2h30 au coeur d'un pur nanar atomique Bollywoodien.
Il y a des nanars qui véhiculent une réputation très flatteuse mais auxquels on n'ose s'attaquer seul sachant d'une que c'est surement très mauvais, et de deux dans le cas présent, qu'il dure au minimum 2h30 puisqu'il est Bollywoodien. Une séance collective est donc une bonne occasion de tenter à plusieurs ce que l'on n'ose faire seul. Choisi au départ pour seule envie d'en voir quelques images, 7 Aatankwadi s'avére très vite tellement affolant et jubilatoire qu'il mérite sans crainte ses 2h30 et sans télécommande qui plus est.
Considéré tout de même comme un poids lourd kitsch même chez les amateurs de Bollywood, 7 Aatankwadi est aussi un vrai nanar ultra juteux réalisé et interprété avec passion, tellement mal réalisé et premier degré qu'il en devient très vite à mourir de rire, dès les premières images en fait. Mais le challenge très ardu de ce type de sous productions reste de tenir la route et mieux de tenir en haleine malgré tout. De ce côté là, 7 Aatankwadi est une réussite totale. Rarement, on aura été aussi intéressé par les virages que prend un scénario et ce malgré la profonde débilité de l'ensemble.
De surcroît, mise à part cette histoire anti terroriste patriotique à suspens avec de l'amour dedans aussi lobotomisante par son insistance que surprenante par ses directions imprévisibles, l'oeuvre accumule du très lourd dans tous les compartiments. Le cast pour commencer ne fait pas dans la demi mesure. Avec le docteur Suraj, héros de la nation fier de sa maison répétant à qui mieux mieux son incorruptibilité, le terroriste ultime, Jageera, molosse moustachu persuadé que tout à un prix et dont le mot cabotinage n'a plus de secret depuis des lustres, Abdullah le bras droit, improbable Iznogoud Bollywoodien dont le regard vitreux de poisson lune laisse pantois dès sa première apparition, le premier ministre adepte du regard caméra et secrètement amoureux du héro (si, si, c'est un fait), 3 autres terroristes sans cerveau (sic), qui le soir même de la mort de leur copain vont fêter l'évènement en s'éclatant dans une boîte où une jolie potelée chante sa passion des téléphones portables, et une bonne dose supplémentaire de non acteurs ébourrifants et de non actrices à talons compensés, le film pose déjà une première couche conséquente.
La mise en scène est elle aussi un autre argument de poids qui cherche clairement à repousser les limites de l'héroïsme Bollywoodien dans des retranchements impensables de subterfuges inavouables. Pour dire, on ose même pas casser un téléphone portable de peur d'exploser le budget. On reste très loin aussi de la frénésie turque. L'action est loin d'être le noeud de l'affaire. Le but le plus probable de cette mise en scène car il s'agit bien de cela (il y a une vraie idée derrière les plans) semble le vertige des sens, jusqu'à la nausée. Du champ contre champ rotatif qui n'en finit plus de rotater, des zooms épileptiques étrangement paniqués à l'approche d'un téléphone (ne me demandez pas pourquoi), des erreurs de raccords capillaires, des combats à mains nus plus nuls encore que ceux des turcs, des gunfights champion du monde de l'inefficacité avec des pistolets en plastique qui se rechargent à chaque balle tirée, d'autres plans zoomés et répétés à la chaîne avec férocité, des contre plongées hideuses, etc, le réalisateur aussi inconnu que le film, Harvinder Pal, fait preuve d'une incompétence aussi gigantesque que son envie d'en mettre plein la vue côté tension et suspense insoutenable.
Si nous ajoutons à tout cela les décors kitsch d'une laideur insensée dont celui très monopolisé de la maison du docteur, lieu de toutes les tensions et espace à deux étages digne des plateaux de sitcoms AB Prod les plus colorées, ou d'une maison de poupées chics au choix, ainsi que les immanquables chansons parmi les summums du raté chorégraphique brutal, cela ne suffit pas à tout bon nanar qui soit pour mériter une telle note.
C'est véritablement le récit, les méandres du scénario oserais-je dire, le recyclage ultime du genre suspense à huit clos Hollywoodien, les répliques imparables ("Tu es comme la queue du chien, tu ne seras jamais droite") les idéologies manichéennes dispensées collectivement tel un désenparant bourrage de crâne scolaire, la psychologie des personnages friable à souhait et pourtant creusée avec insistance, le duo principal quasi Shakespirien, le tissu social, politique, nationaliste et anti terroriste dépeint, la fixation inexplicable sur les téléphones, les latences délicieusement interminables, un sous-titrage français approximatif très en forme et un twist final aussi brillant qu'abassourdissant de con.nerie pour finir, qui font de 7 Aatankwadi un tout grand nanar made in Bollywood, une véritable oeuvre à part dont la surprise sait se renouveler jusqu'à l'ultime plan final.
A voir jusqu'au bout !!!!
Je ne suis pas particulièrement friand des films de Bollywood. Certes je n'en ai pas vu beaucoup, mais je ne suis pas fan.
Mais ce film, quel régal !!! Certes comme dans beaucoup de films indiens, les sous titre français sont approximatifs, certes les filles ne sont pas les bombes atomiques que l'on trouve généralement à Bollywood, mais le film est tout particulièrement jouissif.
Un début totalement délirant, avec des personnages, des vrais, (Ah Jageera et Abdullah !!!! je suis fan.) Peût être serez vous déroutés par le début du film, mais croyez moi, allez jusqu'à la fin, ça en vaut la peine !!!!
Une oeuvre politique engagée et au scénario d'une intelligence rare. Un must du cinéma digne de mériter au panthéon du patrimoine Humain.
Rare sont les films du niveau de 7 Aatankwadi, capable d’embrasser la complexité de l’Homme (avec un grand H) en un film où script génial et réalisation inspiré se combinent à la perfection. Arvinder Pal, au pédigré impeccable, réussit cet exploit et de quelle brillante manière !
Des scripts de ce calibre, on en trouve peu en l’espace de toute une vie. Dés le début du métrage, avec l’entrée en scène du docteur Suraj, on sait qu’on a affaire à une œuvre d’exception. Suraj est un homme complexe, profondément humain. Il aime son pays, il aime sa femme et est prêt à tous les sacrifices pour aider son prochain. Mais dans le même temps, c’est aussi un homme de goût qui sait au mieux meubler sa maison, choisir ses vêtements et sa voiture. Un homme torturé donc par des choix difficiles en lesquels chacun peut se reconnaître (doit il accepter la récompense du premier ministre ou la donner aux orphelins ? doit il accepter que sa superbe femme revienne chez lui pour le servir ou refuser ? doit il faire la fête ou garder sa voiture avec cadavre dans le coffre ?).
Suraj trouve un contrepoint passionnant en Jaggera. JAGGERA !!!!!!!!!!! TERRORISTE RECHERCHE DANS 21 PAYS !!!!!!!!!! CET HOMME EST LE DIABLE !!!!!!!!!!! IL EST LA MORT INCARN... [prend son prozac]. Il y a eu Dark Vador, Predator, Alien, Mickey Mouse… Il y a maintenant Jaggera. Un méchant dont le charisme traverse la magnifique moustache pour irradier l’écran tel le nuage de Tchernobyl. JAGGERA !!!! JAGGERA !!! JA… [Ah non, ça va pas recommencer !]. Un prédateur mais lui aussi, un homme complexe et sensible. On est loin de ces clichés sur les terroristes car JAGGERA !!! Jaggera disais-je donc, est un homme avec un code d’honneur. Tout ce qu’il prend, Jaggera le paye. Cash, chèque, carte bleu, traveller chèque. Il est prêt à tout pour atteindre son but capitalisto-subversif. Mais qu’on ne profite pas de sa malhonnete honneteté car autrement sa colère est terrible ! Autrement, JAGGERA !!!! Jaggera se transforme en un guerrier invincible, capable d’encaisser, d’encaisser, d’encaisser et ,même, parfois, de temps en temps, d’en donner également ! Le même traitement s’applique en cas de haussement de voix trop prononcé.
Un tel homme a besoin d’être bien entouré et c’est le cas ici avec une équipe digne des 7 samouraïs (référence évidente du film). Entre Abdullah le mystérieux, l’intellectuel invisible ou la belle et ultra active Rosa, on a une galerie de personnages emblématique du genre humain. Dans ces conditions, pas la peine de tergiverser sur la conclusion finale, ultime apothéose d’émotions, tourbillon incroyable de sentiments contradictoires où la puissance géniale de Pal ne peut que laisser le spectateur sur une ultime interogation.
Ce scénario brillant, ces personnages passionnants sont magnifiés par la réalisation ultra moderne de Pal. Au placard le cinéma de Papa et les clichés sur Bollywood ! Pal est un maître de la technique, renvoyant à la maternelle les anciens spécialistes Bay et McG ! Sa gestion des ralentis permet une dilatation temporelle créatrice d’une impalpable tension digne des plus grands maîtres du suspense (voir la scène où Suraj va décrocher son téléphone… ainsi que celle où Jaggera décroche le téléphone…. Et celle où la petite sœur va décrocher le téléphone… et celle où [Note de Cinemasie : Faute de place disponible sur notre serveur, le texte a du être raccourci]). Le ralenti n’est pas la seule arme disponible dans l’impressionnant arsenal de Pal. C’est aussi un maître des travellings circulaires (pauvre cameramen qui ont marché pendant des centaines de kilomètres pour tourner ces scènes… L’Art mérite des sacrifices !) et du montage au multi angle au couteau (idéal pour apprécier au mieux la redoutable configuration géométrique de la maison du brave docteur Suraj). Cette maîtrise inégalable de l’art de la mise en scène trouve son aboutissement dans les combats à main nues. Nostalgiques du cinéma HK des années 70, remerciez Pal ! Grace à lui, les combats de 10 minutes sont légions et mettent parfaitement en valeur les chorégraphies ambitieuses (coups de poings, coups de poings, coups de poings, coups de poings [Note de Cinemasie : Nous avons une nouvelle fois du sévir et couper une partie du texte de ce conna…. Euh Visiteur]) et les performances athlétiques des acteurs (mention spéciale aux 3 sans cerveaux capables d’encaisser les coups comme personne !). Le nirvana est atteint quand Pal combine toutes les techniques évoquées plus haut au service d’affrontement dantesque, digne des dieux grecs de la mythologie ancienne !!!!!!!!!!
Une référence cinématographique, un exemple pour l’humanité. Le film de Pal n’est pas un supplice mais une leçon de vie. Merci à lui !
La puissance du grand terroriste Jageera !
Bien que peu connu dans nos contrées, 7 AATANKWADI est un petit bijou du cinéma Boolywoodien.
L'exposition du film est très réussie, durant l'intégralité du film il est question de manipulation. L'innocent docteur Suraj qu'interprète l'excellent Avinash Wadhwan vit sous l'emprise de toutes sortes de biens de consommation. Il en souffre et il en a honte en même temps (d'ou vient cet argent ?). C'est que les douleurs morales qu'il ressent n'ont rien à voir avec celles, plus physiques et plus atroces, qu'ont à subir les terroristes. Toujours est-il que malgré lui il s'identifie à eux. C'est un mourant-né à la recherche de la part sombre de lui-même. Le portrait est de mise. Dommage seulement que son évolution ne l'est pas.
Dès que la prise d'otage du docteur par Jageera est établi et leur quête d'un sanctuaire viril assouvie, le récit dérape. La violence glisse au premier plan. Un projet d'anéantissement suspect chasse l'autre. L'armée de terroristes viole (vive Abdula), tuent, frappent. Fini la tranquilité de la vie du Dr Suraj. Mais tout ceci est-il gratuit ? Bien sûr que non.
Le réalisateur Harvinder Pal est un bluffeur. Il réussi à nous éblouir en fondant de nouveaux standards de qualité et de sophistication, il sait très bien intimider son public soit par la force visuelle de ses réalisations, soit par leur structure narrative insolite. Leur côté sombre et nihiliste. Rien d'absolu n'existe. La négation de toute vérité et de toute valeur morale prime. Or, en creusant plus profondément, on finit bientôt par ne plus rien trouver de saisissable. Le flou de certaines images envahit l'ensemble. Il n'y a plus de concept. Plus de ligne à suivre. Rien. Sauf deux acteurs (Avinash Wadhwan et Shahbaz Khan) qui jouent de leur mieux.
Harvinder Pal insiste sur le fait que sa représentation du terrorisme n'est jamais glorifiante, mais plutôt répugnante. Il faudrait par conséquent y renoncer. Tel n'est cependant pas la conclusion du film. Au contraire. Les plaisirs de l'animalité triomphent.
À la fin de 7 AATANKWADI, le bon docteur devenu entre-temps terroriste veut se tirer d'affaire grace à la corruption. Cependant Jageera qui ne le supporte pas pointe son arme sur lui. Un coup détone. Je vous laisse juge de l'habile conclusion donné par le réalisateur : ?
200% d'accord ! Le fait d'apprendre qu'en plus ce film est récent (2005) a amplifié mon plaisir post-projection.
Le twist final prouve de surcroît qu'on peut encore surprendre le spectateur même après avoir énormément donné pendant 2h30 non stop.
Ce qui fait mal après la vision de 7 AATANKWADI c'est qu'on a tellement l'habitude de se "moquer" gentiment des films indiens qu'on se retrouve tout bête quand on découvre qu'Harvinder Pal nous a en fait mené en bateau en déroulant imperturbablement son plan jusqu'à la dernière image. Dernière image appuyant sans équivoque l'interrogation finale par un signe que par exemple Kassovitz avait assez hypocritement esquivé pour clotûrer LA HAINE...Certes les deux films ne traitent pas du même sujet mais dans les deux cas c'est bien d'apparences qu'il s'agit. Les deux films nous confrontent aux peurs de la société à la différence que dans l'oeuvre indienne les clichés s'avèrent finalement n'être que la projection des peurs de l'occidental moyen qui ne perçoit plus forcément d'autres problèmes aussi graves que le terrorisme mais peu appuyés par l'actualité. L'occidental a ainsi bcp de mal à se sortir du monde qu'il s'est crée. Convaincu ou pas on en ressort forcément avec un regard mieux affuté pour l'avenir.