La longue attente de la sortie de Five Venoms le
mois dernier en video a causé une grande excitation dans le
monde des arts martiaux et relève très haut le niveau
standard des videos de kung fu. Il est inévitable que le cast
dans son ensemble connu sous le nom de Venoms, va attirer un
public plus large que jamais alors que ces films sortent de l’underground
pour se diriger vers le Mainstream.
Les Venoms sont les enfants de leur mentor et auto proclamé grand
père, Chang Cheh, qui les a dirigé dans 90% de
leurs films. En 1976, lors d’un repérage à Taiwan
pour tourner Naval Commando, 7
man army et New shaolin boxer, chang
cheh remarque le talent d’un demi douzaine de cascadeurs. Il
offre à ces jeunes gens l'opportunité de venir à Hong
Kong avec lui et de signer un contrat de 3 ans avec la Shaw Brothers.
La chance de vivre dans la baie ensoleillée aux eaux limpides
est naturellement beaucoup plus attirante que la grisaille et le brouillard
de Tai Pei. Les jeunes hommes décollent alors pour Hong Kong
et les studios de la Shaw Brothers. Il s’agit de Kuo Chui,
Chiang Sheng, Lu Feng, Robert Tai, Yu Tai Ping et Sun Shao Pei.
Ils seront plus tard rejoints par Sun Chien et Yang Shung.
Dès leur arrivée, l’équipe est assignée à une
production gargantuesque, Shaolin Temple,
avec Alexander Fu Sheng en vedette. Puis vient Chinatown
Kid ; life gamble et Heaven
and Hell. Impressionné par les talents d’acteur de
sa nouvelle troupe, Chang Cheh demande à Ngai Hong d’écrire
un scénario pour eux. Il est ensuite modifié par le maître
de Wing Chun Dr Leung Ting, alors responsable des arts martiaux
pour Chang Cheh. Il suggère de s’éloigner du script
traditionnel de kung fu en y ajoutant plus de mystère et divers
rebondissements. Chang Cheh n’est pas convaincu plus que çela
par l’idée, mais Leung Ting, Robert Tai et surtout Ngai
Hong lui-même le persuadent d’utiliser ce script qui devient Five Deadly Venoms en 1978.
Le film fait un carton et le nom des Venoms émerge alors, mais
seulement en tant qu’entité de groupe. Individuellement,
ils ne sont rien. S’en suit une série de hits : Invincible
shaolin, Mortal combat, Kid
with the golden arm, Shaolin rescuers et Daredevils.
Les producteurs Chu Lam et Mona Fong sont très
contents de la vitesse à laquelle ces taiwanais travaillent.
A force de produire en série des films de qualité, des
mémos sont envoyés à Liu Chia Liang pour
lui conseiller de pondre plus rapidement ses idées. Ces types
réalisent 4 films pendant qu’il n’en fait qu’un
! Ces remarques excèdent Liu et une guéguerre entre les
deux groupes voit le jour. Selon Robert Tai, Les Venoms en sont les
gagnants.
C’est alors qu’un changement a lieu dans ce même
camp. Robert Tai, l’esprit derrière les scènes
de combats, commence à se lasser de la Shaw Brothers. Pour couronner
le tout, Lam Tien Hung lui propose un contrat très lucratif
pour travailler sur Incredible Kung
fu mission et Thundering mantis. Le
poste de responsable principal des scènes d’action devient
vacant, et des querelles éclatent entre Lu Feng et Kuo Chui
qui prennent des mois à se résorber.
En 1980, deux nouvelles têtes sont introduites dans l’équipe
des Venoms, Chu Ker et Ching Tin Chee. Ils se séparent
en 1983 mais continuent à jouer ensemble dans des films à taiwan
: Ninja in the deadly trap, Attack
of the joyful goddess et fighting
among the supers. Tristement, en 1991, Chiang Sheng décède
d’une crise cardiaque. Il avait toujours été le
plus joyeux, le plus positif doublé d’un esprit affûté,
probablement le seul acteur que j’ai rencontré, Taiwan
et Hong Kong réunis, qui ne prête vraiment aucune attention à ce
que pensent les autres de lui. Le mot défaite n’était
pas dans son vocabulaire et c’était une personne totalement
authentique.
Pendant ses derniers mois, j’ai eu la chance de jouer avec Chiang
Sheng dans une série télé, et il était
objectivement en très mauvaise santé. Peu de temps après,
j’étais à Hong Kong avec Robert Tai quand il reçut
un appel de Kuo Chui qui disait que Ching Tin Chee avait découvert
Chiang mort dans son appartement. Plus tard dans l’après-midi,
Robert et moi avons été voir Chang Cheh pour lui annoncer
la nouvelle. Robert écrivit sur un bout de papier vu que l’ouïe
de Chang n’était pas au mieux. A la lecture du message,
Chang regarda en l’air et haussa les épaules, secoua la
tête, murmura quelque chose à lui même et continua à boire
son café. Plus tard, Robert m’expliqua que Chang Cheh
devait était en fait très touché maintenant que
ses deux fils favoris, Chiang Sheng et Fu Sheng, n’étaient
plus.
Traduction : drélium