un beau film apaisé pour Iwai
Après l'épique Swallowtail Butterfly, Shunji Iwai revient au moyen métrage ainsi qu'à la veine plus intimiste de Love Letter et nous offre, sur un mode plus quotidien et moins mélodramatique, un nouveau superbe voyage à l'intérieur des émotions d'une jeune femme.
Déjà, les six premières minutes du film sont un modèle d'introduction: la caméra filme les adieux des parents au travers de la vitre du train, recule vers la main de l'héroine, ensuite, une fois arrivés à Tokyo, elle se place à hauteur de tatami pour suivre l'installation de l'héroine nommée Uzuki; durant ces six minutes, on ne verra pas son visage et le film prend le parti de nous mettre à la place de son regard plutot que de donner tout de suite son visage en pature au spectateur. Ensuite, les émotions les plus simples seront retranscrites à l'aide des choix formels les plus élaborés. Lors de l'arrivée à l'université et du discours l'accompagnant, des travellings très rapides passent d'un personnage à l'autre, l'utilisation de la focale permet de refléter le regard qui se concentre sur un point précis avant de vite passer à un autre, les caméras portées, tout reflète la sensation de trop plein, de confusion éprouvée lors de la découverte d'un univers scolaire nouveau. A chaque fois que l'héroine est à vélo, la caméra s'élève vers le haut pour élargir le plan à tout l'horizon: on ressent ainsi qu'à ce moment-là elle communie avec la nature et le monde qui l'entoure. La scène du cinéma est un autre grand moment: tandis qu'un frustré essaie de s'approcher d'elle, elle découvre avec stupéfaction sur l'écran un pastiche dogma en noir et blanc de Kurosawa melangeant ambiance à la Chateau de l'araignée et personnages sortis de Kagemusha tourné par Iwai lui-meme qui commente l'idée de métamorphose; ce type de procédé fait écho au récent et superbe Parle avec Elle d'Almodovar où un film muet tourné par le génial ibérique s'insérait dans le récit pour le commenter.
Lors des scènes où Uzuki essaie d'entrer en contact avec sa voisine, les caméras portées reflètent l'angoisse ressentie au contact de l'autre. Le livre qu'elle achète (Musashino) et où elle se projette en reve ainsi que les parapluies du final sont des objets à la puissance romantique aussi grande que les billets d'avion ou les horloges chez Wong Kar Wai. La présentation, les moments de travaux de groupe, les scènes de la peche, ainsi que celles de la librairie sont également de grands moments de découverte de soi où l'on arrive après de grands efforts à surmonter sa peur de faire le premier pas, sa timidité. Au début du film, la neige présente dans le village et à Tokyo permet de faire la transition entre les deux mondes. La photographie de Noboru Shinoda donne l'impression d'un monde pur, innocent par la légèreté de ses éclairages. Quant à Takako Matsu, elle nous fait partager les joies et ses angoisses de Uzuki avec un talent qui fait que l'on a l'impression de connaitre le personnage qu'elle joue comme une bonne amie.
Le final tranche avec celui de Swallowtail Butterfly: là où les personnages de sa fresque électrique choisissaient de bruler tout ce qu'ils avaient pu obtenir pour repartir à zéro, April Story se conclut sur la joie d'avoir concrétisé un objectif simple. Et le film montre également qu'il n'y a rien de plus compliqué que de bien filmer la simplicité: par ses audaces virtuoses, Iwai a saisi les émotions du quotidien.
D'immenses qualités, mais un Iwai trop inoffensif
April Story c’est du Iwai sans surprise respirant le travail bien fait sur tout ce qui est abordé le temps d’une heure de cinéma. Par la douceur exquise de sa mise en scène, le cinéaste nous emporte dans son vent frais, brise légère et apaisante dont la mélodie toute naturelle résonne encore après visionnage tant on aurait espéré passer un peu plus de temps en compagnie de Nireno, jeune provinciale d’Hokkaido fraîchement débarquée à Tokyo pour ses études, dont la motivation est de retrouver un camarade de lycée. Elle part donc seule à l’aventure et quitte ses parents pour se retrouver seule dans son modeste appartement d’étudiante. Iwai Shunji évoque alors une partie de l’adolescence a travers le portrait finement ciselé de Nireno à présent seule face à son destin, tentant tant bien que mal de braver sa timidité naturelle (la séquence de présentation en classe) et de s’insérer dans la société à travers un club de pêche intra-universitaire, seule moyen possible pour la jeune fille d’être « comme les autres », une méthode qui se rapprocherait presque du concept de l’interculturalité alors que tous sont japonais, ainsi la remarque d’un élève sur sa ville natale est un exemple de cette curiosité liée à la « différence ». De plus le jeu des flous lors du premier jour d’école exacerbe encore plus cette idée de l’inconnu.
April Story (sachant que la rentrée scolaire au Japon est au mois d’avril) est aussi une romance mignonne comme tout où l’on tente d’approcher l’être adoré par des petits pas timides. Et quoi de mieux qu’une librairie comme lieu idéal, le savoir étant le prétexte d’une rencontre faussement hasardeuse, une situation qui rappelle la bibliothèque dans Love Letter. Romantique jusqu’au bout, April Story en paraîtrait même niais mais Iwai a su garder cet esprit de « film romantique » sans verser dans le ringard, il faut bien une poignée de séquences d’une grande beauté retenue (les ballades à vélo synonymes de liberté ou d’échappées, les parapluies en fin de métrage prétextes à l’ouverture du dialogue entre Nireno et Yamazaki) pour tenir la barque, et malgré une musique qui finit par agacer par sa linéarité, le film reste charmant sans aller plus loin. C’est justement ce que l’on peut reprocher au film, c'est-à-dire cette faculté à pédaler dans le vide pendant une grosse moitié avant de prendre les choses au sérieux une fois Nireno bien insérée dans son nouveau quotidien. A cause de l’attente plutôt longue du « moment clé » sensé donner un nouveau souffle au film, Iwai répond présent mais tarde à négocier son virage sans casse : le chemin aurait pu être beaucoup plus long avec de plus grandes prises de risques, mais cette courte ballade vaut tout de même le détour grâce à un savoureux mélange de réalisme et de beauté qu’on dirait tout droit sortie d’un conte de fée.
beau film mineur
Joli petit film d'à peine plus d'une heure.
Mais Iwai nous a habitué à largement mieux.
Il cerne toujours aussi bien les malaises de la jeunesse japonaise, leur quotidien (ici la rentrée scolaire d'une jeune ado et ses émois amoureux), mais c'est d'une banalité un peu déconcertante comparé aux sublimes Swallowtail Butterfly, Love Letter ou encore All About Lilly Chou Chou (qui sont de grandes fresques à côté !).
Mais il reste après la vision de ce film une sensation de fraîcheur agréable à l'image de la très belle dernière scène sous la pluie.
Et comme d'habitude c'est impeccablement cadré et photographié, dans un style documentaire (un peu de caméra portée) et à la fois très cinématographique (ce n'est jamais brouillon, plans subjectifs, cinémascope fort bien utilisé).
Une tranche de vie, fine (dans tous les sens du tèrme)
Mais surtout, je découvre encore Iwai Shunji, je comprends peu à peu ses aspirations, je me reconnais dans ses préoccupations. On ne peut plus subjectif comme commentaire... Iwai Shunji est un de mes "poètes" préférés.
"April Story", ou comment un petit film simple en apparence peut cacher un tour de force cinématographique.
Déjà, il faut le reconnaître, ça commence fort bien. Les scènes d'adieu à la famille, à bord du train, on a tous connu ça un jour ou l'autre. Au cinéma aussi, on l'a connu maintes fois, mais quand Iwai s'y colle, ça donne quelque chose de... vrai, touchant, et communicatif, je serais tenté de dire.
Et comment en arrive t-on à un tel degré d'accomplissement ?
Et bien Iwai l'a trouvé : en faisant simple, très simple (mais pas simpliste, nuance). A ce titre, "April Story" est un EXEMPLE de simplicité.
Revenons-en à nos moutons. Analyse. Pour introduire son film, donc, Iwai nous sert une scène d'adieu. Processus d'identification qui a fait ses preuves oblige, tout est ici filmé en caméra subjective.
La petite famille est réunie devant nous. Il fait froid, il y a du vent, la neige recouvre partiellement le sol, alors la petite famille est emmitouflée dans ses vêtements. Derniers encouragements, un peu hésitants, sur fond de ronronnements du train paré à partir. On ammène la valise, un contrôleur passe par là et reconnaît le papa, puis s'ensuit une courte discussion (à ce titre, informative), et voilà que déjà la porte du train se referme devant nous.
Là, premier coup de génie, on ressent pleinement la coupure avec le monde "extérieur", avec la cellule familiale dont on entend plus les mots. Puis le train démarre, et la caméra essaye de suivre, tel un regard, les signes d'adieu de la famille, mais celle-ci disparaît presque aussitôt.
Et là, deuxième coup de génie : on voit une main ("notre" main, suivant notre implication dans la scène, sinon ça sera "sa" main) se poser sur la vitre, ultime signe d'une volonté de se rendre conscient face à l'ampleur dramatique d'un tel moment (un peu comme le "pincez-moi, je rêve ?", mais en beaucoup plus subtil ).
Quant à l'apparition de quelques notes de piano, elle parachève ce moment fort, ce grand instant de cinéma que nous dessert Shunji Iwai en 2 petites minutes à peine, un Iwai qui là, a fait preuve non seulement d'une démarche de grand cinéaste, mais aussi de celle d'un quasi-psychologue de l'image.
Bon, bien entendu, je ne vais pas me mettre à analyser tout le film, sinon je pourrais me lancer dans une adaptation écrite de "April Story"...
Globalement, on a une première partie du film qui baigne dans une profonde solitude, avec une Takako Matsu qui joue bien le jeu, et aussi, il faudrait pas l'oublier, un Iwai qui maîtrise bien son sujet. Les étapes que constituent l'installation dans une chambre d'étudiant ou l'intégration à une classe d'université sont filmés avec une propension incroyable à la mélancolie et la tristesse, et cela (et c'est là que réside tout le génie) sans en faire des tonnes ni en tombant dans le piège du mélo facile.
Notons également une réalisation peut être un poil moins "jouissive" que celle de "Love Letter", mais gardant quelques aspects communs, comme par exemple une photographie assez lumineuse et un montage alternant contemplatif et incisif.
La deuxième partie du film est tout aussi réussie, avec un récit qui gagne en densité.
Quant à la fin, on peut dire que Iwai Shunji a bien capté avec sa caméra, toute la splendeur visuelle qu'on peut véhiculer en tournant des scènes sous la pluie. Là, la photographie m'a impressionné, et la vision de Takako Matsu courant dans la rue avec son parapluie rouge cassé sur un macadam éclairé du reflet d'un feu rouge, est encore une fois un grand moment. Et puis il y a la petite touche de comédie qu'on ne dénigrera pas (même si cet aspect là est bien moindre que dans "Love Letter").
Au final, avec sa simplicité qui fait mouche, "April Story" est une petite perle de cinéma signée Iwai Shunji.
très déçu
cruelle déception de voir April story après PICNIC, magnifique moyen métrage tout en émotion.
April story semble en comparaison bien fade et vide, il ne dure qu'un peu plus d'une heure mais l'ennui s'installe très rapidement. la réalisation et la photo sont bien moins accrocheuses aussi.
un essentiel petit rien
April Story est une histoire toute simple, faite de petits riens, surement trop "simple" et trop "rien" pour certains.
Si ce n'était la sensibilité et la finesse avec lesquels
Iwai met en place son personnage et l'excellence et la sobirété de sa mise en scène (on regrettera juste un score trop présent - même s'il permet par contraste de souligner un très beau silence), on pourrait presque dire que c'est vide. Mais chaque scène est belle (en particulier les scènes d'ouvertures, que ce soit les adieux sur le quai, le déménagement, ou encore plus la séance de présentation en classe), banale mais juste, et finalement presque essentielle.
un ptit film sympathique mais trop court !!! ><
sinon j'ai adoré l'actrice, elle est trop mignonne ! :3
1h c'est court, trop court pour un film aussi bien :)
J'ai souri tout le long du film, c'était vraiment mignon comme histoire. L'actrice était vraiment très attachante et respirait le bonheur. Cet aperçu d'une vie de petite japonaise timide à travers l'objectif de la caméra était on ne peut plus réussi.
Un petit coin de paradis pour un coin de parapluie...
APRIL STORY ou comment raconter une superbe histoire en moins de 1H10.
Le scénario pourrait être en effet assimilé aux seuls débuts d'un autre film, sauf que là C'EST TOUT le film!
L'installation de cette ravissante (mais plutôt réservée) étudiante loin de son Hokkaido natal a des accents de vérité incroyables: le départ de la petite gare enneigée avec la famille sur le quai, la multitude des campus Tokyoites,la découverte d'une nouvelle vie citadine aux multiples ouvertures à condition de les oser,les repas solitaires,la nécéssité de se faire de nouvelles connaissances,les salles de cinéma d'aprés-midi aux trois quart vides (délicieuse parodie de Kurosawa),... bref toute une adaptation nécessaire pour se faire une place.Mais la dernière partie dévoilera la véritable raison de l'arrivée de Nireno dans cette université-là et pas une autre,transformant une chronique légère et impressionniste en esquisse d'un amour possible.
Dire que cette oeuvre courte est belle relève de l'euphémisme:tout y transpire l'allégresse de la vie.
Splendeur des images,du blanc des régions du Nord aux arbres en fleur de la grande ville,les plans de la si jolie comédienne sur son vélo, la pluie bienvenue,une mariée en Kimono d'apparat,et tant d'autres instantanés magnifiques mis en valeur par une caméra virtuose.
Noblesse des sentimens dépeints,avec grande pudeur mais une émotion intacte.
Perfection de l'accompagnement musical néo-classique,omniprésent tout au long du film,élément toujours aussi important du cinéma de Iwai.
Choix judicieux des comédiens(-nes), avec Takakao Matsu totalement crédible dans ce rôle d'étudiante amoureuse,sans jamais en rajouter, tout comme Seiichi Tanabe son partenaire masculin.
Il reste alors à se laisser (trans)porter par cette douce évocation, culminant par une ultime séquence sous la pluie toute en finesse,nous permettant d'imaginer un devenir souriant,même si le réalisateur ne priorise pas cet aspect de l'histoire et laisse en suspend la romance probable.
Le film baigne dans la sérénité et se distingue par une approche éloignée de toute mièvrerie, et on ne peut que remercier Shunji Iwai de nous livrer cet optimiste portrait féminin éloquent et plein de fraîcheur, dans la parfaite lignée d'une filmographie déjà bien riche.
Petits moments du quotidient...
Ce film décrit la vie quotidienne d'une etudiante de la campagne monté à Tokyo pour y étudier dans l'université de son choix, de son départ en train, à son enménagement, aux premiers jours à l'université.... (au Japon la rentrée scolaire se fait en avril).
Rien que du banal en somme, mais la façon dont c'est filmé, vécu par l'actrice (et par la même occasion par le spectateur) rend tous ces moments presque magiques (rêvés).
Un trajet en vélo, une lecture sur un banc public, une course sous la pluis,... tout dans ce film reflête une douce mélancolie qui rend (inexplicablement) heureux (mention spéciale à la scène où l'actrice est assise à côté d'une pancarte publicitaire et essaie de sourire de la même manière que le modèle sur la pub, sublime ! ).
Lors de la vision, je ne m'attendait pas à cette durée pour le film et j'ai eté surpris par l'apparition du générique de fin... agréablement surpris ! C'est ni trop long, ni trop court. Juste ce qu'il faut pour conclure sur une note de légèreté, d'espoir (lorsqu'on s'attend trop l'arrivée de à la conclusion, on a une apréhension lorsqu'on sent la fin approcher, ici on est libéré de ça).
PS : Chouette initiative que d'avoir regroupé dans les bonus toutes les séquences où l'actrice principale tient le clap en début de chaque scène, correspond vraiment bien à l'ambiance générale du film.
Iwai fan
Avec ce petit film d'environ 1heure Iwai Shunji nous prouve qu'il est l'un des meilleurs réalisateur du japon, même du Monde entier !!!!
Iwai est un grand cinéaste, alors pourquoi ne fait-il pas des... longs films?
Difficile de cacher ma déception face à April Story, malgré toute la beauté qu'il dégage. Depuis "Love Letter", j'attends le film du même auteur qui l'égalera (probablement Swallowtail Butterfly...)...
Takako Matsu, si elle est très naturelle et très jolie et très en phase avec l'univers de Iwai, ne semble pas être une grande actrice, du niveau de Nakayama (on le voit dans Tokyo Biyori, où elles jouent toutes les deux). Et si la photo de Noboru Shinoda, qui a signé celle de Love Letter, est magnifique (notamment dans les scènes d'entraînement à la pêche ou sous la pluie), elle l'est beaucoup moins que dans le précédant. A l'image de la réa un peu moins libérée et majestueuse de Iwai, et de la musique, sympathique mais un peu plan-plan puisqu'elle n'est PAS SIGNEE REMEDIOS!
On peut se demander "pourquoi ce comparatif avec Love Letter?"; en effet, son ambition est différente, comme sa durée ne le lui permettait pas; et son histoire est beaucoup plus simple (peut-être Iwai voulait-il verser dans l'universel, et filmer l'imperceptible, ce qu'on ne s'attend pas à voir, telle les prémisces de l'éventuelle histoire d'amour entre l'héroïne et l'homme qu'elle est venue chercher)...
N'empêche! avec les moyens qu'il était en droit de demander, il ne manquait qu'une heure pour faire de "Shigatsu Monogatari" un (excellent) film bardée de matière...
Cette déception mise de côté, le film de Iwai reste un très bon moment de cinéma. Comme tous les Iwai.
Un film sympa
J'ai exactement le même avis que koalaurent, ce film est vraiment mignon et je n'ai pu m'empêcher d'avoir le sourire aux lèvres. L'histoire est toute simple et très classique et sa narration n'utilise que le minimum nécessaire, d'où sa courte durée. L'actrice est crédible et toute aussi mignonne dans son rôle de gentille fille.
Une belle romance règne dans le film sans pour autant faire pleurer les mouchoirs en y mettant des grandes scènes digne de ce genre.
C'est tout ça qui le rend charmant et trés agréable a regarder.