté du récit n'est jamais tournée en dérision et/ou invitant à la rigolade (comme sur les deux précédents films) mais au contraire traitée avec tact et retenue. Cool.
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Hijiki : on retombe dans les travers des deuxièmes et troisièmes films, c'est pas mauvais (aucun film du programme ne l'est) mais on force l'étrangeté de manière un peu trop m'as-tu-vu.
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Justice : le meilleur du lot, jouant astucieusement du décalage en les différentes strates de sa narration - qui, et ça c'est assez rare pour être signalé, tirent un grand parti de l'utilsation de la voix-off (ça fait du bien de la voir utilisée de manière intelligente et non redondante) pour ne pas bêtement se juxtaposer, mais au contraire être menées de front - au service d'un humour très efficace. Et comme le reste (montage, cadre et cie) tient plus que la route, c'est le bonheur.
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Arita : contrairement au précédent, dans ce dernier segment la voix-off et l'image sont articulés de manière trop classique. Mais le film est beau quand même.
Donc en bref, zéro déchet, trois plutôt chouettes (
The Messenger,
Pandora et
Arita) et un vraiment bon (
Justice), dans le genre on a déjà vu bien pire.
23 janvier 2008
par
Epikt
Tour d’horizon en images.
Un intéressant aperçu filmique de l’archipel libéré de ses samouraïs, yakuzas et autres monstres atomiques qui sont les plus souvent cités quand on parle ce pays en termes de cinéma.
THE MESSENGER
Même si son côté tape à l’œil est toujours présent, Ryuhei KITAMURA nous livre là un court-métrage plus sobre qu’à l’accoutumée, ou l’histoire certes un peu fumeuse mais intéressante passe avant son traitement cinématographique. Ambiance glacée, héroïne à la sombre beauté, on se laisse facilement prendre à ce futurisme peut-être de pacotille mais autrement plus convaincant qu’un SKY HIGH par exemple. 3,5/5.
KENDAMA
Variation autour d’un bilboquet, un très amusant chassé-croisé ou le charme des interprètes est au service d’une intrigue gentiment échevelée et un peu absurde. La légèreté de l’ensemble est son point fort, Tetsuo SHINOHARA réussit là un joli court.4/5.
COLDSLEEP
Joji IIDA tente une parabole futuriste sur le genre humain placée sous le signe d’un humour Ubuesque, mais il ne parvient pas complètement à concrétiser ses ambitions. Joli travail sur les couleurs saturées, mais pas grand-chose d’autre à retenir de ce segment pas inoubliable. 2,75/5.
PANDORA/HONGKONG LEG
Un sujet sur le fétichisme, en particulier celui du pied, thème récurrent de la littérature japonaise, mais vu ici avec le sourire par Rokuro MOCHIZUKI. Parfois un peu hermétique, mais d’une sensualité qui reste pudique, avec une interprétation bien choisie. 3,25/5.
HIJIKI
Huis clos autour d’une prise d’otages, filmée avec force grand angle et gros plans, dans une lumière travaillée et une ambiance entre oppression et humour absurde. Les acteurs et actrices sont excellents, et comme nous prévient le réalisateur, la fin est déprimante,avec un arrière goût d’amertume à l’image de ces Hijiki qui donnent leur titre à ce sketche.3,25/5.
JUSTICE
Une ambiance lénifiante d’un cours en anglais sans fin avec un professeur sinistre, les pensées d’un élève qui s’échappent par le biais d’une grande fenêtre donnant sur un cours de gymnastique féminine, les fantasmes adolescents et finalement éternels, tous ces clichés sont brillamment utilisés par le cinéaste, nous offrant un sujet plein de légèreté et d’allégresse, porté par le charme de ses interprètes, la jeune créature en short étant une de ces Idoles très populaire, l’adorable Haruka AYASE. Un très beau moment,Isao YUKISADA nous offre le meilleur film de la série. 4,5/5.
ARITA
Shunji IWAI et Ryoko HIROSUE, voilà dés le départ de quoi donner envie de regarder cette dernière partie de JAM FILMS. IWAI nous offre un joli conte fantastique sur la petite lumière qui brille en chacun de nous. Il reste avec cet ARITA fidèle à ses thèmes de prédilection. Une histoire toute en pudeur, bercée par une jolie musique, avec de petites touches d’humour et un ton délibérément décalé pour nous parler de ce petit et mystérieux personnage qui accompagne le quotidien d’une jeune femme. On retrouve la maîtrise esthétique habituelle au cinéaste : une manière de cadrer inimitable, ici un choix de couleurs pastel s’accordant parfaitement à la voix acidulée de la chanteuse Ryoko HIROSUE, là l’utilisation discrète d’effets spéciaux . Si la courte durée du sketch ne lui permet pas de se renouveler, il nous livre encore un joli aperçu de son style si personnel ou son sens de l’image est toujours au service d’histoires bien écrites.4,25/5.
Segment "Justice" 4/5
segment " Arita " 4/5